Véritable serpent de mer de la monnaie dont on parle depuis des années, l’éco devait apparaître cette année. Or, à seulement quelques mois de 2021, cette future monnaie unique ouest-africaine est encore et toujours à l’arrêt.
Une feuille de route à concevoir
L’an dernier, une annonce par les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao) avait été faite. Ces derniers avaient affirmé que concevoir une nouvelle devise en 2020 était tout simplement impossible pour le continent africain. En effet, en seulement quelques mois, il était nécessaire de concevoir une banque centrale, prendre une décision par rapport au régime de change, faire les pièces et les billets et enfin procéder à l’adaptation de l’informatique ainsi que de l’administration. À titre de comparaison, le continent européen a mis une quinze bonnes années à effectuer le lancement de l’euro.
En plus, la pandémie du Coronavirus est venue se rajouter et a finalement eu raison des prévisions optimistes par rapport à l’apparition de l’Eco. La confusion et la crise interne engendrées par la transformation du franc CFA en éco via les huit pays de l’UE et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui sont membres de la Cédéao, a rajouté énormément de confusion. Le Nigeria et les pays anglophones de la zone ont été fortement déçus de la tournure des évènements. En tout cas, le changement de monnaie se fait toujours attendre, tandis que ce dernier devait se faire en juillet.
Ainsi, durant le sommet de la Cédéao à Niamey (qui n’est autre que la capitale du Niger) s’étant déroulé au début du mois de septembre, le président du Niger Mahamadou Issoufou a recommandé a ses homologues de revoir la feuille de route tout en conservant une vision graduelle, dans l’unique et seul but que l’Eco puisse enfin apparaître.
Ne pas prendre comme modèle l’Europe
Si les pays ouest-africains avaient leur propre monnaie, cela ne pourrait être que positif pour la zone. Néanmoins, les évènements doivent être bien planifiés et réalistes. Il faut qu’une discussion par rapport aux sujets de divergences se déroule auparavant. Les points sensibles concernent notamment l’inflation, la dette ou encore le déficit public. Il ne faut surtout pas que cette zone africaine cherche à imiter le continent européen.
L’arrivée de la monnaie unique que représente l’Eco ne doit pas engendrer des politiques d’austérités, qui auraient comme effets de dégrader la croissance et l’emploi. La crise économique causée par la pandémie de Covid-19, avec une forte dégringolade de la croissance chez les pays de l’Afrique de l’Ouest, a de toute manière mis à mal le respect de ces différents éléments de discorde et de tension par rapport à l’Eco.
L’instabilité monétaire : le principal souci
C’est avant tout la volonté politique qui fera la différence. Il faut cinq années afin que l’Eco puisse apparaître. Malgré les divergences entre les pays (comme par exemple le Nigeria), cinq ans sont suffisants. Il faut savoir que le Nigeria est le poids lourd des quinze pays de la Cédéao.
Le pays demande, dans le but qu’une réelle union monétaire ait lieu, que les différents pays de la FCFA coupent leurs liens avec la France. En faisant cela, ces derniers iraient tout simplement au-delà de la « reforme » qui devait avoir lieu. Pour ce qui est des différents pays de la zone franc, ils ont peur quant à eux que l’instabilité monétaire soit totale, au même titre que les pays de la Zone monétaire d’Afrique de l’ouest (ZMAO), ayant chacun leur propre monnaie.