La Turquie a annoncé vendredi qu’elle n’empêcherait plus les migrants de rejoindre l’Europe. Depuis, des milliers de migrants ont afflué vers la frontière avec la Grèce.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence de l’ONU, plus de 13 000 migrants ont tenté d’entrer en Europe entre vendredi et samedi soir. Originaires de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, de Somalie ou d’Irak, ces hommes, mais aussi des femmes et des enfants, ont été repoussés, parfois violemment, par les autorités grecques. Ils ont ensuite été parqués dans des camps de fortune, à Parkazule et Ipsala, du côté turc de la frontière. Face à cet afflux massif, Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, a annoncé dimanche avoir relevé son niveau d’alerte aux frontières turques, avec la Grèce, mais aussi avec la Bulgarie.
Une crise humanitaire de plus en plus difficile à contenir
La décision d’ouvrir les frontières fait suite à l’annonce de la mort de 33 soldats turcs, tués par des frappes aériennes attribuées au régime syrien. Le président turc Recep Tayyip Erdogan cherche ainsi à faire pression sur l’Union européenne afin d’obtenir un soutien militaire dans les opérations menées en Syrie. L’armée turque a en effet subi récemment de lourdes pertes dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Le régime de Damas et son allié russe mènent depuis décembre une offensive pour reprendre cette province, dernier bastion rebelle du pays. Près d’un million de personnes ont dû fuir les bombardements, se réfugiant pour la plupart près de la frontière turque dans l’espoir d’entrer en Europe.
En ouvrant ses frontières, la Turquie a rompu le pacte conclu en 2016 avec Bruxelles : elle s’était alors engagée à bloquer les entrées illégales vers l’Europe. Fahrettin Altun, le directeur de la communication du président Erdogan, a justifié cette décision par le manque de moyens du pays pour accueillir « un million de personnes supplémentaires » alors qu’il estime que le pays accueille « déjà près de quatre millions de réfugiés ». Par ailleurs, le président Erdogan promet au régime de Damas qu’il va « payer le prix » de ses attaques et a appelé Vladimir Poutine à cesser de le soutenir.