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L’avenir de la psychiatrie française : « Le DSM nuit gravement à la santé »

Michelle Mayer Publié par Michelle Mayer
7 juillet 2018
dans Portraits, Entretiens, Santé
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L’avenir de la psychiatrie française : « Le DSM nuit gravement à la santé »
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Entretien avec Patrick Landman*, psychiatre-psychanalyste, auteur de Tristesse Business-le Scandale du DSM 5

 

Le DSM[1] est le manuel de psychiatrie américaine qui répertorie les maladies mentales. Publié pour la première fois en 1952, il est actuellement en France la référence pour les facultés de médecine et de psychologie ainsi que pour les articles publiés. La puissance de frappe des Etats-Unis a imposé au monde entier cette classification.

Passages : Pourquoi dites-vous que le DSM nuit gravement à la santé ? Pourquoi parlez-vous de « psychiatrie DSM » ?

Patrick Landman : Le DSM nuit à la santé de différentes manières : dans la mesure où il a abaissé les seuils d’inclusion à partir desquels quelqu’un est considéré comme malade mental. Par exemple :

– la tristesse ordinaire est devenue un épisode dépressif ;

– le deuil, au bout de 15 jours, est considéré comme un épisode dépressif majeur ;

– les difficultés de mémoire, à partir de 60-65 ans, sont devenues des troubles cognitifs mineurs ;

– la gourmandise excessive est devenue un trouble de l’alimentation.

Le DSM a créé « de fausses épidémies » ; il a pathologisé, psychiatrisé les affects tout à fait normaux de la condition humaine, si bien que des gens qui sont dans la norme reçoivent des médicaments, en particulier des psychotropes.

La devise d’Hippocrate « Primum non nocere » (d’abord ne pas nuire) ne vaut plus, puisque, autant les psychotropes sont utiles à ceux qui en ont vraiment besoin, autant les prescriptions arbitraires créent des problèmes iatrogènes (qui ont des effets secondaires engendrés par la médecine elle-même) en particulier chez les enfants, tels l’obésité, le diabète, ou des troubles métaboliques.

Passages : En quoi le DSM a-t-il rompu avec la psychiatrie classique, dont vous dites d’ailleurs qu’elle n’était pas sans défaut ?

Patrick Landman : Le DSM s’attache surtout à un relevé des comportements; comme le dit Alain Ehrenberg : « On est passé de la santé mentale à la santé comportementale. » On est dans une clinique du regard, de l’observation, on n’est plus dans l’écoute. Il y a des check-lists auxquelles on répond par oui ou par non, un peu, passionnément… On ne se préoccupe pas des contextes. Pour les tenants du DSM, les maladies mentales, dans leur ensemble, seraient dues à un dysfonctionnement cérébral, ce qui induit une réponse médicamenteuse. Du coup, ce que le patient a à dire n’est pas intéressant. Or pour l’instant, nous n’avons trouvé aucun marqueur biologique à des dérèglements. En effet, alors que si quelqu’un est diabétique, on a un chiffre, en psychiatrie, rien de cela, aucun examen biologique pour justifier d’un diagnostic de schizophrénie. D’où la réorientation de la clinique vers des techniques comportementalistes, ce qui est une rupture avec l’approche relationnelle par la parole ou le contexte. A mon avis, il ne faut pas les éliminer complètement car, comme on dit, les maladies mentales sont 100 % biologiques, 100 % sociales, 100 % psychologiques.

Autrement dit, on ne sait toujours pas quelle est la cause des maladies mentales, et ni l’imagerie cérébrale, ni les examens biologiques ne servent pour en déterminer la cause.

On aboutit à une forme de déshumanisation de la clinique : on ne s’occupe plus de ce que le patient a vécu, de ce qu’il dit, on enregistre seulement sa plainte axée sur le fonctionnement. On cherche à observer pour rectifier un pseudo fonctionnement cérébral. On passe dans le domaine du handicap à codifier, pour compenser.

Passages : Pouvez-vous dire quelques mots à propos des enfants en hyperactivité ou qui ont de crises de rage ?

Patrick Landman :  Dans ce domaine aussi, le DSM nuit à la santé car il a inventé un diagnostic, le TDAH (Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité). L’accent a été mis sur l’attention qui n’existe pas scientifiquement – on ne peut pas la mesurer ; c’est une valeur psychologique mais le DSM en a fait une valeur économique, scolaire. Autrefois on enseignait aux enfants à être attentifs, alors que maintenant l’attention est « un cerveau dans le cerveau ».

Cela pourquoi ? Parce qu’on a trouvé un médicament qui marche dans 40 à 60 % des cas, la Ritaline. C’est un médicament qui ne guérit pas ; on est dans le cadre d’une construction sociale. Le problème, ce sont les effets secondaires sur le cerveau, sur le sommeil. Le médicament a été présenté également comme quelque chose qui protège contre l’utilisation de drogues ; en fait, ce n’est pas vrai. De plus, il ne donne pas de résultats scolaires à long terme. On s’aperçoit au bout de quelques mois que l’effet du médicament s’estompe, il soulage seulement les parents de leur responsabilité.

Passages : Pouvez-vous terminer en parlant de la lutte à mener contre le DSM ?

Patrick Landman : Le vrai problème, c’est que l’enfant normal, l’homme normal n’existent pas. Avec le DSM, comme en psychiatrie, on se réfère à l’homme normal ; dans bien des cas, c’est l’homme selon les standards américains, en particulier dans le domaine de la sexualité, de la morale, des valeurs éducatives. Il s’agit de normaliser, non plus de soigner.

Le DSM 5 est sorti le 13 mai 2013 ; le 14 mai, 800 000 Français se sont réveillés avec des troubles qu’ils n’avaient pas la veille…

Propos recueillis par Michelle Mayer

[1] Diagnostic and Statistical manual of mental disorders.

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