Une équipe de chercheurs et de professionnels de santé du Centre Hospitalier Universitaire et de l’université de Limoges, mais également des villes de Paris et Marseille, a effectué la publication de travaux offrant la possibilité de procéder à l’identification, à partir de la naissance, des enfants pouvant être atteints d’un problème de spectre autistique. Découvrons tout ce qu’il y a à savoir sur cette nouvelle façon de détecter l’autisme via l’intelligence artificielle.
Trois années de récolte d’informations
Définir le danger de survenue d’autisme à partir de la naissance, via une technologie d’IA, pour que la prise en charge se fasse le plus tôt possible, c’est la finalité de l’étude nommée AUT ANT. Cette dernière est apparue fin mars de cette année dans la célèbre revue nommée Scientific Reports.
Le projet de recherche a été effectué grâce à des informations d’enfants dont la naissance s’est déroulée à l’hôpital de la mère et de l’enfant, au Centre Hospitalier Universitaire de Limoges et dont le diagnostic de l’autisme a été posé par la suite par le Centre expert autisme du Limousin.
L’étude a consisté en la récolte des informations du suivi, depuis le commencement de la grossesse jusqu’à la naissance, de 65 enfants atteints d’autisme. Les renseignements obtenus ont ensuite subi une comparaison par rapport aux autres naissances n’ayant pas de diagnostics d’autisme (au nombre de 240), et cela se faisant toujours dans la même maternité.
IA afin de détecter l’autisme : 120 critères étudiés
Le programme d’IA de genre machine learning, pensé et conçu par les chercheurs, s’est penché sur 120 critères par grossesse. Parmi eux, nous pouvons notamment citer les antécédents familiaux (par rapport aux parents), échographies obstétricales (spécialité médico-chirurgicale ayant pour finalité l’étude et la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement), test afin de dépister la trisomie 21 (ou syndrome de Down), dimensions du fémur lors du troisième trimestre, circonstance de l’accouchement avec rotation de la tête fœtale durant le travail ou encore premiers jours d’existence du bébé.
L’intelligence artificielle offre la possibilité de définir l’impact de chacun des aspects sur le pronostic final. De tout cela, en ressort un score de risque. Au final, dans près de 95 % des situations, on peut affirmer aux parents que leur bébé n’est pas autiste. Un des initiateurs du projet (un pédopsychiatre) affirme que sur les 65 enfants déclarés autistes, près de 40 % de ces derniers avaient des critères qui auraient pu donner la possibilité de dénicher les troubles du spectre de l’autisme à partir de la naissance.
Au final, la finalité serait de poser un diagnostic le plus vite possible. Il est impossible de dire si l’enfant est autiste dès la naissance. Or, cela permet de commencer un suivi efficace et adapté afin d’affiner le diagnostic au fil des mois, en une année, deux années tout au plus. Cela offre aussi la possibilité que les parents ne subissent pas l’errance du diagnostic, jusqu’aux quatre ou cinq premières années de l’enfant, permettant ainsi un accompagnement plus performant car débutant plus tôt.
Une première phase qui demande confirmation
À l’heure actuelle, les conclusions de ce projet doivent être consolidées. En effet, il s’agit seulement d’un simple pronostic et non pas d’un diagnostic. Ainsi, sa fiabilité demande d’être plus grande. Pour cela, il faut procéder à des estimations sur des centaines et des centaines de bébés.
La phase qui suit sera celle d’un agrandissement à d’autres maternités françaises et étrangères. Afin d’optimiser l’IA et dans le but d’avoir un algorithme robuste, il est nécessaire d’effectuer le recrutement de plus de 600 enfants autistes. Concernant les enfants témoins, ils doivent être trois fois plus.
À la suite de cette étude rétrospective, la finalité serait d’effectuer un projet prospectif en suivant les femmes depuis le commencement de leur grossesse. Ainsi, un professionnel de santé a pensé a effectué l’expérience à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine où quinze mille femmes donnent la vie tous les ans dans une maternité de niveau 3 via des soins intensifs de néonatalogie. Il s’agit d’une spécialité médicale se caractérisant par la prise en charge des nouveaux-nés, dont l’âge est en-dessous de la barre des 28 jours de vie à la suite de la naissance.