Véritable hub francilien et européen, la Gare du Nord fait l’objet d’un projet d’agrandissement en vue des Jeux Olympiques de 2024. Il prévoit de multiplier par trois la superficie de la gare et par cinq les surfaces marchandes.
C’est un projet qui fait grincer des dents du côté de la commission départementale, qui a mis au rebut ce projet titanesque. Pourtant, plus de 90 % des franciliens y sont favorables, pointant du doigt le manque de sécurité et de convivialité de la plus importante gare d’Europe. Mais quel est l’objet de cette polémique ?
Un projet
titanesque
Pour rappel, la SNCF a lancé une consultation en juin 2017, afin de
choisir des partenaires pour mener à bien la transformation de la gare du Nord.
Celle-ci est confrontée à un défi majeur : l’augmentation du trafic, qui
va passer de 500 000 voyageurs par jour lors des derniers
aménagements en 2001, à 900 000 à l’horizon 2030, et ceci sans
possibilité d’augmenter le nombre de voies.
Ce projet, conçu par les architectes Denis Valode et Jean Pistre, prévoit un énorme chantier de rénovation, pour faire passer la superficie de la gare de 36 000 à 110 000 m² d’ici 2024. Ainsi, 19 000 m² de boutiques et 31 000 m² d’espaces de coworking, salle de spectacle, espaces de sport, ou encore de bien-être seront construits.
Dans une tribune parue dans « Le Monde » la semaine dernière, des grands noms de l’architecture se sont insurgés contre un projet qu’ils jugent « indécent et inacceptable », irrespectueux selon eux du patrimoine et du confort des usagers. Cette tribune a été signée par une vingtaine d’architectes et d’historiens d’art, parmi lesquels Dominique Perrault, Jean Nouvel, ou encore Roland Castro.
Déstabilisation du tissus économique
Implanter un tel volume de commerces dans la Gare du Nord pourrait selon-eux
déstabiliser, voire altérer considérablement le tissu économique du quartier et
de sa périphérie. Ils pointent du doigt ce qu’ils estiment être « une
grave erreur urbaine. Implanter une telle masse de commerces et d’activités à
la gare du Nord […] à une station de RER de Saint-Denis, cœur de
l’agglomération des neuf villes de Plaine Commune, est une atteinte à la
volonté de rééquilibrer les activités dans Paris, et plus encore dans l’espace
du Grand Paris. »
De plus, les signataires estiment « indécent » d’« obliger des centaines de milliers de personnes à traverser des espaces commerciaux », en empruntant « des parcours allongés et inutilement compliqués ». En effet, ils craignent que les espaces commerciaux deviennent un passage obligé pour les usagers des transports, dans un modèle semblable aux cheminements mis en place dans les enseignes Ikéa.
Quelles motivations pour les acteurs
du projet ?
Ce projet fera l’objet d’un partenariat public-privé (PPP), qui allouera 66 %
des recettes à la foncière Ceetrus (ex-Immochan), propriété d’Auchan et 34 % à
la SNCF Gares & Connexions. Un moyen d’éviter de faire rénover la gare sur
les deniers publics, car c’est Ceetrus qui prendra en charge l’ensemble du coût
des travaux.
Enfin, autre point d’achoppement, les délais pour réaliser les travaux. En effet, Paris a besoin d’une gare réhabilitée et en mesure d’accueillir un nombre accru de voyageurs pour les Jeux Olympiques de 2024. Des projets alternatifs moins ambitieux ont été présentés. La décision reviendra au ministère de l’Économie. Affaire à suivre.