La course à la suprématie quantique, enjeu technologique majeur du XXIe siècle, passe à un nouveau stade. Le géant américain Google a annoncé le mercredi 23 octobre avoir franchi la marche, en effectuant un calcul en 300 secondes, au lieu de 10 000 ans sur le plus puissant supercalculateur actuel. Une information relativisée par IBM, qui conteste ces résultats.
Annoncé en grande pompe par les locataires de la Maison Blanche, ce bond en avant représente une étape cruciale de la course technologique. Après des fuites en septembre, Google et l’Université de Santa Barbara ont annoncé cette prouesse technique le mercredi 23 octobre. Mais de son côté, le géant de l’informatique IBM annonce que le même calcul peut être réalisé en trois jours avec un supercalculateur classique. Les États-Unis se sont empressés de relayer l’annonce, devançant ainsi la Chine, qui réalise de gros investissements sur l’informatique quantique.
L’informatique quantique permet de baser les calculs non plus sur des bits ayant pour valeur 0 ou 1, mais sur des qubits qui, à l’échelle microscopique, ont une infinité de possibilités. Cette mise en parallèle des calculs permet ainsi d’effectuer plusieurs calculs simultanément. La notion de « suprématie quantique » remonte quant à elle aux années 1980 et représente la marche technologique permettant aux ordinateurs de résoudre des problèmes qui prendraient trop de temps aux ordinateurs traditionnels.
Google assure que selon ses mesures, son processeur quantique « Sycomore » a réalisé en 300 secondes une opération qui aurait pris 10 000 ans au plus puissant supercalculateur actuel. Mais selon IBM, en combinant un important système de stockage et de la mémoire vive, le calcul ne prendrait en réalité que 2,5 jours à un supercalculateur classique.
Dans la manière d’annoncer son exploit, Google choisit bien son exemple. Le géant d’Internet fait une analogie avec le premier vol motorisé des frères Wright, qui n’avait duré que… 12 secondes. Il s’agit donc ici davantage de prouver la faisabilité que d’annoncer le franchissement du pas technique.
Cependant, selon les chercheurs, le calcul effectué par Google ne peut pas être dupliqué à d’autres opérations. Le stade de l’ordinateur quantique universel n’est donc pas encore atteint.