Après une sécheresse qui dure depuis plus d’une année et des chaleurs extrêmes, des incendies d’une violence inégalée ravagent l’Australie. Des conditions climatiques favorables au développement d’un phénomène météorologique nouveau : les orages de feu.
Signe de l’intensité des feux de forêt australiens, une fumée visible depuis le Chili, à 12 000 km de là, ou un brasier que l’on peut observer depuis l’espace. Cette conjugaison de chaleurs extrêmes, de sécheresse et de fumées massives est à l’origine des orages de feu. Observé 56 fois entre 2001 et 2016 en Australie, ce phénomène méconnu a été détecté aux Etats-Unis, au Canada, en Russie, mais aussi en Mongolie, principalement au-dessus de zones forestières en proie aux flammes.
Un phénomène aux causes multiples
Encore largement méconnu des scientifiques, cet épisode climatique extrême nait
de la combinaison de plusieurs facteurs. Une forte chaleur d’abord, comme c’est
le cas pour les orages plus conventionnels, encore augmentée dans le cas
présent par la chaleur du brasier. Ensuite, les fumées qui se dégagent lors de
la combustion des forêts interagissent avec l’humidité de l’air, pour former un
nuage. Dans des conditions particulières, ces nuages atteignent plus rapidement
la basse stratosphère. Des particules de glace se forment alors au sommet de ce
nuage et s’entrechoquent, créant une accumulation de charge électrique.
Celle-ci est alors évacuée par des éclairs géants, semblables à ceux observés
en Australie. Lorsqu’ils produisent des éclairs de feu, ces nuages sont appelés
des « pyrocumulonimbus ».
Des particularités inquiétantes
La grande différence entre les orages classiques et ces phénomènes ponctuels
réside dans l’absence ou la quasi-absence de pluie lorsque la foudre frappe le
sol. Avec les sécheresses que connait l’Australie, la chute de la foudre occasionne
de nouveaux départs de feu dans les environs, ce qui rend la tâche quasi-impossible
pour les pompiers tentant de circonscrire les flammes. Ces éclairs sont
capables de frapper jusqu’à près de 100 kilomètres du lieu initial de l’incendie.
Un phénomène incontrôlable, qui tend à s’intensifier
Certains signes montrent que ces orages de feu deviennent plus fréquents. Au cours d’une période de six semaines en 2019, au moins 18 pyrocumulonimbus se sont formés dans le seul Etat de Victoria, dans le sud-est de l’Australie. Le réchauffement climatique pourrait entraîner une augmentation de ces phénomènes. Les scientifiques estiment que dès 2060, il pourrait y avoir une forte augmentation des conditions à l’origine des orages de feu. Ceux-ci pourraient d’ailleurs se produire dès le printemps et tout au long de l’été.