La tension est toujours tenace entre la Turquie et la France. Cette dernière, a été vivement critiquée par Ankara, qui accuse le pays de faire le « caïd » dans la Méditerranée orientale. Il n’y a que quelques kilomètres de mer qui séparent Kas et Kastellorizo. La première nommée est une cité balnéaire turque tandis que la seconde est une île grecque. Depuis des semaines, des tensions troublent la relation entre les deux pays. La raison ? Le président Erdogan ne veut pas laisser le monopole économique des eaux de ses îles à la Grèce. Dans cette logique, un bateau de recherche sismique était venu sondé les sols faits de gisements gaziers dans cette zone la Méditerranée orientale. Or, il était convenu que ce dernier quitte les lieux le 24 août. Évidemment, cela n’a pas été le cas.
Le président Recep Tayyip Erdogan fait de la résistance, malgré la fureur d’Athènes. Afin d’aider la Grèce, la France avait envoyé deux chasseurs Rafale le 12 août espérant intimider la Turquie. Or, ce ne fut évidemment pas le cas. Erdogan a déclaré qu’il ne souhaitait pas voir la Grèce prendre la Turquie comme otage dans ses rivages. Au final, la première victime de ces tensions est l’île de Kastellorizo.
Pas de marché sur l’île
En attendant que l’affaire entre les deux pays s’apaisent, les frontières grecques demeurent fermées aux voyageurs arrivant de Turquie. La raison officielle ? La pandémie de Covid-19. Prévue pour la fin du mois de juillet, l’ouverture se fera finalement le 31 août. Les sites de ferrys grecs disent avoir suspendu les liaisons entre les deux pays « à cause de tensions locales ». Peu importe le motif, le contexte est embêtant pour les 500 habitants de l’île de Kastellorizo, qui ne bénéficient plus d’un accès à la ville turque de Kas.
Ainsi, ces derniers n’ont plus la possibilité de se rendre au marché sur l’autre rive afin de remplir leurs navires de provisions (notamment des fruits et des légumes frais) ou d’aller dans les hôpitaux turcs s’il y a des soucis graves. Désormais, il faut se rendre à la ville grecque de Rhodes. Or, cela représente plus de trois heures de trajets, tandis qu’il faut seulement vingt minutes afin de se rendre à Kas.
Les bateaux cloués au port
Meis (il s’agit du nom turc de Kastellorizo) est la virée la plus réputée depuis la ville de Kas. Tous les ans, près de 35 000 touristes arrivés de Turquie se ruent sur les terrasses et les magasins grecs. Or, cette année, ce ne sera pas le cas puisque les navires sont restés à quai. Les sociétés de ferrys turcs reliant Kas et Kastellorizo sont à l’arrêt. L’une de ces dernières annonce environ 400 000 euros de pertes financières.
Côté commerçants turcs, il y a énormément de frustration à cause notamment du Maltese Falcon. Il s’agit d’un des plus majestueux et incroyables yachts internationaux. Ce dernier est toujours à l’heure actuelle amarré côté grec. Ainsi, il ne pourra pas parcourir les côtes orientales.
Une forte symbolique
Même Kastellorizo qui est la plus petite île des îles hellènes, pèse lourd dans la zone. Cette dernière a une riche histoire, elle incarne la résilience du pays. L’île a été sous contrôle ottoman, italien et français. Kastellorizo est connu pour une multitude de raisons : c’est de là que l’ancien premier ministre Alexis Tsipras a parlé de la tutelle des créanciers pour la toute première fois.
Il y a dix ans, Georges Papandréou avait fait le choix de Kastellorizo lors d’un appel à l’aide lancé vers l’Union Européenne et le Fonds Monétaire International. Encore un peu plus loin dans l’histoire : en 1974, prenant comme modèle l’invasion de Chypre par la Turquie, des nationalistes eurent le désir d’annexer l’île de Kastellorizo. Or, leurs navires furent rapidement stoppés par les garde-côtes. Près de quarante-cinq ans après cet événement, une chaîne soutenant le président turc a interrogé ces envahisseurs en herbe. Au final, c’est bel et bien l’histoire qui pourrait donner raison à ces derniers.