Climat et énergie : il n’est plus utile d’expliquer ici le puissant levier que constitue la transition énergétique au service des enjeux climatiques. De la nécessaire réduction drastique des émissions de CO2, à la non moins essentielle implication des citoyens et des territoires, la transition énergétique est une formidable chance !
Dans le passé récent, l’Europe est passée à côté de révolutions – ou d’évolutions majeures – pour ceux qui trouvent le mot « révolution » galvaudé. Je pense par exemple à la révolution du Web.
L’Europe a toutes les cartes en main pour réussir celle de la transition énergétique. Nous avons une volonté politique commune forte. Nous avons des entreprises performantes, de toutes tailles, diversifiées sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Nous avons des territoires et des populations prêtes à s’investir, qui, pour beaucoup, ont déjà pris la main sur ces enjeux. Nous avons la capacité d’innover et de développer des modèles disruptifs ; en disant cela je pense en particulier aux opportunités du digital. Et je pourrais poursuivre encore bien au-delà.
En Europe, la France et l’Allemagne ont une responsabilité particulière et un potentiel combiné, à mon sens, exceptionnel. Ayant exercé des responsabilités des deux côtés du Rhin, je peux affirmer que notre potentiel réuni est bien supérieur à ce qui nous différencie. Nos différences sont trop souvent mises en avant, mais ne concernent finalement qu’un maillon de la chaîne énergétique : la technologie de production centralisée d’électricité.
Enedis, premier distributeur d’électricité par sa taille en Europe, est très activement engagé dans les travaux européens avec l’ensemble de ses confrères en Europe. Quelle que soit leur taille ou leur structure actionnariale, les distributeurs d’électricité, les DSO (pour Distribution System Operator) ont vocation à devenir de véritables facilitateurs de la transition énergétique. Ils exercent bien sûr cette mission en toute neutralité et de façon strictement non discriminante par rapport aux acteurs concurrentiels (DSOs are neutral market enablers).
Enedis a ainsi engagé plusieurs « démonstrateurs smart grids » où sont testées et expérimentées de nouvelles façons de faciliter le raccordement massif d’énergies renouvelables et le stockage décentralisé. Enedis donne la main (empowerment) aux consommateurs et aux collectivités et territoires en mettant à leur disposition des données, dont nous garantissons au préalable la confidentialité et la protection.
Plus fondamentalement, Enedis entend tirer parti des immenses opportunités du numérique et des nouvelles technologies, y compris son potentiel disruptif comme dans le domaine du Big Data ou de l’innovation ouverte. Ces opportunités sont de véritables leviers d’accélération pour concrétiser notre rôle de neutral market and energy transition enabler.
Mais les nouvelles technologies et le digital en aval de la chaîne de valeur de l’électricité ne concernent pas seulement les DSO. L’ensemble des acteurs de l’énergie, des fournisseurs aux agrégateurs bien sûr, mais aussi les équipementiers, les entreprises de software et d’IT, les nouveaux modèles d’activité créés par des startups ou les grandes entreprises historiques, sont concernés. Et sur ces sujets, encore une fois, l’Europe peut et doit se positionner au premier rang mondial.
C’est avec ces convictions, fort de ma double expérience française et allemande, que je suis heureux d’avoir été parmi les initiateurs du premier colloque franco-allemand des 12 et 13 mai dernier qui s’est tenu sur ces thèmes à Strasbourg. Je soutiens et m’engage avec une ambition renouvelée, aux côtés d’amis et de partenaires des deux rives du Rhin, pour la réussite du colloque des 22 et 23 juin prochains.
Le potentiel de coopération et de fertilisation croisée entre nos deux pays est immense et encore en grande partie inexploité ; je suis convaincu que le colloque de juin prochain contribuera à le révéler.
Christian Büchel*
*Directeur général adjoint d’Enedis – Chief Digital & International Officer, Vice-Président d’EDSO for smart grids.