Les enjeux éthiques sont au cœur de nombreuses problématiques du monde de l’économie numérique. Intelligence artificielle, utilisation des données, place de l’humain face à la machine, fake news, quantitatif à outrance… Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres encore, il est indispensable d’avoir une réflexion construite autour de ces thématiques. Un questionnement qui n’est pas simplement moral, mais qui doit également donner les clés aux entrepreneurs pour réussir sur le long-terme.
« Ethics by design » : l’éthique pour donner du sens à l’économie numérique
Quand on construit une maison, on commence par les fondations. Elles doivent être solides et saines pour résister au temps et aux aléas de la vie. Le défi est le même pour l’entrepreneur qui lance son business, a fortiori dans le secteur du numérique. Des fondations qui peuvent, dans une recherche d’un modèle économique durable, avoir comme point de départ un questionnement global sur les enjeux éthiques.
Mettre l’éthique au cœur de sa réflexion entrepreneuriale. C’est tout l’enjeu de l’« Ethics by design », un concept né dans la Silicon Valley pour évoquer les entrepreneurs qui font le choix de concevoir et de développer des outils et logiciels prenant en compte, dès leur création, les préoccupations éthiques. C’est un point de départ, qui ne cesse de s’élargir, pour une réflexion totale sur l’économie numérique.
Si l’approche « Ethics by design » s’initie autour de problématiques purement numériques comme les questions d’utilisation des données et de respect de la vie privée des utilisateurs, elle révèle en réalité de très larges ramifications. Qui peuvent avoir des dimensions environnementales, notamment quand se pose la question des ressources utilisées, mais aussi et surtout des dimensions humaines et sociales.
L’éthique ne se décrète pas. C’est un cheminement et un questionnement personnel auquel les entrepreneurs sont beaucoup plus attachés que d’aucuns voudraient nous le faire croire. Il s’agit d’un concept global, aux multiples facettes interconnectées et mobilisables en fonction du contexte. Ethique face à la technologie, mais surtout en relation avec les femmes et les hommes qui font vivre l’économie pour donner du sens, de l’efficacité, de la profondeur au travail de tous.
« Think global, Act local ! » : l’éthique au quotidien pour faire bouger les choses
Se poser des questions sur son engagement éthique permet de mener sa propre quête de sens. Halte aux fantasmes ! Le sens ne se trouve pas et ne se trouvera jamais dans un algorithme, dans un moteur de recherche ou dans le désert du Web. La technologie est un outil formidable quand elle est bien utilisée, mais elle ne doit pas nous détourner de l’essentiel : les interactions humaines et les synergies. On se construit sainement en étant attentif à notre écosystème afin de mieux ajuster nos actions et notre positionnement.
S’il est indispensable d’incorporer une dimension éthique à la racine des technologies développées, cela ne peut être qu’un point de départ. L’éthique en entreprise exige aussi et surtout d’effectuer une démarche de proximité, une construction pas à pas pour faire bouger les lignes au quotidien auprès de ceux qui nous entourent.
L’expression « Think global, act local ! » résume parfaitement cet effort dans ce qu’il a à la fois d’apparemment infime des interactions constantes au quotidien et dans leur impact potentiellement immense sur le long terme favorisant la confiance et la fidélité : agir concrètement en apportant du sens à nos actions et à nos engagements. Pour changer les choses, revenir aux fondamentaux de terrain, de proximité, d’écoute, de communication non-violente et d’empathie me semble essentiel dans l’entreprenariat d’aujourd’hui et de demain ; si ce n’est de toujours. Nous pourrions presque envisager d’inverser la dynamique de « Think global, act local » par « Act local, change global »
C’est ce que l’école de Palo Alto appelle « l’étude du comportement interpersonnel ». Le fait qu’un individu, quel qu’il soit, ne peut pas être défini sans prendre en compte les réseaux relationnels qu’il tisse, qui l’entourent et le construisent. Pour être éthique, mais aussi pour être efficace, l’entreprise se doit de tenir cette obligation. Elle va s’enrichir des paroles et des feedbacks de ses clients et de ses collaborateurs.
L’éthique : le choix de l’efficacité et de la durabilité entrepreneuriale
Si certains y voient une posture marketing, c’est en réalité pour son efficacité que de plus en plus d’entrepreneurs adoptent une démarche éthique et collaborative. A l’image de l’holacratie, de nouveaux modèles de gouvernance émergent chaque jour pour valoriser l’intelligence collective et des prises de décision concertées. C’est un réflexe de bon sens qui représente l’avenir : se tourner vers les autres et leur demander de l’aide, conseil, feedback pour améliorer les choses, trouver des solutions, innover.
Il s’agit d’un questionnement sain à tous égards pour remettre du qualitatif dans sa propre construction. Je suis d’ailleurs toujours fasciné de constater le pouvoir de cette simple requête : « j’ai besoin de votre aide ! ». C’est un stimulant très fort et très efficace pour obtenir des feedbacks et de l’information de qualité. Cela place les intervenants dans une relation d’interdépendance et de proximité qui apporte de la satisfaction à toutes les parties.
Pendant trop longtemps, une partie du monde de l’entreprise a considéré l’Humain comme une « commoditie » interchangeable. Heureusement, les mentalités évoluent. De plus en plus d’entrepreneurs réalisent qu’ils ne peuvent pas construire sur le long-terme en négligeant de soigner leurs relations interpersonnelles et en ne respectant pas leurs clients, leurs équipes, leurs fournisseurs et leurs interlocuteurs en général.
Le modèle économique de l’acquisition de clients sur de fausses promesses est de plus en plus mis en doute. Qui peut encore croire aujourd’hui que l’on peut faire de la rétention de clients en vendant du vent ? Parce que le climat des affaires est tendu et que la compétition est plus relevée qu’elle n’a jamais été, il est d’autant plus indispensable de nouer des relations clients fortes pour instaurer un climat de confiance et d’attention permanente. L’hyper croissance n’a de valeur seulement si les clients restent en y trouvant leur compte sur le long-terme.
Est-ce là un positionnement éthique ou simplement du bon sens entrepreneurial ? Sans doute un peu des deux. Mais c’est aussi quelque chose d’intangible et pourtant fondamental : l’incroyable satisfaction que procure à l’ensemble des équipes le fait d’avoir un impact réel et positif sur son environnement. La quête de sens est gravée en chacun d’entre nous. A titre individuel, mais aussi en tant qu’organisations, qu’il s’agisse de PME ou de grands groupes. L’une des clés est peut-être de valider par l’écoute de son environnement économique que le sens que l’on souhaite donner à son organisation ou même à sa propre ambition, soit au minimum crédible, intéressant, en phase avec les attentes et les aspirations de ce dit écosystème.