Trop peu de travaux ont été menés jusqu’à présent sur la tarification des réseaux. On en a fait beaucoup sur l’optimisation de mixte ; le merit order, l’optimisation de la demande et les incitations à une consommation plus vertueuse. Entre l’offre et la demande, les réseaux, il y a eu certes des travaux dans le domaine du transport, les transports d’énergie, en particulier avec ces questions sur les merchant lines ou autre sujet. Mais peut-être que du fait de la difficulté à modéliser un réseau qui foisonne énormément, il y a eu extrêmement peu de travaux.
Nous avons pour objectif d’aborder la question des conséquences de la transition énergétique sur l’économie des réseaux, et le corollaire, et quels signaux économiques cohérents offrir ? Je voudrais suggérer une idée qui est la suivante, et qui se fonde sur trois transformations.
La première, c’est la loi relative à la transition énergétique sur la croissance verte. C’est l’existence de cette loi qui modifie la donne en termes d’objectifs, en termes de réduction de la consommation finale ; de développement des énergies renouvelables ; de développement des véhicules électriques ; de rénovation du parc ; de mise en place de T-pos, de B-pos, de tout ce qui est énergie positive. Premières transformations majeures, c’est toutes ces transformations qu’induit la loi.
Deuxième transformation liée au mouvement de décentralisation et de régionalisation. L’aspiration à la gouvernance locale, légitime, qui, après tout, doit être prise en compte. Les économistes observent et essayent de réagir à cette deuxième transformation.
Et la troisième, c’est une rupture dans la tendance de croissance sans fin, continue, de la consommation d’électricité depuis 1950. Depuis quatre ans, elle marque un plateau, et donc cela doit aussi intégrer parce que c’est un élément important qui régit les investissements dans les réseaux.
Forts de ces trois changements, les observateurs, les industriels, les consommateurs peuvent en déduire des opportunités pour de nouveaux métiers, mais cela génère des incertitudes. Et les incertitudes, il y a un moyen de les traiter : c’est de faire des prévisions, des scénarios et un peu de prospective. Chaque partie prenante, et Dieu sait qu’il y en a avec sa propre vision, définit des scénarios de ce que sera le point d’atterrissage de la transition énergétique en 2035, et les compare.
On a le droit d’avoir des scénarios contrastés, et celui qui aura dans le champ de mire une vision unique du futur sera très fort, mais l’idée de ce scénario, c’est de pouvoir, au-delà de la PPE, partager des visions en évitant le non-dit qui existe trop souvent dans nos débats. Il faut par exemple utiliser ce genre de modèles qui sont un peu laissés de côté actuellement, et essayer de quantifier ce que sera le point physique d’atterrissage de la transition énergétique, si déjà on veut s’entendre sur le signal tarifaire optimal.
Christophe Bonnery*
*Président de l’Association des économistes de l’énergie,
Directeur de l’économie et de la prospective (ENEDIS).