On pourrait penser que c’est ainsi que s’ouvrent les perspectives du (des) transhumanisme(s) telles qu’elles ont été développées aux Etats-Unis dans les dernières décennies. « Avec pour horizon la définition d’une nouvelle normalité. » L’homme réparé, augmenté, réussira-t-il par lui-même et les succès des fameuses sciences en convergence (Convergence NBIC) à réaliser des performances toujours plus brillantes, à augmenter sa longévité, « au point qu’on doive lui reconnaître une nouvelle identité » ? Question posée par Jean-Michel Maldamé.
L’Église répond qu’il n’en est rien. L’homme a une conscience qui ne se limite pas à la survie ; « Savoir qu’il est créé change le regard que l’être humain porte sur sa finitude. » Certes le christianisme partage avec le transhumanisme le constat que la condition présente de l’humanité n’est pas satisfaisante et qu’il faut répondre aux défis en matière de santé, de développement et de vie en société. Certes il approuve sans réserve l’exigence médicale de soigner toujours mieux. Mais « si l’un se contente de prolonger le présent, l’autre veut qu’on ne suive pas la pente de son propre intérêt et qu’on réponde aux exigences de la conscience croyante ».
Celle-ci est, d’abord, de ne pas tourner le dos à la Création. Le corps est un ; ne se réduit ni à la chair, ni à l’esprit ; « Il est le fruit d’une action spécifique de Dieu ; il est riche d’une organisation à laquelle l’autre », son semblable, « participe totalement », par le langage, l’amour, la miséricorde. Ceci dépasse l’utopie scientifique dont s’emparent à la fois le marché et les sectes!… Quant au terme Résurrection de la chair, il exprime bien par son mystère que ce n’est pas l’homme, fût-il infiniment augmenté, qui va disposer de l’existence qui lui a été donnée.
Le transhumanisme paraît ainsi vouloir avoir le dernier mot. Il refuse que nous soyons environnés de mystère. Or s’interroger sur la mort, vouloir « préserver » un être disparu en lui donnant une sépulture, chercher à conserver son image, est l’essence même de l’homme. C’est ce qui le distingue de l’animal. Essence telle que nous pouvons l’observer d’aussi loin que nous remontons le temps.
Ainsi sont nées les religions, de la conscience que la mort survient inéluctablement… On peut appeler alors diversement le besoin premier de transcendance : métaphysique, quête de l’au-delà, réincarnation, résurrection, espérance… Donc vendre un projet de longévité extrême, voire d’éternité, c’est nier la vie elle-même. Augmenter l’homme dans ces conditions ? C’est exactement le diminuer en le privant des éléments fondateurs de l’Humanité !
Jeanne Perrin