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Transhumanisme, entre psychanalyse et IA

Revue Passages Publié par Revue Passages
7 juillet 2018
dans Non classé
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Transhumanisme, entre psychanalyse et IA
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A propos de Intelligence artificielle de Steven Spielberg

Jean-Jacques Moscovitz est psychanalyste (psychiatre)

Le transhumanisme, à l’instar des religions actuelles, s’approprierait la vie, la mort, l’origine de l’humain. En place de destin, il promeut notre « augmentation ».

Pinocchio, le conte de Carlo Collodi mis en scène dans Intelligence artificielle (I.A., 2001) de Steven Spielberg, nous guide ici.

La Terre a subi de graves changements climatiques ne permettant plus de se nourrir au point de ne plus faire d’enfants. D’où David, un enfant robot, prototype programmé pour aimer sa mère pour l’éternité. Une famille l’adopte, mais avec l’enfant humain du couple adoptif relevant d’une grave maladie, la présence de David est alors impossible. Il est abandonné. Sur le thème de Pinocchio de la bûche qui parle et devient chair, le récit nous conduit vers la mère de David mais ce Pinocchio ne deviendra pas chair. 2 000 ans plus tard les robots ont remplacé les humains. David, dans une solitude éternelle, est la trace du génie humain disparu : nos descendants parlent, tout en étant désormais tellement augmentés, qu’ils sont épurés de corps, de mort, de sexualité, de destin autre que l’éternité… Ont-ils leur libre arbitre ?

Ce projet d’augmentation nous attendrait. Mythe en acte, il ferait loi dans le quotidien de nos vies.

Les films de Spielberg, et d’autres comme ceux de George Lucas avec Star Wars, sont des légendes modernes pour les générations qui arrivent. Non sans effets sur notre vie sociale, et aussi sur notre vie au sens biopolitique.

Michel Foucault avance que « l’homme moderne est un animal dans la politique duquel sa vie d’être vivant est en question », incluant le corps « où la vie s’équivaut à de la marchandise ». Mise en travail des forces de la vie, le biopolitique est l’entrée de la vie dans notre Histoire. Ici, c’est la fin de l’Histoire, c’est la chute de nos discours émancipateurs. Où l’homme n’est plus que du bios qui s’équivaut à du travail. La vie n’est ni enjeu, ni lutte. Le paradis… ?

Foucault montre que ce qui résiste à cette biovie produit une nouvelle subjectivité qui échappe au biopolitique. Et qui échappera au transhumanisme dans le maniement du vivant.

Ce transformisme biopolitique serait un nouveau processus de création politique contre lequel on doit se défendre pour rester homme, quitte à passer pour des obscurantistes. Ce que disent les adeptes de l’Homme Augmenté, majusculé. Mais eux-mêmes confondent le texte et le terrain. A tenter d’appliquer à la lettre un tel transformisme, le terrain qu’ils s’approprieraient leur échappera sans même qu’ils s’en aperçoivent.

C’est la question de l’écriture dont participent le langage numérique, le cinéma, l’inconscient…

A la fin de I.A., nos descendants ne sont plus que séquences des signes de ponctuation entre les mots qu’ils échangent entre eux : virgule, point de suspension, d’exclamation…

Comment la psychanalyse perçoit-elle ce transhumanisme ? Elle y est impliquée, le cinéma aussi, ce lieu de notre imaginaire qui nourrit la lecture de notre monde intérieur et également celui en dehors de nos têtes.

Psychanalyse et cinéma témoignent tous deux de nos mythes collectifs souterrains. Le cinéma se révèle bien ici d’une écriture clinique.

David le robot, ce Pinocchio augmenté, est à la recherche de sa fée bleue, sa mère en chair et en os, pour devenir chair de sa mère. Le voyage dure 2 000 ans, du même âge que la chrétienté.

A la fin du film, tout est robot ou extraterrestre. Et David est la preuve du génie humain, du peuple humain disparu. N’ont lieu ni jouissance, ni sexe, ni vie, ni mort. Seul point qui nous ressemble avec ces robots, ils parlent ! Il leur manque quelque chose. Quoi donc ?

Le professeur Hobby, constructeur, père-dieu, père-la-science de la machine, serait-il Giuseppe, le père de Pinocchio ? Il n’en est rien. Son sadisme est ici infini. Il est impossible à David de sortir des logiciels, aucun « uninstall » ne viendra à son secours, le programme est ineffaçable. David le héros ne peut le savoir. Il est une marchandise parfaite, où est inscrit d’aimer tout de sa mère, pour l’éternité.

Ce qui manque, c’est la fonction paternelle dans la machine. Pas de ventre de mère, pas de baleine par où la vie pourrait resurgir comme dans Pinocchio. Pas de bûche de bois, ni de burin de Guiseppe, d’où s’entendent des cris de la vie qui naît. Pinocchio et son père se retrouvent dans un corps de baleine bien chaud dont ensemble ils seront éjectés sur la terre ferme pour vivre libres en chair et en os. Rien de tel dans I.A.

I.A. est le piège, celui de la normalité de la situation. Car la machine n’a pas de fonction, de question père installée sur la « carte mère », en son intérieur. Nulle référence au père ici, le papa n’est pas là comme tel pour David. Il n’est que le mari de « sa » mère à qui il offre ce robot pour combler son désir maternel.

Ni père imaginaire, ni père symbolique de la mémoire des ancêtres. Pas de mort du père par le meurtre symbolique fondateur de la Loi : il y a une forclusion construite de cette fonction père, une absence construite et ignorée comme telle. Que le transhumanisme promeut, ne voyant pas le piège où il tombe.

Ce manque, les robots en témoignent puisqu’ils parlent, il a échappé aux constructeurs, ils n’ont pu inscrire ce père mort par le meurtre, qui selon Freud, est ce manque radical qui fonde la parole. Il passe dans la machine, les robots de I.A. parlent le manque. C’est leur langue !

Père-dieu et père-la-science confondus, les robots « contiennent » d’où ils viennent. Ils en sont une trace ineffaçable de leur origine humaine. Recopier/coller ce manque dans le cerveau-machine est impossible mais il passe sans que Hobby ne le sache jamais.

David est ainsi lesté d’un regret immense et éternel dont il témoigne en allant vers sa mère. Ce manque ignoré de l’intelligence artificielle c’est d’être. C’est irreprésentable.

Etre signifie que les signifiants en réseau marchent en chaînes à tous coups, mais à travers les mailles de l’être passe, à l’insu de Hobby, le constructeur, cet anthropo-technicien new-look dit Sloterdick : « Anthropotechnique correspond à des pratiques de production de l’humain par l’homme lui-même, ou encore des pratiques de modification de l’état ordinaire du corps (somatique et germinal). »

L’insu passe, exil insaisissable de l’origine, par quoi le sujet s’inscrit dans le réel. C’est la question du père primordial, originaire.

C’est ce qui ne peut être « activé » dans le programme. Husserl en parle dans La Terre ne se meut pas, en 1936, écrit lors de l’instauration du nazisme en Allemagne, pour dire ce qui échappe à la machine d’Hitler. Et qui passe à la génération suivante : le registre du sujet porteur d’un manque qui le fonde.

I.A. montre le transhumanisme et ses frayages dans la religion en place de science hyper haussée à l’égal des Dieux.

Mais de l’inconscient – un manque – passe dans la machine à effacer tout manque. Manque si fragile, que c’est là sa force par quoi résister au transhumanisme.

Car il n’inscrit pas l’accroche de ce qui lui échappe, celle du sujet parlant. Le biopolitique transhumaniste ignorant cette question père ne sait pas qu’il ne peut pas y répondre. Il s’agit de la place du père primordial, avant toute inscription du sujet. L’enjeu actuel obéit toujours à la coupure entre histoire et structure pour l’inscription de l’humain dans la vie, dans sa mémoire, son corps, sa parole.

Voilà ce qui fonde cette question père, car ce primordial est un lieu vide où nul père ne le remplirait car alors un autre encore avant lui eût été possible.

Dans I.A., l’enfant est sans ressource à vouloir être enfin en chair et en os, ce qui est programmé afin de ne pas y parvenir, puisque le père n’est que science, dont David est l’objet. Il est un ensemble de lettres inscrites dans une machine. Il n’est pas un être qui pourrait être en quête de ce père primordial.

Or ce père primordial est introuvable puisque il est un absent radical. C’est cet absent-là qu’un fils, donc pas David, est sans cesse dans cette tension vitale d’avoir à le chercher malgré tout pour se situer comme sujet de son histoire, de sa filiation, de son sexe. Et ainsi de se séparer de son monde infanto-maternel.

Lui, David, est programmé pour ne chercher que la Fée Bleue, sa maman humaine comme dans le conte de Pinocchio mais sans du Père qui le sculpte.

Chercher sa mère est son programme qui exclut la question du père primordial.

Car s’il le cherche, Père la Science se retrouve dévoilé dans son forfait, celui d’avoir kidnappé toute question de l’origine effacée à jamais. Ce qui n’est pas prévu par nos Pr Hobby, si farceurs qu’ils soient. Car Hobby serait renvoyé à être un étranger, un intrus, comme tout père l’est de temps en temps… afin que le choix d’objet sexuel maternel opère pour le fils.

David, lui, est prisonnier de la recherche d’une intériorité singulière où le « fait » de perdre sa mère occupe toute la place sans jamais la dépasser.

Puisqu’en lui, sans pouvoir le savoir, n’est pas inscrite une fonction de père lui permettant de se séparer de son enfance.

Une lutte à mort entre père et intelligence artificielle nous attend dans ce modèle augmenté, construction du Pr Hobby. Qui nous vise, nous spectateurs à travers amour et compassion pour David, à éteindre toute velléité de meurtre symbolique du père, si nécessaire à la vie du désir.

Alors que pour le robot aucun changement de quoi que ce soit ne pourra avoir lieu.

Sans interdit qui nous en barre l’accès, les David que nous allons devenir ne seront plus qu’agents de complétude incestueux et éternel de nos mères qui, vivantes ou mortes, sont devenues identiques entre elles. Il s’ensuivra une équivalence entre mort et vie. Entre les sexes, plus de différence ! Pourquoi être angoissé d’être un garçon ou une fille, ca sert à quoi ! Fini tout cela ; ce sera la victoire de l’uniformité sexuelle et identitaire, car sans question sur la place de l’ancêtre dans la filiation, Père La Science efface l’énigme de l’origine de notre être au monde comme de nos liens sociaux.

D’hommes, de femmes et d’enfants nous voilà molécules/octets bioniques parfaites sans conflits ni histoires.

David : ni mort ni vivant ni garçon ni fille ni enfant ni vieux ni adulte, voilà ce que Hobby Père La Science obtient, question de passer le temps… Deux mille ans après la naissance du Christ, le paradis de Hobby était comme déjà prévu.

Mais il commet la faute d’avoir oublié que le langage existe, tel que biopouvoir et intelligence artificielle se renforçant l’un l’autre ne sont pas à l’abri d’un lapsus de la machine. C’est par là que leur totalitarisme sera écorné de-ci de-là…

Au cœur du film, un personnage à l’accent germanique, le docteur « sait-tout », copie en images de synthèse de Freud, avec vivacité d’esprit, inventivité, et bien situé dans la dette symbolique pour obtenir ses honoraires. Y compris avec une excellente écoute de ce que souhaite David, ce méca (de mécanique, un robot), par rapport à un orga (de organique, un humain). Méca, orga, et pourquoi pas psycha, conforme à l’inconscient, avec transfert et séduction.

David a rendez-vous avec docteur « sait-tout »/Sigmund Freud/google, ce spécialiste de la séduction : « Esprits avides, dit-il, venez à moi, je suis le fast-food de la pensée, j’ai réponse à tout, il suffit de poser la question. »

Par Docteur Sait-tout la Fée Bleue, la mère de David, est localisée en un « il était une fois un conte de fées ». Et là, merci le jeu de mot : de fée et bien « de fait », afin que David devienne unique au monde.

Est inscrite dans la machine sa recherche pour être un vrai garçon vivant, mais tout est piégé car il ne sait rien de son destin.

Un piège qu’on lui a tendu pour savoir s’il fonctionnait vraiment en robot. Tout est inscrit, notamment que sa mère l’a abandonné.

Une rencontre a lieu avec le Pr Hobby en face de copies de lui, David à l’infini et des Marlène que Hobby fignole : supplication de David d’être unique. Mais c’est inscrit en lettres-octets, Hobby lui réplique : « Mon fils est unique, toi tu es le premier du genre. »

Du conte de fées, il supplie que ce soit un fait. C’est alors qu’il trouve une sorte de baleine en métal, un « amphibocoptère ». La Fée Bleue, il va le découvrir.

Drame de notre futurisme où tout est écrit, surtout le virtuel dans quoi toute subjectivité s’abolit. La fuite hors du logiciel fait partie du logiciel. Aucun « uninstall », ni formatage.

I.A. témoigne qu’une part humaine existerait déjà en David, celle de la révolte que nous devons créditer par tous les moyens pour rester humain. Nous en sommes responsables. Voilà la morale du conte I.A.

Sinon règnera une nouvelle forme de « mécas » éternels, a-humains. Répétant à l’infini : « David, tu es le souvenir de la race humaine, la preuve de son génie. » Monument du peuple humain disparu en totalité.

Et ces robots sous forme de signes de la scansion dans le langage lui disent : « Tu peux par un ongle, un cheveu, ADN de Monica, ta mère, si tu l’as sur toi, la faire revenir mais seulement pour un seul jour car elle est morte il y a deux mille ans et seul son miasme, son fantôme peuvent s’incarner une seule fois, ensuite elle disparaîtra à jamais. »

Le rêve de David devient réel, réel de vivant, sa mère charnelle auprès de laquelle il se love pendant un jour, d’un jour qui restera infini.

Mais, tout est devenu robot à l’image de l’homme, l’homme à l’image du Père La Science-dieu, et ce dieu contient l’image d’une trace de savoir ineffaçable et infini de leur origine, de ce quelque chose de non « re-copiable », un manque qui laisse le nouveau méca dans un regret immense d’où il vient…

I.A. engage notre responsabilité pour le futur, qu’il existe un point impossible à mettre en formule dans un programme transhumaniste. Cet impossible voisine en vain avec le religieux, que la science voudrait rejoindre en lieu et place d’un père originaire et fondateur de la vie. Ce réel qui ne bouge pas est inatteignable. Mais la religion-science d’aujourd’hui estime y avoir son mot à dire…

Cet inatteignable, les psychanalystes le nomment sujet inscrit dans le réel, un point d’interrogation à maintenir irreprésentable dans notre lien à l’inconscient.

Ce réel non atteignable articule la vie au corps charnel, à la parole et à la mémoire, tel que le clone d’un être humain, si un jour cela avait lieu, ne serait jamais que son clone puisque ni la mémoire ni les oublis de l’humain original ne seront inscriptibles.

Les efforts de l’intelligence artificielle pour y parvenir ne pourront jamais mettre à l’intérieur cet infini de l’humain impossible à représenter, qui rend impossible d’aller plus loin, ça serait le bout du monde, man-hattan.

Dans une éternité a-conflictuelle à jamais, I.A. : miroir vivant de l’actuel de l’humain parlant…

Jean-Jacques Moscovitz

 

Lire le texte intégral dans http://www.psychanalyseactuelle.com/

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