La réflexion portant sur les perspectives franco-allemandes dans le secteur du gaz mène à deux constats : en premier lieu, l’avenir du gaz est encourageant de part et d’autre du Rhin, tant par son rôle clé dans la transition énergétique, que par sa place centrale dans le mix énergétique ; en second lieu, la coopération franco-allemande reste prédominante. De nature plus industrielle que politique, elle s’exprime, à l’image des actions engagées par ENGIE, d’une part, au niveau local, par une présence sur l’ensemble de la chaîne de valeur gazière, et par des partenariats municipaux de long terme, et, d’autre part, au niveau européen, par des projets d’infrastructures d’envergure et par des initiatives fédératrices entre dirigeants d’entreprise.
Le gaz joue un rôle clé dans l’articulation des deux phases de la transition énergétique : à court terme, le gaz est indispensable à l’atteinte rapide des objectifs ambitieux de réduction de 40 % des gaz à effet de serre d’ici à 2030 ; à moyen et long termes, l’avènement du gaz renouvelable dans le système énergétique européen, grâce à la compétitivité du biogaz et du biométhane et grâce au stockage d’énergie renouvelable excédentaire du power-to-gas, viendra inscrire durablement le gaz dans les solutions environnementales.
Les évolutions technologiques vont encore améliorer l’attractivité du gaz dans la transition énergétique, à l’instar des installations plus performantes chez les clients telles que les pompes à chaleur, de l’avènement du gaz carburant, par le remplacement progressif du diesel par le GNL, et des solutions croissantes de stockage, comme le power-to-gas qui, en utilisant l’électricité pour produire par électrolyse de l’hydrogène, constituera une solution parfaitement adaptée pour stocker, sous forme gazeuse, les excédents de la production d’électricité.
Le gaz joue encore un rôle important dans la consommation énergétique en Allemagne, comme en témoigne sa place dans le mix énergétique de l’Allemagne, avec une part dans la consommation primaire de 21 % en 2015, et un réseau d’infrastructures gazières déjà bien développé de 505 000 km amené à se déployer encore davantage, conformément au plan de réseau pour 2016 qui prévoit 4,4 milliards d’euros d’investissement sur 10 ans. Par ailleurs, l’avenir du gaz en Allemagne n’est pas à appréhender en dehors de la politique énergétique européenne qui présente un fort enjeu gazier, tant le gaz fait l’objet d’une demande croissante. Avec une production domestique en déclin – qui est passée de 186 milliards de mètres cube en 2007 à 83 milliards de mètres cube en 2015 –, l’Union européenne est de plus en plus dépendante des importations de gaz naturel.
Les perspectives franco-allemandes en termes de coopération s’envisagent plus sous le prisme industriel, au niveau des entreprises, que sous le prisme politique, au niveau des Etats. ENGIE participe de cette dynamique de coopération franco-allemande, tant par une approche bilatérale que par une approche collective.
L’approche bilatérale adoptée par ENGIE consiste, tout d’abord, en une présence en Allemagne sur l’ensemble de la chaîne de valeur gazière (pour l’exploration-production et la distribution avec ENGIE Deutschland, pour le stockage avec Storengy, pour le transport avec GRT Gaz). ENGIE s’appuie aussi sur des partenariats de long terme avec des fournisseurs municipaux tels WSW Energie und Wasser à Wuppertal, Energie SaarLorLux à Sarrebruck ou encore Energieversorgung à Gera.
L’approche collective de la coopération franco-allemande menée par ENGIE s’exprime, quant à elle, par des projets d’infrastructures et des initiatives fédératrices. S’agissant des projets d’infrastructures, ENGIE collabore avec BASF, EON et Wintershall dans le cadre du projet Nord Stream II, qui relie le gaz européen importé de Russie à Greifswald en Allemagne avant d’être distribué sur le territoire européen via les gazoducs OPAL et NEL, afin d’assurer la sécurité des approvisionnements. ENGIE est également associé à EON et OMV dans la gestion du gazoduc effectif MEGAL qui importe du gaz de Russie en reliant la République tchèque et l’Autriche à la France via une interconnexion à Medelsheim en Allemagne.
Enfin, en lançant, dès 2013, l’initiative Magritte qui a réuni les dirigeants des onze plus grands énergéticiens d’Europe (E.On, RWE, Enel, CEZ, ENI, Gas Natural Fenosa, Fortum, Gas Terra, Iberdrola, OMV et ENGIE) et qui échange régulièrement avec des responsables politiques, ENGIE conforte la coopération franco-allemande en fédérant les dirigeants d’entreprise. L’une des dernières rencontres s’est déroulée à Berlin autour de la chancelière Angela Merkel et du vice-chancelier Sigmar Gabriel afin de viser une plus grande convergence et une meilleure intégration dans la politique énergétique européenne. Le groupe Magritte est aussi intervenu de façon concertée pour contribuer au succès de la COP21.
Ainsi, dans le domaine de gaz, la coopération franco-allemande n’est pas seulement fondée sur des réalisations historiques mais s’appuie également sur des projets d’avenir.
Denis Simonneau*
*Directeur des relations internationales, ENGIE