Permettez-moi tout d’abord de m’associer aux salutations prononcées par Philippe Richert et de vous saluer toutes et tous en vos grades et qualités. Permettez-moi également de vous souhaiter la bienvenue à Strasbourg, capitale européenne mais aussi ville précurseur dans la coopération entre nos deux pays, la France et l’Allemagne.
Je tiens à saluer l’organisation de ce colloque ici à Strasbourg, et je tiens à remercier Monsieur Emile H. Malet qui a piloté cette organisation.
Nous serons particulièrement attentifs aux propositions et aux conclusions qui seront apportées par ce colloque, car les questions dont vous allez débattre sont au cœur des enjeux des villes et des métropoles d’aujourd’hui.
En effet, les villes et les métropoles sont désormais en première ligne pour traiter des questions de consommation et de production énergétique, comme de tout ce qui concerne la transition énergétique ; la dernière COP21 n’a pas manqué de le rappeler (à travers le sommet des mille maires réunis à l’Hôtel de Ville de Paris).
Cela peut apparaître comme une évidence, tant les villes et les métropoles concentrent les plus fortes densités de population, attirent des flux divers, génèrent des activités économiques, et produisent in fine plus de déchets, de pollutions, et de gaspillage énergétique que n’importe quel autre territoire dans le monde.
Aujourd’hui, la lutte contre le changement climatique et l’action en faveur de la transition énergétique sont des enjeux globaux, qui nécessitent de fixer un cap au niveau mondial, sur chaque continent, dans chaque pays. Mais c’est d’abord sur le terrain, au plus près des territoires, et notamment dans les villes, que le processus indispensable de la transition énergétique doit se traduire concrètement.
Dans la période la plus récente, le législateur ne s’y est pas trompé et a reconnu le rôle des métropoles en la matière. Il y a d’abord eu la loi sur la transition énergétique qui a fixé la part d’énergie renouvelable à atteindre en 2030 à 40 % (19,5 % actuellement).
Il y a ensuite eu la loi MAPAM et la loi NOTRe qui ont confié aux métropoles la compétence d’Autorité organisatrice de l’énergie sur leur territoire.
Depuis le 1er janvier 2015, c’est donc l’Eurométropole qui a acquis cette compétence, ce qui lui a permis d’engager une politique ambitieuse à travers un plan d’actions clair et structuré.
Notre rôle est d’imaginer et de mettre en œuvre les réponses permettant de faire de la ville une ville durable et viable pour tous. Cela passe bien entendu par la mise en place et la promotion des mobilités douces et actives, je n’y reviendrai pas.
Cela passe également par l’émergence des productions locales d’énergie renouvelable et par leur intégration dans les réseaux urbains existants, permettant ainsi au plus grand nombre d’être acteur et de profiter de ces nouvelles sources d’énergie.
Pour permettre d’inscrire Strasbourg et l’Eurométropole comme un véritable territoire à énergie positive, nous avons engagé une stratégie autour de plusieurs axes concrets et opérationnels.
Il y a d’abord l’exemplarité de la collectivité, qui doit montrer l’exemple en diminuant ses consommations énergétiques avec la rénovation thermique des bâtiments publics, la sobriété dans les choix d’investissements, d’éclairage public et de chauffage.
Nous avons aussi engagé un vaste programme de rénovation thermique des logements via les bailleurs sociaux qui rénovent annuellement 1 500 logements avec un objectif de 2 000 logements par an d’ici à 2025.
Enfin, nous assurons le développement des énergies renouvelables par l’émergence d’outils de production nouveaux et diversifiés comme la chaufferie biomasse à proximité d’ici, qui doit produire de l’énergie à partir du mois de septembre. C’est un réseau de chaleur alimenté à 87 % par les énergies renouvelables qui sera mis en service dans le quartier du Wacken.
Nous avons également eu la chance d’inaugurer il y a quelques mois le projet Biovalsan, une première en France, qui consiste, à partir des boues produites à la station d’épuration de Strasbourg, à produire du biométhane directement injecté dans le réseau de gaz (1,6 million de m3 de biométhane purifié à 98 % par an) qui couvre les besoins de 5 000 logements par an !
En résumé, c’est bien d’une politique globale dont les territoires ont besoin pour s’engager pleinement sur la voie de la transition énergétique. Cela nécessite également de pouvoir accompagner les familles les plus modestes et l’ensemble de nos concitoyens vers cet objectif.
Il est évident que des innovations portées par les opérateurs et par les nouvelles technologies devront voir le jour dans un futur assez proche afin de permettre à chacun, si cela peut être possible, de pouvoir produire, stocker et consommer quand il le souhaite ses propres sources énergétiques, ce qui permettra de faire de chacun de nous des acteurs de la transition énergétique et d’en faire un enjeu partagé par l’ensemble de nos concitoyens.
Je sais que ces questions sont au programme de votre colloque et je vous souhaite donc de fructueux débats, des discussions intéressantes et stimulantes, qui permettront, j’en suis persuadé, de produire des avancées sur ces problématiques liées aux nouvelles technologies et aux réseaux de distribution.
*Maire de Strasbourg
Roland Ries*