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Jean-François Mattei : « Le syndrome de la pente glissante »

La rédaction Publié par La rédaction
7 juillet 2018
dans Interviews, Portraits, Entretiens
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Jean-François Mattei : « Le syndrome de la pente glissante »
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Entretien avec le Professeur Jean François Mattei*

Passages : Professeur, la médecine a des perspectives immenses avec les progrès technologiques… Où cela peut-il nous conduire ? Y a-t-il des frontières entre l’homme ainsi augmenté et le transhumanisme ?

Professeur Jean-François Mattei : L’homme a constamment essayé d’améliorer sa condition et la médecine a été de tout temps impliquée dans cette amélioration aujourd’hui prônée par le transhumanisme !

Lorsqu’au XIXe siècle l’hygiène et l’alimentation ont été prises en compte, cela ne relevait pas de « techniques » mais a eu pour résultat une augmentation de l’espérance de vie. Quand Pasteur invente la vaccination, il permet d’améliorer les capacités immunitaires, l’homme vacciné est donc un homme « augmenté »… Et la médecine évolue, avec elle les notions de soins et de traitement, marquée de manière déterminante, en 1946, lorsque l’OMS définit la santé comme un « état de bien-être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». En effet, cette définition légitime toutes les actions de santé publique et les actes médicaux qui améliorent les conditions de vie. Personne ne trouve rien à redire lorsqu’il s’agit d’améliorer la sécurité sanitaire, l’hygiène et la prévention et même, les performances physiques et intellectuelles ou les conditions du bien-être de chacun.

Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent d’aller plus loin : il ne s’agit plus seulement de réparer mais d’améliorer, ou augmenter, les capacités. Ce que permettent, par exemple, les transplantations d’organes et les transferts de gènes. Dès lors, les horizons se font plus ambitieux, conduisant à se poser la question de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin. Après l’homme augmenté, irons-nous jusqu’à l’homme transformé, c’est-à-dire au « posthumanisme » ? Ce mouvement d’idées lancé par des scientifiques et des philosophes repose sur une formidable convergence des moyens disponibles. Ils sont de plus en plus performants, progressent très vite et deviendront de moins en moins coûteux à mettre en œuvre. Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et numérique, sciences cognitives sont ces nouvelles technologies convergentes. L’homme avec ses implants, ses prothèses, ses « puces » électroniques, voire ses robots, n’est-il pas déjà devenu un cyborg ? L’homme va-t-il se « machiniser » en même temps que la machine s’humanise ?

Ces questions ne doivent pas faire oublier l’essentiel, à savoir que nous guérirons mieux et plus souvent. Or, c’est bien la mission de la médecine : guérir du diabète grâce à l’insuline produite génétiquement, éviter le nanisme grâce à l’hormone de croissance…

Ce faisant, sans qu’elle s’en rende compte, la médecine a dépassé les frontières entre le normal et le pathologique. Si je vous pose la question : « Cette personne est-elle petite ? Intelligente ? », à partir de quels critères pensez-vous qu’elle l’est ou qu’elle ne l’est pas ? Est-elle « normale » ? La notion de limites ou de seuils est difficile à définir et la médecine s’en est affranchie en voulant améliorer sans cesse : meilleure mémoire, meilleur sommeil, meilleure nutrition, meilleure sexualité… et tout le reste ! C’est ce que j’appelle le syndrome de la pente glissante. Où l’on peut se laisser aller avec une bonne volonté intacte. Par exemple, la recherche d’enfants les « meilleurs » possible : le diagnostic prénatal, qui peut désormais se faire à partir du sang de la mère, conduit à une certaine forme d’eugénisme médical d’inspiration compassionnelle. Rappelons qu’à Sparte déjà, et peut-être avant, on pratiquait l’eugénisme : le père se détournait de l’enfant nouveau-né s’il lui paraissait peu robuste ou malformé. Il était alors livré aux bêtes sauvages… N’oublions pas qu’en 1895 Alfred Ploetz, fondateur de l’hygiène raciale en Allemagne, justifiait « la tentation de maintenir l’espèce en bonne santé et de perfectionner ses dispositions héréditaires » !

L’idéologie transhumaniste a défini ses objectifs en 2014 « comme la lutte contre les maladies et la poursuite de l’amélioration de toutes les capacités, atteindre à l’immortalité considérant que la vieillesse est une maladie et contrôler l’évolution future de l’homme qui n’est pas terminée ».

Lorsqu’il s’est agi de légiférer en bioéthique en 1994, j’ai choisi de fixer pour limite la loi naturelle. C’est ainsi que j’ai souhaité qu’on réserve l’assistance médicale à la procréation aux couples, homme et femme, dont la stérilité était médicalement constatée. Aujourd’hui, les mentalités ont évolué, d’autant que la loi naturelle est un repère parfois discutable : soins intensifs, accouchements médicalisés vont contre la « nature ».

Quand on prescrit en dehors de toute indication médicale des tranquillisants, des stimulants, ou de l’hormone de croissance comme aux Etats-Unis, quand on utilise l’érythropoïétine pour maximiser les performances physiques, nous ne sommes plus dans le champ médical. Pour autant, doit-on arrêter la recherche, le progrès, au motif de protéger l’homme ? Le problème n’est pas là. L’homme ne peut pas se voir interdit de chercher. En fait, ce ne sont pas ses découvertes qui posent question, mais l’usage qu’il en fait… Prenons quelques exemples très simples, dont un fut proposé par Louis Leprince-Ringuet : après la découverte du fer, l’homme a inventé le couteau, parfait pour dépecer les proies, façonner des outils, oui ; mais pour poignarder son voisin, non ? D’autres exemples : on a découvert le pouvoir du nucléaire. Pour des destructions massives ? Non ! Mais on ne peut y renoncer pour la radiothérapie, les explorations… L’automobile fait des milliers de morts et plus encore de handicapés chaque année, faut-il l’éliminer ? Non, mais la société a imaginé le code de la route…

En fait, il faut s’appliquer à maîtriser l’usage des découvertes et lui donner un sens. D’où la question, la vraie, qui est celle du sens de la vie et des valeurs qui fondent la dignité humaine. On doit définir à partir de quand l’homme commence à se dénaturer. Je suis persuadé que l’homme ne souhaite pas remplacer son corps par un robot. Ce corps qui fait grandeur, plaisir et misère de l’homme. Et son cerveau humain pourrait-il se voir « remplacé » par l’intelligence artificielle d’un robot ?

Passages : Dans le cas d’un allongement important de la vie, la personne finissant par être détachée de la sexualité, de ses enfants (vieux), de ses petits-enfants, et encore plus des arrière-petits-enfants, etc., qui n’ont en rien les mêmes intérêts, profiterait-elle de ce supplément d’années ?

Professeur Jean François Mattei : Vous parlez là de l’homme biologique ! Curiosité et travail intellectuel donnent une forte envie de vivre encore longtemps. Venons-en maintenant aux philosophies prospectives et spéculatives. Elles n’ont pas cessé d’être intéressantes puisque l’idée d’être l’égal des dieux est aussi ancienne que nous pouvons le savoir. Il ne faut pas confondre la réalité des progrès et les idéologies clandestines qui s’y accrochent. Elles trouvent un terreau fertile dans un monde sans lien social. Le « moi d’abord » est oublieux du « regard de l‘autre » sans lequel l’homme n’existe pas. Le matérialisme, l’hédonisme, l’argent, la perte des valeurs de l’esprit (y compris dans l’intégrisme qui vient en réaction mais est une forme flagrante de négation de l’humain) ignorent que l’homme ne naît pas « fini », qu’il lui faut contacts et apprentissage (toute sa vie durant). Si l’hominisation est le fait de la biologie, l’humanisation est le fait de l’esprit.

A mon sens, la seule façon d’apprivoiser les nouvelles connaissances et possibilités de la science demeure une démarche spirituelle en quête de la nature humaine dans toute sa dignité.

Propos recueillis par Jeanne Perrin

* Professeur Jean François Mattei, membre de l’Académie de médecine et de l’Académie des sciences morales et politiques

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