Un prototype de « nez bionique » est en train d’être conçu aux USA. Grâce à un fonctionnement puisant son inspiration des implants cochléaires (appareil électronique permettant aux individus touchés par la surdité d’avoir un accès optimal aux sons), il pourrait offrir la possibilité aux anosmiques (perte de l’odorat) de retrouver leur sens perdu.
Covid-19 : perdre l’odorat, un symptôme positif ?
Voir ce sens ne plus fonctionner temporairement est une des conséquences les plus récurrentes du Coronavirus. Néanmoins, ce n’est pas que le symptôme d’une forme légère de Covid-19.
Le Coronavirus a impacté des milliers d’individus au niveau de l’odorat en France. Or, cela est la plupart du temps éphémère puisque dans près de 10 % des situations, l’anosmie se poursuit et change la vie de tous les jours en enfer. Si des spécialistes parient sur les cellules souches pour rétablir les fonctions olfactives disparues, d’autres innovent. C’est le cas d’experts de physiologie et du domaine ORL. En effet, les spécialistes Richard Costanzo et Daniel Coelho, travaillant à l’université de Virginie dans la ville de Charlottesville, ont pensé et conçu une neuroprothèse olfactive. Cet équipement cible les individus anosmiques ayant connu une blessure au cerveau ou le Coronavirus.
Un nez pour les individus ne parvenant plus à sentir
Quel est le design de cet appareil ? Ce prototype de nez bionique fabriqué par les deux scientifiques et les experts du Smell and Taste Disorders Center s’apparente à … de simples lunettes ! Un détecteur dissimulé dans la monture étudie les odeurs et change la donnée transmise au cerveau grâce à des électrodes présentes sur le crâne. On peut comparer le fonctionnement à celui d’un implant cochléaire capturant les sons et les envoyant au cerveau. Grâce à cela, les personnes ayant des soucis d’audition peuvent entendre.
Ce prototype de nez bionique ne date pas d’hier puisque le projet est actif depuis plus de onze ans. D’ailleurs, il y a eu dépôt d’un brevet en 2016. La pandémie de Coronavirus a boosté ce projet. Or, il reste encore beaucoup de travail pour voir un appareil finalisé. Il faut dire que le mécanisme olfactif humain est une machine difficile à étudier. Parallèlement, il y a environ 300 gènes codant pour des récepteurs olfactifs. La muqueuse olfactive est enveloppée de millions de neurones qui donnent les renseignements au cerveau. Ainsi, parvenir à obtenir une reproduction d’une telle richesse sur un simple détecteur présent dans une monture de lunettes est à l’heure actuelle une mission impossible.
Une conception de plusieurs années
Les deux obstacles majeurs à la finalisation de ce fameux nez bionique sont les suivants : placer des récepteurs olfactifs dans le détecteur et stimuler le bulbe olfactif dans le cerveau. Il faut savoir que des tests effectué sur des rongeurs, il y a quatre ans, ont dévoilé qu’une stimulation électrique transmise par un implant cochléaire présent non loin du bulbe olfactif permettrait de faire travailler parfaitement les neurones de cette zone et que le renseignement allait même dans d’autres endroits du cerveau.
Un spécialiste travaillant à la célèbre université d’Harvard, dans le Massachusetts aux USA, est parvenu à faire sentir des odeurs d’oignon ou fruitées via une simple stimulation électrique de la plaque cribriforme. Ce nom un peu barbare désigne la structure anatomique présente en haut de la cavité nasale et intégrant les nerfs olfactifs. Grâce à cette action, les individus testés parvenaient donc à parfaitement sentir. Et la reproduction chez des personnes atteintes d’anosmie serait tout à fait possible.
Vous l’aurez compris, une poignée d’années de recherche et développement seront nécessaires pour que les individus atteints d’anosmie parviennent à sentir des odeurs via cette invention qu’est le nez bionique. Pour patienter, il est vivement recommandé d’effectuer des rééducations du nez aux odeurs, cela permettant de récupérer (de façon partielle) ce sens.