Alors que le Gouvernement a fait du développement de la mobilité électrique la pierre angulaire de son plan de relance automobile, des voix s’élèvent pour mettre en avant ses carences, et en premier lieu, celles liées à son système de recharge. La France se situe pourtant parmi les meilleurs élèves européens en la matière. Et si les blocages liés à la démocratisation du véhicule électrique n’étaient pas qu’une question d’infrastructure ?
Rouler en voiture électrique relèverait-il du parcours du combattant ? Oui, à en croire certains acteurs. Régulièrement pointé du doigt, le système de recharge, jugé trop complexe, défaillant et pas assez dense, constituerait un frein au développement d’une mobilité « zéro émission », que le gouvernement appelle pourtant de ses vœux. Si le réseau de bornes de recharge de l’Hexagone est perfectible, la France n’a pas à en rougir, bien au contraire. « Avec un point de charge pour dix véhicules, notre pays est bien placé et rejoint le ratio en vigueur en Europe. En Norvège où l’électrique a trouvé sa place, il est de un pour douze et un rythme de déploiement des bornes qui n’a pas suivi celui de la courbe des ventes », rappelait d’ailleurs Joseph Beretta, président d’Avere France, association en charge du développement de la mobilité électrique sur le territoire national.
Ce taux d’équipement devrait par ailleurs bientôt progresser. Le gouvernement a en effet intégré dans son plan de relance automobile un volet pour accélérer le déploiement des bornes de recharge sur le territoire. Objectif : 100 000 bornes à l’horizon 2021 au lieu de 2022, le tout accompagné d’aides financières incitatives.
Dans ce paysage en profonde évolution, les acteurs de la mobilité électrique mettent aussi leur pierre à l’édifice pour simplifier le quotidien des usagers. Si les constructeurs automobiles ont su faire évoluer rapidement leur gamme électrique ces dernières années, les exploitants des réseaux de recharge ont bien entendu une carte à jouer pour accompagner cette transition vers l’électromobilité. Izivia, la filiale d’EDF spécialisée dans la mobilité électrique, propose à ce titre une application mobile qui permet par exemple de visualiser en temps réel les bornes disponibles. Les utilisateurs peuvent accéder aux informations indispensables à la planification de leurs déplacements comme les types de prises, les tarifs de recharge ou les horaires d’ouverture des stations. De quoi simplifier le quotidien des usagers.
« L’électrification des véhicules n’est pas seulement une évolution technologique »
Alors que les freins techniques majeurs au déploiement de la mobilité électrique sont en passe d’être levés, la question de l’évolution des habitudes des automobilistes reste quant à elle entière. Car le passage d’une voiture thermique à un modèle électrique ne peut pour beaucoup se concevoir que si les usages restent identiques. Or, la transition vers une mobilité électrique progressive ne constitue pas uniquement un changement modal de transport plus respectueux de l’environnement. « L’électrification des véhicules n’est pas seulement une évolution technologique, mais aussi un changement de paradigme sur notre rapport à la mobilité individuelle », estime Carbone 4, cabinet de conseil spécialiste de la transition énergétique et de l’adaptation au changement climatique.
Adapter les comportements semble alors tout autant indispensable que faire évoluer le réseau de recharge. La question de la recharge rapide est à cet égard éclairante. Pour le grand public, l’obstacle majeur au basculement vers la mobilité électrique demeure l’impossibilité supposée de parcourir de longues distances. En pratique, ces trajets ne représentent pourtant qu’une faible partie des déplacements des automobilistes. Comme le concède Patrick Pouyanné, PDG de Total, dans un entretien récent au journal Le Monde, les bornes du pétrolier qui permettent de « faire le plein » en quelques minutes sur le réseau autoroutier restent aujourd’hui largement sous-employées…
Réinventer son rapport à la voiture individuelle
A cet égard, vouloir à tout prix concentrer les efforts financiers pour densifier le réseau des bornes à recharge rapide (de 50 à 120 kW), voire super-rapide (supérieures à 150 kW) afin de lever les blocages à l’électro-mobilité pourrait se révéler être une fausse bonne idée, prévient Carbone 4. Le cabinet plaide plutôt pour un maillage adapté aux différents cas d’usage : “recharge plus rapide sur autoroute, recharge lente sur la voie publique dans les zones urbaines, recharges accélérées – i.e. entre lent et rapide – dans les zones touristiques, sur les parkings de centres commerciaux ou les lieux de passage”. Mais aussi, pour une révolution des habitudes de déplacement longue distance. Un véritable changement de paradigme qui ferait la part belle à des modes de déplacement alternatifs, complémentaires à l’usage du véhicule électrique. Par exemple, prendre le train et louer une voiture électrique à l’arrivée ou simplement accepter de passer un peu plus de temps sur la route le temps de la recharge (et ainsi en profiter pour découvrir les villages alentour ?)… En somme, s’affranchir des habitudes adoptées depuis des dizaine d’années avec son véhicule thermique.
S’il est essentiel que les politiques publiques soutiennent le déploiement du réseau de recharge, notamment pour les longs trajets, l’adoption de la mobilité électrique ne pourra se faire sans réinventer son rapport à la voiture individuelle. Une impérieuse nécessité pour réduire l’impact des mobilités sur l’environnement.
Je me permets de vous rappeler l’évènement de la rentrée sur la mobilité électrique en partenariat avec le groupement aéronautique GISAéro.
Les inscriptions sont en ligne depuis quelques temps maintenant.
En raison des règles de distanciations COVID-19 le nombre de places en particulier à la conférence risque d’être réduit.
Pensez à vous inscrire pour réserver votre accès à cette belle manifestation.
http://www.mobilite-electrique-yonne.org