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La psychanalyse à l’épreuve du kibboutz

Jeanne Perrin Publié par Jeanne Perrin
1 juillet 2018
dans Culture
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La psychanalyse à l’épreuve du kibboutz
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Psychanalyse, épreuve, kibboutz : tout est dit dans le titre ! Trois parties… Depuis le déplacement des premiers juifs vers la Palestine il y a plus de 100 ans, jusqu’à l’expansion des idées de Freud depuis Vienne et la formation de nombreux psychanalystes et enfin la mise en application de ses découvertes grâce à un cadre très particulier qu’est l’univers du kibboutz, jusqu’à féconder toute la société… Le kibboutz pionnier qui a appliqué dans la durée ces méthodes est celui de Hashomer Hatza’Ir. Ce fut un défi et une innovation exceptionnelle. On aborde cette lecture avec une grande curiosité.

Les premiers immigrants souhaitaient fonder en Palestine un Etat juif socialiste, pensant voir par là la fin de l’antisémitisme. Lequel, avec les pires persécutions, était toujours très fort dans l’Europe de l’Est et l’Empire des tsars. Ces premières communautés arrivées firent prospérer des terres du désert mais oublieront les principes de départ. Ils utilisaient la main-d’œuvre arabe locale et perpétuaient les traditions religieuses incompatibles avec l’émancipation des femmes… Ils se sont «embourgeoisés » ! La deuxième vague d’immigrants apporte avec elle les idées de Marx et de Freud à la fois. Un choc des géants en perspective ! Dans les années 20, des tabous sont levés peu à peu : l’homosexualité masculine est étudiée en Allemagne, Freud prend part au débat, mais il s’ensuit la répression que l’on sait… Donc, dans les années 20, arrivent en Palestine des hommes à la fois de réflexion et organisateurs, charismatiques et persévérants. Pour eux, la sexualité n’est plus un tabou et l’éducation doit en tenir compte pour réussir la formation d’un(e) citoyen(ne) libre qui porte des valeurs de travail et d‘égalité.

Ils considèrent avec raison qu’au kibboutz, où vit une communauté protégée, on est à même d’évacuer les traditions religieuses essentiellement patriarcales et misogynes et les pesanteurs du marxisme qui rigidifie l’individu en faveur du collectif… C’est d’abord un lieu où le programme de travail est clairement défini. Chacun à son tour doit prendre part aux travaux des ateliers et des champs, aux réflexions de caractère philosophique et social, sans se spécialiser. Les femmes autant que les hommes. Il faut éviter absolument l’émergence d’un groupe à part (celui des intellectuels !), de privilégiés qui oublient les racines nourricières de la société… On crée cependant un « corps » d’éducateurs. Leur rôle sera essentiel car les enfants ne vivant que peu avec leurs parents : les femmes ont conquis le droit de partager toutes les formes de travaux, donc les enfants vivent ensemble, grandissent ensemble, avec les mêmes contenus éducatifs. Quelques lignes racontent l’échec rapide de la fréquentation de ces enfants et de ceux des communautés arabes vivant à quelques pas du kibboutz : ils pouvaient bien partager des jeux (comme tous les gamins jouent au foot dans la rue) mais leur différence de culture est vite rédhibitoire… Déjà, même des enfants d’autres kibboutz qui arrivent sont tels des étrangers, qu’ils soient orphelins ou, par leur origine, aliénés par le monde capitaliste. Peut-on ne pas déclarer élitiste cette ambition si forte pour les enfants de ce seul kibboutz ?

Le personnage qui a porté à bout de bras la doctrine à Hashomer Hatza’Ir, où il installe une autonomie absolue, est Schmuel Golan. Sa femme a fourni, après sa mort en 1960, des documents précieux pour retracer cette histoire foisonnante… On imagine bien que les autres kibboutz qui voulaient appliquer le marxisme à la lettre dénonçaient et combattaient les « extravagances ». Telles les traductions, la publication d’ouvrages comme Sisyphe ou les limites de l’éducation de Bernfeld, Garçon et fille de Max Hodann, l’idée de la conscience morale formée par le surmoi… mais aussi la douche quotidienne en commun pour que chaque jeune connaisse son corps et celui de l’autre, le suivi attentif de leurs pulsions. C’était inimaginable ! Mais Schmuel Golan (qui a reçu une – trop – courte formation à la psychanalyse à Berlin) ne cesse de travailler avec d’autres collègues, qu’il aide à aller se former en Europe. D’autre part, il réussit la gageure de tenir la psychanalyse et le marxisme sur un pied d’égalité quant aux apports qu’ils représentent et à la fidélité qu’on leur doit ! A ce sujet, Israël Cohen énonce un jugement fédérateur : « Freud est un penseur de la nature qui laisse à la sociologie la tâche de tirer toutes ses conclusions dans le champ social ; ce qui le rapproche du matérialisme dialectique. » Celui-ci autant que la psychanalyse est appelé à « évoluer, se transformer, à changer de nature, bref à se dépasser dans son propre mouvement »… L’évolution en une dizaine d’années est considérable : Golan y travaille sans relâche. En 1931 le kibboutz Mishmar ha’émek accueillera un groupe de psychanalystes européens et israéliens. Une Société psychanalytique est créée à Jérusalem en 1934 et reçoit des psychanalystes allemands qui fuient les persécutions nazies et certains aussi qui ont quitté le kibboutz, trop fermé pour leur réalisation personnelle. Par ailleurs, avec Moshe Wulff, les institutrices des écoles maternelles à Tel-Aviv sont formées à accepter les manifestations de l’activité sexuelle du jeune enfant. Ce qui est tout à fait nouveau !

La lecture de ce livre souligne bien les difficultés, ne serait-ce que de l’existence même du kibboutz, de sa persévérance comme laboratoire d’idées dans la société ; ceux-ci ont su s’installer ailleurs. Claude Liebermann connaît les paradoxes, et surtout la fin temporelle regrettable de cette aventure : dès 1968, les enfants du kibboutz n’y reconnaissent que peu de chose, encore moins se retrouvent-ils dans la société contemporaine. Mais la fertilité du concept et de sa mise en œuvre est indéniable.

Hashomer : un rêve, un temps de réalité, « une belle et folle invention ».

Jeanne Perrin

Claude Liebermann

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