Depuis des années, l’opération nommée « Serval » et par la suite « Barkhane », ont vu plus de 5 100 militaires engagés. La principale réussite de la mission ? Avoir éliminé différents chefs djihadistes d’importance. Or, les violences entre civils n’ont jamais reculé. Même chose par rapport aux progressions islamistes au milieu du pays. Récemment, cinq soldats français ont perdu la vie à cause d’engins explosifs posés par des groupes terroristes. Ces derniers viennent se rajouter à la longue liste de victimes de l’opération au Mali et au Sahel : 55 militaires.
Quelle est la mission de la France au Mali ?
Plus de huit années à la suite de l’intervention militaire engendrée par l’ancien président François Hollande, la réponse à cette question n’est pas si simple que cela. À la base, la finalité de l’opération était d’arrêter une colonne djihadiste afin de protéger la ville de Bamako. Un des autres objectifs, qui devait être assuré par la présence des soldats, était la reconstruction d’un État malien afin de contrer la menace islamiste et pour offrir une sécurité et une justice sans failles au peuple. Or, tout cela a finalement abouti au terrible échec du président Ibrahim Boubacar Keita et à un coup d’État militaire l’été dernier.
Malgré cela, le tableau n’est pas complètement noir puisque les deux opérations « Serval » et ensuite « Barkhane », avec plus de 5 100 militaires actifs, ont donc permis d’éliminer de grands chefs djihadistes. Elles ont aussi offert la possibilité qu’il n’y ait pas une porosité trop conséquente entre le Sahel et le bourbier libyen par rapport au terrorisme. Malheureusement, la progression des violences entre civils n’a pas pu être empêchée. Même chose par rapport aux progressions islamistes au milieu du pays, comme dit un peu plus haut. La prolifération de la menace djihadiste dans les territoires voisins que sont le Niger et le Burkina Faso n’a également pas pu être évitée.
Opération Barkhane : des moyens humains conséquents à l’œuvre
Avant les décès récents des cinq militaires français, venant aggraver le bilan depuis 2013, le danger d’enlisement dans un territoire aussi massif que le continent européen était si conséquent qu’on parlait déjà de limitation de la présence de l’armée française sur le territoire. Cette option est de plus en plus possible, encore plus après les récents décès des militaires. Or, si cela se fait, ce n’est pas un retrait total et soudain qui adviendrait car l’absence total de l’armée française dans la zone serait vue comme un signal d’encouragement pour le djihadisme. Néanmoins, en prenant en compte les considérations militaires et politiques, une diminution de voilure est vivement envisagé.
À l’heure actuelle, l’opération « Barkhane » nécessite des effectifs conséquents qui pourraient être utiles autre part, surtout quant on voit le nombre de tensions croissantes à l’international. Une baisse des effectifs permettrait également de transmettre un message aux autorités actuelles du Mali : la protection de la France n’est pas éternelle et ce sont les soldats du pays qui doivent aussi assurer la sécurité là-bas.
Il doit y avoir deux peurs initiales motivant l’action française (migration et contagion terroriste mais aussi prise de contrôle d’un territoire francophone par le djihadisme avec extension aux pays situés à proximité). À l’heure actuelle, il n’y a pas eu d’attaque terroriste ciblant la France en lien avec les événements sahéliens. Parallèlement, il n’y a rien qui permet de dire qu’une progression de l’islamisme dans la zone engendrait une émigration en partance pour l’Hexagone.
Pourquoi la France ne se retire pas ?
En 2013, la menace combattue n’avait pas du tout la même forme. En effet, à l’époque, la France partait au Mali lutter contre un ennemi qui était alors considéré comme un pilier du djihadisme dans le monde. Désormais, la menace s’est transformée : les djihadistes sont beaucoup plus enracinés, jouant sur de vieux conflits mais également sur la révolte face au fait qu’il n’y ait pas d’État. L’impact des leaders religieux sur la politique du pays et sur l’armée est telle qu’une issue favorable semble impossible : l’islamisation de la République malienne est une réalité constante.
Au final, la France pense à une négociation avec « divers éléments » des groupes djihadistes. Le retrait des USA d’Afghanistan avait été un échec et nous préconise une grande prudence. Les ambitions russes sur le continent africain nous pousse aussi à faire les choses lentement et intelligemment. Une chose est sûre : afin de résoudre l’impasse au Mali, il faut une réponse qui ne soit pas seulement militaire. En effet, elle doit être aussi politique. Il est nécessaire de tenir compte de la totalité des sensibilités présentes au Mali, le but étant de conserver chacune des libertés démocratiques.