La Biélorussie, également nommée Bélarus, voit les grandes manifestations se multiplier depuis plusieurs semaines, depuis la réélection du président Alexandre Loukachenko début août. Lors des manifestations, la répression policière est constante et soutenue. L’opposition est pour sa part en ordre de marche afin de diriger le pays, avec en tête de file Svetlana Tikhanovskaïa. Depuis la chute de l’Union soviétique, la Biélorussie est dirigée par Alexandre Loukachenko, ce qui fait plus de 26 ans au pouvoir.
Une économie à la dérive
En Biélorussie, c’est un véritable drame politique qui se joue mais aussi un drame économique. En effet, l’explication majeure de ces événements dramatiques est avant tout économique. Les Biélorusses doivent se préparer à cinq nouvelles années de pouvoir d’Alexandre Loukachenko, qui a gagné il y a quelques semaines les présidentielles.
Ainsi, le système déliquescent a encore de bons vieux jours devant lui : manque de perspectives, immobilisme, contrôle total du pouvoir sur l’économie ou encore monopole érigé par la présidence profitant aux clans autour d’elle.
Loukachenko a déclaré, lors de sa campagne pour les présidentielles, ne pas désirer se servir d’une « thérapie de choc ». Le président ne veut pas que le système s’effondre et a déclaré vouloir prendre exemple sur l’époque soviétique et son extrême discipline de fer. Si on se fit aux dires de Loukachenko, dès 2021, la croissance économique va repartir et gagner trois à quatre pourcents. Concernant le salaire moyen, il se verrait multiplier par deux en 5 ans !
Pour l’instant, il n’y a en tout cas pas de quoi être si réjouit : sur les six premiers mois de cette année, le produit intérieur brut a perdu 1,7 % en comparaison avec la période de l’an dernier, alors que le cours du rouble biélorusse a diminué de 19 % comparé au dollar depuis début 2020. Évidemment, la crise du Covid-19 n’y est pas pour rien. Or, elle n’est pas non plus l’unique cause de cette économie à la dérive.
La télévision d’État à l’arrêt
Les deux groupes majeurs de TV d’État, qui sont de véritables machines de propagande servant le pouvoir, sont à l’arrêt pour cause de grève. En Biélorussie, travailler pour la TV publique, c’est devoir offrir une unique version de l’histoire. Même dans un domaine comme le sport, les journalistes ne peuvent pas dire ce qu’ils veulent ! D’ailleurs, deux sportifs célèbres ont subi une arrestation durant les manifestations et les journalistes sportifs n’ont pas eu l’autorisation d’aborder le sujet.
En tout cas, Loukachenko et son camp sont prêts à tout, même à tendre la main à l’opposition. En effet, des ministres et des fonctionnaires ont pris contact avec l’opposition et désirent participer à la construction d’un avenir plus radieux dans le pays.
L’opposition est prête
Au fil des jours suivant l’élection, les défections ont été multiples dans des milieux comme l’armée et la police. En tout cas, l’opposition se prépare déjà avec Svetlana Tsikhanovskaïa, qui se retrouve d’ailleurs en exil forcé en Lituanie. La candidate a payé au prix fort le système de fraude du président. Néanmoins, elle s’est dit désormais prête à entrer en action comme leader du pays pour que la Biélorussie soit plus apaisé et que les tensions retombent. Elle désire également que la totalité des prisonniers politiques soient libérés. Elle souhaite aussi préparer un cadre législatif et une nouvelle élection présidentielle.
Afin de contrer la répression se déroulant dans le pays, Svetlana Tikhanovskaïa et les deux femmes ayant mené sa campagne, ont tenu un Conseil de coordination de l’opposition. La finalité est de rassembler la société civile et de mener des négociations pour une transition démocratique. Désormais, les représentants des candidats d’opposition se sont regroupés derrière Tikhanovskaïa. D’ailleurs, la candidate revendique près de deux tiers des suffrages.