Les arbres et la forêt jouent un rôle prépondérant dans le processus d’atténuation du changement climatique. Mais afin de saisir pleinement ce rôle et d’aider les décideurs à comprendre et à préserver la forêt française, l’IGN travaille à fournir des données très précises sur ces écosystèmes.
Chaque année, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) réalise un inventaire forestier. Lequel vise à brosser un portrait statistique objectif de la forêt sur l’ensemble du territoire. Et ce, en étudiant une série de critères que l’on appelle les « indices de gestion durable » (IGD). Plus précisément, il s’agit de six indices : la surface des forêts et la ressource en bois ; leur état de santé ; les produits qui en sont issus ; la diversité biologique ; le rôle de protection des forêts ; leur rôle social ; l’économie de la filière forêt-bois.
Les IGD, outil de connaissance précieux
Cette mission statistique est d’autant plus importante quand on sait le rôle de la forêt dans le processus d’atténuation du changement climatique. Pour rappel : à elle seule,, sur le territoire français, la forêt stocke 1,3 milliard de tonnes de dioxyde de carbone (CO2).
Cette étude met en exergue la réalité de la forêt à un instant T et invite à en tirer certains enseignements. « L’inventaire forestier permet notamment de se rendre compte qu’on prélève moins de bois que ce que la forêt produit. Il est donc une aide indispensable à la prise de décision pour les pouvoirs publics et les acteurs de la filière bois », explique, dans un communiqué, Nathalie Derrière, chef du département des résultats de l’inventaire forestier de l’IGN.
S’il relève effectivement un ralentissement de la croissance des arbres victimes des conditions climatiques et sanitaires, il met aussi en évidence, contrairement à une idée reçue, que la forêt française gagne néanmoins du terrain. Et ce, en dépit de la crise climatique et de l’exploitation forestière, souvent pointée du doigt.
Malgré tout, une forêt en expansion
Ainsi, à l’heure actuelle, les forêts françaises couvrent 17 millions d’hectares, « soit 31 % de la surface du territoire », indique l’IGN. Ce qui correspond à une augmentation de 2,8 millions d’hectares depuis 1985. Le volume de bois en forêt, quant à lui, a augmenté de 50 % sur la même période. La France abrite donc la quatrième forêt européenne en surface, derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne.
Mais les disparités d’une région à l’autre sont nombreuses. D’après les données de l’IGN, certaines affichent un important taux de boisement, à l’image de la Corse (63%) ou des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (51%) et Auvergne-Rhône-Alpes (37%). D’autres, en revanche, peinent à atteindre les 12%, comme les Pays de la Loire.
C’est là que les IGD prennent tout leur sens : la collecte de ces données très variées permet d’objectiver l’état des forêts auprès des décideurs nationaux et européens. « À titre d’exemple, ils (les IGD, ndlr) montrent, de façon neutre et en toute objectivité, la réelle diversité des forêts françaises ou le taux de prélèvement. Nous sommes très loin de prélever l’ensemble de la production biologique annuelle et nous ne sommes pas davantage en train de les transformer en monocultures de résineux. Les nouveaux indicateurs socio-économiques sur l’emploi sont également très intéressants à suivre », assure Tammouz Enaut Helou, secrétaire général de l’Union de la coopération forestière française.
Surveiller pour mieux agir
Au-delà de la vue d’ensemble que donnent ces indicateurs, l’IGN peut également rendre compte de l’état de la forêt française et suivre la santé des arbres qui la composent afin d’agir en conséquence et d’anticiper les risques, de plus en plus nombreux. Stress hydrique dû aux sécheresses successives, prolifération des bioagresseurs, qu’ils soient agents pathogènes ou insectes ravageurs, etc. : les arbres souffrent déjà des effets du changement climatique.
« Comme un médecin, après le diagnostic, nous pouvons préconiser un traitement : coupe anticipée, remplacement d’essences… À l’affût des signaux faibles, nous détectons parfois assez tôt l’apparition d’une pathologie pour éviter le pire », assure Frédéric Delport, chef du département Santé des forêts au ministère de l’Agriculture. Et comme tout bon médecin, l’administration d’un médicament se fait après avoir posé un diagnostic, basé sur des données fiables.