Depuis fin décembre, la Corne de l’Afrique est envahie par des milliards de criquets qui dévastent d’énormes quantités de cultures et de fourrages. Cette invasion d’ampleur historique, liée à des variations climatiques extrêmes, menace de s’étendre aux pays voisins.
Face à la prolifération d’essaims de criquets pèlerins en Ethiopie, en Somalie, au Kenya et depuis peu en Ouganda, les Nations Unies ont alerté la communauté internationale de la gravité de la situation. L’Agence des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a lancé un appel de fonds de 76 millions de dollars pour lutter contre cette invasion acridienne qui risque de continuer de s’aggraver si elle n’est pas combattue à temps. Selon la FAO, le nombre d’insectes « pourrait être multiplié de 500 d’ici le mois de juin » si aucune mesure n’était prise.
Des essaims dévastateurs et extrêmement rapides
Les criquets pèlerins, voraces et destructeurs, laissent derrière eux des paysages d’apocalypse : se déplaçant par milliards, ils détruisent la moindre parcelle végétale, arrachant jusqu’à l’écorce des arbres. Ces hordes de parasites menacent gravement la sécurité alimentaire des pays d’Afrique de l’Est : un essaim moyen, qui peut être comparé à une ville de la taille de Rome, peut manger en une seule journée la quantité de nourriture consommée par toute la population du Kenya. La Somalie, où les ressources alimentaires sont déjà fragiles, a décrété l’état d’ « urgence nationale », alors qu’au Kenya, le ministre de l’Agriculture Mwangi Kiunjuri reconnaissait en janvier que les moyens de subsistance du pays subissaient une crise « sans précédent ». De plus, la migration de ces parasites capables de parcourir 150 kilomètres en un jour inquiète les pays voisins ; début février, ils ont commencé à envahir l’Ouganda et ils menacent le sud du Soudan.
Une crise « de portée internationale »
Cette situation exceptionnelle s’explique par une succession de phénomènes climatiques extrêmes en 2019 : aux fortes sécheresses ont succédé plusieurs épisodes d’inondations, avec notamment le cyclone Pawan le 7 décembre. Les pluies abondantes ont favorisé la reproduction des criquets, et les spécialistes craignent désormais la prochaine saison des pluies, qui commencera fin mars et qui marquera l’arrivée d’une nouvelle génération de milliards de criquets. C’est pourquoi les Nations Unies cherchent à mobiliser leurs donateurs face à une crise de « portée internationale ». Sur les 76 millions de dollars attendus par l’organisation, qui a récolté 20 millions pour l’instant, une moitié doit être utilisée pour organiser des épandages aériens de pesticides chargés d’éliminer les nuisibles, tandis que l’autre moitié sera allouée à l’assistance alimentaire des populations touchées par ce fléau.