Près de 3,3 millions d’individus sont concernés par l’infertilité dans le pays. Récemment, un rapport sur les causes de l’infertilité a été remis au ministre de la Santé. Un plan d’action national sur ce sujet doit voir le jour. Pour beaucoup d’experts, c’est même une urgence vitale.
L’infertilité se caractérise par de grandes difficultés pour des individus/couples à concevoir une descendance viable. Elle se définit par la non-grossesse à la suite d’un à deux ans de rapports sexuels récurrents sans usage de contraception. L’infertilité se démarque de la stérilité qui, pour sa part, est l’entière incapacité pour une personne ou un couple de concevoir de façon naturelle un enfant.
Dans quelles proportions l’infertilité est-elle en hausse dans le pays ?
L’homme, dans les zones développées, a vu sa conception spermatique chuter de plus de 50 % sur une période de trente ans. Il faut savoir qu’environ 3,3 millions d’individus sont concernés par l’infertilité dans le pays. Grâce au ou à la partenaire, cela équivaut à 6,6 millions d’individus. Sachez qu’un couple sur six âgé de 25 ans éprouvera des soucis liés à l’infertilité. Il s’agit d’un réel souci de santé publique. La finalité est simple : sauvegarder l’espèce humaine, qui pourrait dans les décennies/siècles à venir, être menacée de disparition (en prenant en compte les autres dangers comme par exemple le réchauffement climatique).
Voici les deux prévisions : la plus négative envisage une extinction après un siècle et demi, la plus positive dans deux siècles. Afin qu’une société humaine perdure dans le temps, il est nécessaire que chaque famille ait 2,6 enfants. Dans le pays, le taux a chuté de 2,1 à 1,83. L’Allemagne pour sa part a dégringolé à 1,5. Pour les pays latins, le taux est encore pire : 1,3 pour l’Espagne, le Portugal et l’Italie. Le pire pays du continent est la Russie avec 0,9. Le pays le plus peuplé au monde (la Chine) possédant 1,5 milliard d’habitants, envisage de descendre à 750 millions d’ici un peu moins de 30 ans (2050 exactement).
Quelles sont les différentes causes du phénomène ?
Il existe trois causes majeures de ce phénomène. Tout d’abord, il y a celles liées à la société. En effet, au 21ème siècle, les femmes sont de plus en plus indépendantes. La donne n’est plus la même avec l’émancipation de la femme. Ainsi, le temps qu’elles terminent leur parcours scolaire et qu’elles s’installent avec quelqu’un, l’âge moyen du premier enfant s’éloigne de plus en plus. Désormais, il est de trente ans et neuf mois dans les grandes villes alors qu’il était de 25 ans il y a … 25 ans ! Néanmoins, il y a une donnée essentielle à prendre en compte : la fertilité dégringole au fil de l’avancée de l’âge. Par conséquent, une femme de 30 ans possède une chance sur quatre de connaître un souci d’infertilité, une femme de 35 ans sur trois ou encore une femme de 40 ans sur deux.
Ainsi, la seconde cause du phénomène est médicale. La troisième est quant à elle environnementale. Sans forcément le savoir, l’être humain subit une exposition journalière quotidienne à une bonne centaine de molécules. Les perturbateurs endocriniens causent une diminution de la fertilité. Lorsqu’une jeune femme utilise un rouge à lèvres, un fond de teint, un parfum, il est primordial de savoir ce qu’il y a dedans. Nous vous recommandons vivement de ne pas utiliser n’importe quoi sur le long terme, cela pouvant avoir des effets dévastateurs sur la fertilité.
Quelles sont les solutions ? Qu’en est-il de la prévention ?
Dans ce rapport, 21 recommandations sont exposées. Par exemple, pour les perturbateurs endocriniens, un logo « reprotoxique » est proposé. La recommandation majeure est la conception d’un institut national de la fertilité. Il s’agit d’une structure caractérisant ce souci en amont comme en aval, au même titre que cela existe pour le cancer. Autre souhait : l’apparition d’un plan Marshall par rapport à la recherche.
Il faut savoir que la récente loi de bioéthique, apparue en août 2021, a engendré une réelle avancée avec la sauvegarde des gamètes pour des causes médicales. Auparavant, cela était possible uniquement lors d’une survenue de lourde maladie, avant l’usage d’un traitement éventuellement stérilisant.
Si vous avez trente ans et aucun projet d’enfant dans l’instantané, il est possible de mettre en banque des ovocytes. Par rapport à la prévention, la meilleure chose à faire est de s’informer le plus tôt possible, à partir du collège. Or, durant le parcours scolaire, plusieurs thèmes liés sont abordés comme la santé sexuelle, l’IVG (interruption volontaire de grossesse), les moyens de contraception, les MST (maladies sexuellement transmissibles), mais jamais on ne parle de santé reproductive. Ainsi, il est nécessaire d’en parler dans le cadre de la médecine scolaire, universitaire et de la médecine du travail.
Enfin, il faut aussi prendre en compte que tout le monde ne désire pas forcément avoir des enfants. Or, tout le monde a le droit à l’information la plus pertinente et la plus fiable à ce sujet. Aujourd’hui, la PMA (Procréation médicalement assistée) représente seulement 3,6 % des accouchements dans le pays avec un taux de succès estimé à près de 20 %. Espérons que les candidats à la présidentielle française s’approprient ce souci de l’infertilité. On parle tout de même ici de notre futur et de celui de nos enfants.