Une ONG australienne révèle qu’entre 2017 et 2019, le gouvernement chinois a transféré et exploité plus de 80 000 Ouïghours pour les forcer à travailler dans des usines fournissant plus de 80 multinationales.
Dans un rapport publié dimanche 1er mars, l’ONG Australian Strategic Policy Institute (ASPI) dénonce le recours au travail forcé de la minorité musulmane ouïghoure dans des usines chinoises. En effet, ce rapport détaillé explique qu’entre 2017 et 2019, la Chine a transféré plus de 80 000 Ouïghours, jusqu’alors détenus dans des camps d’internement situés au Xinjiang (région du nord-ouest), vers des usines « appartenant aux chaînes d’approvisionnement de 83 marques connues mondialement dans la technologie, le textile et l’automobile ». Le compte-rendu publié par l’ASPI souligne le rôle de Pékin dans cette forme d’esclavage moderne, accusé de mettre en place un travail forcé « dans le cadre d’un mécanisme de transfert encadré par l’État ».
Une remise en cause « des chaînes de production à l’échelle mondiale »
Parmi les entreprises incriminées figurent des grands noms de l’électronique (Apple, Sony, Samsung, Microsoft, Nokia, etc.), du textile (Adidas, Lacoste, Nike, Puma, H&M, etc.) ou encore de l’automobile (BMW, Volkswagen, Mercedes-Benz, Jaguar, etc). Le groupe français Alstom est aussi cité. Sont également recensées plusieurs entreprises chinoises, dont des constructeurs automobiles, mais aussi des fleurons technologiques comme Haier (électroménager), Huawei ou Oppo (smartphones).
Selon l’ASPI, « les entreprises bénéficiant du travail forcé des Ouïghours dans leur chaîne de production enfreignent les lois qui interdisent l’importation de biens produits en ayant recours au travail forcé ». C’est dans ce sens qu’elle appelle les groupes cités à « conduire des enquêtes immédiates et approfondies sur le respect des droits de l’Homme ». Les entreprises mises en cause ont pour l’instant réagi avec prudence, affirmant qu’elles veillaient à ce que tous les travailleurs soient traités avec respect et dignité.
De son côté, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé un rapport qui ne s’appuie sur « aucune base factuelle » et vise à « dénigrer les efforts de la Chine pour combattre le terrorisme et l’extrémisme au Xinjiang ». Officiellement, Pékin reconnaît avoir transféré des « forces de travail excédentaires » du Xinjiang vers d’autres régions, au nom de la lutte contre la pauvreté et le terrorisme.