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Freud et la joie juive

Marielle David Publié par Marielle David
7 juillet 2018
dans Culture
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Freud et la joie juive
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Emile H. Malet rappelle dans son ouvrage Freud et l’homme juif que Freud écrivit à sa fiancée : « De la religion juive, nous garderons la joie. » Il l’écrivit en allemand, et Freude est le mot qui exprime la joie dans cette langue. Renier Freude serait donc se renier lui-même, à une époque où ce signifiant a été exalté par la transformation que fit Beethoven du poème de Schiller An die Freude, qui le fascinait, en 9e symphonie en l’année 1824. On y lit :

« Frères, au-dessus de la voûte étoilée,

doit habiter un père bien-aimé »

Freud partageait l’amour du père qui baigne encore son époque. Si les fils veulent le tuer, les filles aiment leur père, par définition, pensait-il. Cet « a priori » lui jouera de mauvais tours dans sa pratique car le désir féminin est plus divisé qu’il ne le croyait. Quant à l’histoire de cette symphonie, elle ouvre à la complexité de l’âme humaine et à aux équivoques possibles d’un « signifiant ». Après avoir été l’hymne privilégié d’Hitler, il deviendra un demi-siècle plus tard celui de la Communauté européenne. L’art traverse l’histoire, le judaïsme aussi.

Freud, malgré son hostilité à la religion qu’il considérait comme une illusion, va instituer une nouvelle forme de rituel : la séance de psychanalyse qui, dans sa répétition, vise à accueillir le transfert des patients ou plutôt, au départ, des femmes « hystériques », comme on les nommait à l’époque. Découvrant l’inconscient, il est d’abord frappé de l’importance du sexuel. Contrairement à certains de ses collègues, il ne recule pas devant le phénomène du transfert qu’il assume avec la distance suffisante pour avoir une écoute qui se veut scientifique, détachée d’un affect envahissant.

En quoi la découverte freudienne, en son point de départ, est-elle d’essence juive ? Le plus simple est de partir pour le comprendre de ce que n’est pas le judaïsme à savoir la vérité chrétienne : Dieu est Fils Esprit et Père, UN = UN + UN, vérité liée à une des fonctions du narcissisme primaire que je ne résumerai pas ici mais qui provient d’une fonction que vit tout bébé, qui articule le Réel au Symbolique pour reprendre la définition lacanienne. Première boucle destinée à assurer à chaque sujet son identité d’homme ou de femme habitant sur la terre, sur un territoire précis, avec des frontières qui donne accès à la notion d’altérité. Le judaïsme débute, lui, par un Dieu unique que les humains ne peuvent connaître que par l’écriture de son Nom. Dès que Yahvé crée le monde dans sa multiplicité, il fait l’homme et la femme, définis par leur différence sexuelle et qui vont entrer dans la condition humaine grâce à Eve qui mange une pomme de l’arbre défendu. Le désir, son manque et ses marques sont institués dès le départ. Freud découvre que la sexualité débute dès que l’enfant est au sein, sexualité et non génitalité, et qu’elle est causée par l’objet partiel, qui semble une abstraction et qui pourtant est intimement lié au corps de la mère, pouvant s’en détacher imaginairement. Lacan précisera que cet objet éminemment déplaçable est toutefois « une lettre » qui cause le désir. Cet objet trouvé dans les expériences de corps avec la mère va ensuite, dans le judaïsme, se glisser dans la relation si importante entre les pères et les fils, source de l’étude et de l’amour du savoir que cette religion promeut dans sa plus grande valeur. Freud doit au judaïsme l’essentiel de sa découverte : l’alliance de la sexualité causée par un objet métonymique et du savoir. Raison pour laquelle, malgré les persécutions, le judaïsme a pu se maintenir à travers les siècles car son essence n’est pas métaphorique, plantée dans la verticalité de l’homme qui appartient à une terre, mais dans la mobilité et la multiplicité des objets qui causent le désir. Déraciné de sa terre première, le peuple juif a pu perdurer. Mais l’objet cause du désir n’est pas la propriété du peuple juif. Loin s’en faut. Parce que le bébé tête et que le sein ou le biberon est un objet bien rond dans la bouche, le ballon est le premier représentant de cet objet. L’universalité du jeu de football qui réunit les hommes dans le monde entier au même moment devant un même match nous exprime l’universalité de la sexualité qui démarre par l’objet cause du désir. Si le peuple juif s’est dit choisi par Dieu pour célébrer l’objet lettre, cause du désir, il n’en reste pas moins que son existence et le plaisir qu’il procure aux hommes sont de portée universelle. L’alliance de ce plaisir de la lettre et du savoir est le choix que fit le judaïsme et qu’il a transmis à ceux qui ne font pas partie de ce petit peuple mais veulent à leur tour élire ce système de valeur.

Freud ne va pas s’arrêter au principe de plaisir et à sa limite, le principe de réalité. Certes, il ne lâchera pas cette essence du judaïsme. Il luttera contre ceux de ses disciples qui veulent renoncer à l’importance primordiale du sexuel, mais il finira par reconnaître l’existence d’une pulsion de mort qui cherche à revenir au point de départ de la psyché, en cette autre face de la psyché que Lacan a appelé la jouissance. Celle de l’Un en particulier dont le judaïsme se méfie non sans bonne raison. Nous sommes obligés de constater le retour dans le monde actuel des conflits activés depuis l’invention des trois registres du monothéisme qui se partagent une grande part de la planète. Le choc entre et avec les fondamentalismes ne nous en laisse pas le choix.

Parler ou écrire sur Freud et l’homme juif oblige les psychanalystes à décortiquer l’essentiel des religions dans leur lien avec le processus primaire. Si la vie surnaturelle n’est possible à l’homme que par un acte de foi, si Freud a pu penser qu’elle n’était qu’une illusion, il n’a pas toutefois manqué de créer une science et une pratique dont le but pour lui était l’avènement pour chacun de sa joie, de cette « Freude » qui dès le départ de sa vie portait son nom.

 

A propos de Freud et l’homme juif d’Emile H. Malet

Marielle David

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