Après de longs mois de concertation, le gouvernement a révélé les grandes orientations de la future réglementation environnementale 2020. Mise en application à partir du 1er janvier 2021, la RE2020 mettra l’accent sur la décarbonation du bâtiment au service de la lutte contre le réchauffement climatique, la performance énergétique et le confort d’été.
Premier consommateur d’énergie en France avec 44 % de l’énergie consommée, le secteur du bâtiment résidentiel et tertiaire est également le deuxième émetteur de CO2 avec près de 25 % des rejets nationaux. Depuis 1974, l’État français tente de limiter cette source de dépense énergétique majeure à travers plusieurs réglementations thermiques successives. Mais face aux ravages grandissants du réchauffement climatique, le gouvernement a pris de nouvelles mesures pour réduire durablement son impact sur l’environnement. Attendue depuis plusieurs années, la nouvelle réglementation environnementale 2020 (RE2020) dispose désormais de contours bien définis. Le 14 janvier 2020, les ministères de la Cohésion des territoires et de la Transition écologique ont annoncé les nouvelles règles du jeu pour le secteur du bâtiment. Elles mettent fortement l’accent sur la décarbonation, objectif principal du gouvernement depuis le début des réflexions. Dans un communiqué de presse commun, les deux ministères présentent ainsi la RE2020 comme « une nouvelle étape vers une future réglementation environnementale des bâtiments neufs plus ambitieuse contre le changement climatique ».
Une réglementation qui va dans le sens de la décarbonation et donc de l’électricité bas carbone
Depuis cinq ans, la France a fait de la question climatique une priorité avec l’adoption de la loi sur la transition énergétique le 17 août 2015, la signature de l’Accord de Paris le 12 décembre suivant puis la loi Énergie Climat le 8 novembre 2019. Alors, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone qu’elle s’est fixée d’ici 2050, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est devenue un élément incontournable. C’est pourquoi la RE2020 prévoit de « diminuer l’impact carbone des bâtiments » à travers des arbitrages favorables aux sources d’énergies décarbonées. Notons que la RT 2012 actuellement en vigueur a privilégié les énergies fossiles au détriment des énergies bas carbone.
Les nouvelles règles de construction réservent ainsi un rôle privilégié à l’électricité, dont la production ne produit que très peu de CO2 dans l’Hexagone. Plus de 70 % de l’électricité consommée provient en effet des centrales nucléaires, et près de 20 % des énergies renouvelables. Pour encourager le recours aux installations électriques, notamment pour le chauffage, la future réglementation environnementale 2020 prévoit de ramener le coefficient d’énergie primaire (Cep) de 2,58 à 2,3. Ce ratio permet de convertir les énergies finales, comme l’électricité, en énergies primaires afin de tenir compte des chaines de transformation énergétique (production, distribution…) pour comparer les différentes sources d’énergies entre elles. Ainsi, la consommation d’1 kWh de gaz correspond par convention à 1 kWh d’énergie primaire alors que la consommation d’1 kWh d’électricité correspondra à 2,3 kWh d’énergie primaire. En abaissant le coefficient de conversion, l’exécutif considère donc que l’électricité doit être moins discriminée par rapport aux énergies fossiles comme le gaz et le fioul, qui équipent encore de nombreux systèmes de chauffage. Dans la même logique, le contenu carbone du chauffage électrique sera finalement établi à 79 g/kWh, au lieu des 210 g/kWh utilisés dans une précédente expérimentation censée préfigurer la RE2020.
Un objectif de « confort d’été » pour adapter les logements aux futurs épisodes de canicule
Outre la diminution des émissions carbone du bâtiment, la RE2020 vise également à améliorer la performance énergétique des constructions neuves, notamment leur isolation, et ce pour garantir une meilleure adaptation des logements aux futures conditions climatiques. « Les bâtiments devront mieux résister aux épisodes de canicule plus fréquents et intenses du fait du changement climatique », précise le communiqué des ministères. Un objectif de « confort d’été » est pour cela introduit aux nouveaux critères de construction, en particulier pour l’installation de systèmes de climatisation plus performants énergétiquement. L’indicateur de « besoin bioclimatique » dit « Bbio », qui vise à mesurer l’impact de la conception sur la performance du bâti, sera, quant à lui, renforcé. Après la large concertation réalisée en 2019, la RE2020 est désormais entrée dans une phase de simulations afin « d’éclairer les choix d’indicateurs et de niveaux de performances pertinents », précise le gouvernement. Au printemps 2020, à partir des travaux de simulation, une nouvelle période de consultation aura lieu dans le but « d’analyser avec précision les effets de la RE2020 sur les matériaux, les modes constructifs et les filières du bâtiment ». Cette étape permettra d’arrêter les termes définitifs de la réglementation pour publication des textes officiels à l’automne 2020. Ce n’est qu’à partir du 1er janvier 2021 que la RE2020 entrera en vigueur.
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