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Les déterminants sociaux et la perception des risques

Jacques Milliez Publié par Jacques Milliez
25 juin 2018
dans Santé
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Les déterminants sociaux et la perception des risques
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« Que de fois nous mourons de notre peur de mourir. » (Sénèque).

 

Pendant la Grande Peste de 1348, le peuple mit en place, écrit le continuateur de Nangis, des mortifications sanglantes, des courses frénétiques. Des populations entières de Flagellants partirent, allèrent sans savoir où, comme poussées par le vent de la colère divine. Demi-nus sur les places, ils se montraient en public deux fois par jour, ils ne portaient qu’un morceau d’étoffe couvrant leur corps des cuisses aux chevilles. Chacun avait la tête couverte d’un bonnet marqué devant ou au dos d’une croix rouge et chacun portait dans sa main droite un fouet à trois queues. Ces queues avaient un nœud qui, dans certains cas, était lardé de clous pointus. Ils marchaient les uns derrière les autres, en fouettant leurs corps ensanglantés. Ils se délivraient des péchés dont la peste les punissait. Ingmar Bergman dans son 7e Sceau les immortalisera à l’écran et Albert Camus, dans La Peste, disséquera la sociologie des paniques face à la montée des périls.

Rien n’a changé. La MVE, Maladie Virale Ebola, a remplacé la peste. Elle illustre de nos jours la distorsion qui existe entre la perception du risque et sa réalité. Au début du mois de novembre 2014, un avion venant de Dubaï a été immobilisé deux heures, en quarantaine sur le tarmac de l’aéroport de Boston, encerclé par une escouade d’ambulances et de personnels troussés en cosmonautes. Des passagers s’étaient plaints pendant le vol de vagues symptômes grippaux, interprétés comme les prémices d’une infection au virus Ebola. Or aucun d’eux ne venait d’Afrique de l’Ouest, aucun n’y avait séjourné. Aucun ne se révélera atteint. Le risque était nul. La disproportion entre le risque et les moyens, logistiques et financiers, déployés pour le contenir, tout comme ils le furent pour l’épidémie de grippe H1N1 de 2009, témoigne du décalage qui existe entre la peur et la réalité.

A la même époque, lors d’une conférence à Paris sur la MVE, la salle de presse était comble, tous les médias étaient présents, émus, exprimant leur inquiétude, professionnelle tout autant que personnelle, surtout une psychose collectivement paranoïaque. En effet, aucun cas de MVE ne s’était déclaré sur le sol français, et les rares malades évacués de zones épidémiques avaient guéri. Oui, mais plus tard ? Oui, mais en Espagne, aux Etats-Unis ? Est-il vrai que l’épidémie avait été volontairement provoquée par une start-up canadienne pour tester ses sérums ? Là encore, le risque était nul ou pour le moins négligeable, mais ce jour-là, et contre toute raison, de nouveau la France avait peur. La perception du risque aliène l’opinion, elle gouverne la société, elle rend fou.

Ces risques qui nous font peur

Quels sont donc ces risques qui nous font peur et d’où viennent-ils ? Ils sont tous, ou presque, les enfants de la révolution industrielle du XIXe et du début du XXe siècle, Ebola voyage en avion : « Dans l’air gras et la chaleur rancie, tombereaux pleins, la Mort circule… Les égouts roulent le poison, et les acides et les chlores, couleur de nacre et de phosphore, vainement tuent la floraison… » (Emile Verhaeren, la Mort, 1895). Ainsi que nous l’explique depuis trente ans le sociologue allemand Ulrich Beck (La société du risque, sur la voie d’une autre modernité, Champs essais, Flammarion, Paris 2001), nous sommes ainsi passés d’une société industrielle de pénurie puis de consommation, de classes, et du tout : tout le confort, tout-à-l’égout, tout de suite, à une société des risques, d’individualisation des inégalités sociales, et des sans : les sans-papiers, les sans-abri, les sans-emploi. La production sociale de richesses est systématiquement liée à la production de risques induits. L’industrie a généré des risques, réels ou présentés comme tels, impalpables et non maîtrisables ou ressentis comme tels. La société des risques est née des effets délétères induits par le productivisme contre lequel elle se retourne maintenant. Elle vise à le neutraliser, à l’anéantir si elle peut. L’industrie n’est plus la solution. Elle est devenue le problème depuis qu’elle produit des gaz à effet de serre et du dioxyde de carbone qui pourrissent le climat, des déchets radioactifs qui grésillent pour des millions d’années, des nitrates qui empoisonnent les nappes phréatiques, de l’amiante qui tue, des médicaments qui mutilent, des perturbateurs endocriniens qui engluent les biberons, des OGM qui carient le génome, des transports aériens qui percent l’armure des distances et la cuirasse du temps, jadis garants de l’invulnérabilité, pour faire gicler de virulents pathogènes dans le ventre mou des civilisations… et que maintenant l’on s’en aperçoit. On n’ose même plus manger, on ne se nourrit plus que de craintes. L’industrie alimentaire menace jusque dans les assiettes. Les poulets sont intoxiqués par la dioxine, les vaches folles par le prion des farines animales, les poissons par le mercure, les bœufs américains par les hormones, les oiseaux migrateurs par le virus de la grippe aviaire, quand le nombre des porcs chinois passe de 5 millions à 500 millions, et celui des volailles de 13 millions à 13 milliards, et devient un gigantesque réservoir à H5N1, et maintenant N7, N8, un pullulant bouillon de culture industrielle, obligeant à l’incinération de 30 millions de poules aux Pays-Bas, quand chez nous l’étable se boursoufle en ferme des mille vaches, la porcherie en maternité des mille truies, avec leurs tonnes de lisier, engrais des algues vertes meurtrières. Alors forcément, maintenant que l’on sait, on s’inquiète. Mais plus ou moins selon le bout de la lorgnette avec lequel on contemple ces risques, magnifiés ou rétrécis, si tant est, comme l’écrit Descartes, que la peur, comme toute passion, déforme la réalité. Et pour les risques, la perception vaut réalité. Dès qu’une situation est tenue pour réelle, elle est réelle dans ses conséquences. Or le risque est socialement construit, il dépend de la perception des acteurs et des valeurs en jeu.

Les déterminants psychologiques de la perception du risque

En effet, la réalité scientifique du risque, de tous les risques, compte moins que la perception qu’on en a, avec les effets pernicieux qu’elle génère. Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, on s’est rué sur la voiture par peur des avions, la mortalité par accident de la route a crevé les plafonds. Pour les ondes électromagnétiques, aucun rapport scientifique n’a jamais démontré une quelconque nocivité. Et pourtant… les citoyens rechignent à s’installer à proximité d’une antenne relais. Encore mieux : la députée EELV Madame Abeille a soumis au Parlement une loi posant le principe de « sobriété » dans l’exposition aux champs électromagnétiques, CEM, et d’un usage « raisonnable » du portable. « Nous n’avons pas légiféré, explique-t-elle, sur la base d’une certitude scientifique. Mais il existe un doute… » Alors on s’inquiète. Même si l’on reste très en dessous du seuil légal de risque, de 41 à 61V/m selon les fréquences considérées, quand même il existe un seuil. C’est donc qu’au-dessus on risque. On risque quoi d’ailleurs, le cancer ? Et ce seuil, on peut aussi bien le dépasser sans s’en apercevoir en cumulant les fréquences, non ? C’est sûr qu’il y a un doute… Alors là on devient fou. Surtout les « hypersensibles » à qui la seule idée d’onde électromagnétique chauffe l’oreille, provoque des migraines, de l’arythmie, des tumeurs au cerveau, des accès de panique ou des crises d’hystérie. Jamais aucun examen n’a apporté le moindre substrat organique à ces névroses. En aveugle les troubles, telle Vénus sortant des ondes, assaillent de la même façon ces hyperchatouilleux, que les interrupteurs des générateurs soient ouverts ou fermés. Rien que des cinglé(e)s, on vous dit.

Et pourtant la névrose existe, bien des docteurs l’ont rencontrée… Alors, la perception des risques aurait-elle des déterminants psychologiques ou psychanalytiques ? Les ondes électromagnétiques induisent, ou révèlent, c’est un fait, des névroses, obsessionnelles ou pas. Elles confinent parfois à la phobie, une intensité du ressenti sans commune mesure avec la cause, ou à la panique, support d’une peur archaïque inconsciente. La perception des risques peut conduire à s’analyser à travers de possibles traumatismes psychiques de l’enfance, des frustrations, de dysfonctionnements parentaux. Elle ressortit peut-être à un malaise dans la civilisation encouru du fait de la répression pulsionnelle, inhérente, selon Freud, au processus civilisateur nécessaire pour organiser la culture, la société… La psychologie psychanalytique module de fait la perception des risques : pour le terrorisme, le bioterrorisme, les épidémies, le nucléaire, l’angoisse, une peur sans objet, la dépression, la métapsychologie freudienne amplifient la perception du risque. Au contraire, inspirée peut-être par des pulsions de destruction ou de mort, la tentation de la banalisation, ou pire du déni, conduit à sous-estimer le risque réel, voire à volontairement l’affronter, juste pour la jouissance de le dominer, pour confirmer que vivre vaut la peine, pour anesthésier une souffrance sociale ou une crise d’adolescence, d’ailleurs qui ne risque rien n’a rien. La perception du risque peut encore s’exprimer par la peur et le rejet de l’autre, l’édification de murs, la dénonciation d’un bouc émissaire. A travers « Monseigneur Ebola » par exemple, on vise, mais seulement d’un œil, l’immigration en soufflant la haine de l’altérité qui menacerait l’identité et l’intégrité. La perception du risque confine alors au délire. D’ailleurs vouloir fermer les frontières pour se protéger contre les migrations climatiques ou contre les risques de la mondialisation est aussi stupide que de conseiller à un nouveau-né de retourner dans l’utérus de sa mère pour échapper aux risques de la vie.

La perception des risques et les classes sociales

Il n’en reste pas moins que pour garder sa cohésion – comment voulons nous vivre ? –, la société cherche à expliquer comment les risques qui nous menacent peuvent être supprimés, diminués, canalisés, endigués et évacués afin qu’ils ne franchissent pas le seuil de ce qui est tolérable d’un point de vue économique, écologique, psychologique, culturel, médical ou social. Il s’agit des risques issus de la production industrielle mais aussi, par extrapolation, de tous les risques séculaires, préindustriels voire médiévaux, le vieillissement, les maladies et les intempéries, l’insécurité… La société assurantielle de François Ewald, pour la santé, l’automobile, l’habitation, le crédit, les accidents du travail…, assure le risque individuel au quotidien, mais elle ne rassure en rien sur l’avenir et les risques globaux, sur la pérennité de la vie sur terre, ou l’autodestruction de la planète (David Le Breton, Sociologie du risque, Que Sais-je, PUF, 2012). L’utopie d’égalité de la société de classes, en partie achevée parce qu’elle a créé des droits positifs pour qu’adviennent des jours meilleurs, est remplacée par l’utopie de l’insécurité de la société du risque qui s’acharne au contraire à empêcher par des interdits négatifs que n’adviennent des jours de cendre. La solidarité du besoin est remplacée par la solidarité de la peur. L’une accélère, l’autre freine.

Pour répondre entièrement il faut comprendre comment les risques sont perçus et quels sont les déterminants de cette perception. Au fond, par ses nuisances, la société de production avait légalisé à bas bruit et remplacé dans la paix les destructions à grands fracas perpétrées par les guerres. Mais les temps ont changé. Autrefois, pour ne pas mourir de faim, on acceptait sans les voir les effets de ces destructions nés de la production. Aujourd’hui, on les voit et on les refuse. Seuls ferment encore les yeux les plus pauvres, les nations en développement ou en croissance, l’Inde, la Chine, ou les catégories sociales les plus précaires. Elles préfèrent le risque à la faim, car le refus du risque est un luxe de riches. La sécurité n’est pas sociale. Le besoin prioritaire de se nourrir gomme la perception du risque, il élève son niveau de tolérance jusqu’au déni, à l’inconscience, au scotome, au danger, il dresse un rempart derrière lequel fructifie l’anopsie, Vanel et Montand auraient parlé de salaire de la peur. Que s’implante une centrale nucléaire ou une usine chimique, une autoroute, une décharge, ceux dont les moyens permettent de s’en éloigner n’y perçoivent que le risque d’irradiation ou d’intoxication, de pollution sonore ou olfactive. Ils manifestent contre et ils s’en vont. Les autres, les syndicats ouvriers, n’en retiennent qu’une opportunité d’emploi et de logements peu chers, sur des terres à valeur patrimoniale dévalorisée, ils se mobilisent pour et ils y viennent. Le prolétariat de la société du risque gîte au pied des cheminées d’usine. Le risque de saturnisme, l’intoxication par le plomb, affecte les canalisations des habitats vétustes. Mais dans les quartiers et dans les squats, le risque est plus grand de se faire plomber par le métal des seringues ou la lame d’un surin, alors, quand on est en galère, on zappe sur le saturnisme. On y loge d’ailleurs peu de riches, c’est connu, dans ces taudis. Né en bas, on a plus de risque de devenir chômeur quand on n’a pas pu se payer une formation ou des études supérieures, plus de risques de se mithridatiser au mercure quand on n’a pas les moyens de manger « bio ». La société des richesses, pour les pauvres, croise la société des risques, pour les riches. La lutte des classes a été supplantée par la lutte de ceux qui sont exposés aux risques contre ceux qui les produisent et qui en profitent. Le risque s’exporte d’ailleurs quand il faut. Nos champignons atomiques, aux riches heures des trente glorieuses, nous les avons fait pousser aux cailloux du désert algérien ou dans les lagons d’outre-mer, pas dans la Beauce.

La perception des risques globaux : une guerre de civilisation ?

Mais c’est regarder là par le petit bout, régional, étriqué, de la lorgnette. Car personne finalement, riche ou pauvre, « citoyen ou bourgeois », n’échappe en fait au risque. La pauvreté est inégalitaire, mais le trou dans la couche d’ozone est démocratique. Les situations de danger ne sont pas/plus seulement des situations de classes, elles touchent potentiellement tout le monde. Réchauffés climatiques de tous les pays, unissez-vous. Le pain fait l’émeute, la survie fait consensus. La menace climatique, le risque nucléaire transforment la société du risque en une société de possible catastrophe universelle et permanente. Elle abolit les différences de classe, le temps, l’espace, les frontières (le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté aux Alpes), les blocs géopolitiques, la diagonale des causes. La pureté des pommes de Normandie dépend moins de la centrale de la Hague que des traités internationaux de désarmement nucléaire, le maïs du Tarn moins de la retenue d’eau de Sivens que du respect du protocole de Kyoto et de Copenhague. Mais attention, danger. Le risque globalisé est sournois : s’il semble impossible d’y échapper, peut-être vaudrait-il mieux ne plus y penser, oublier la bombe. Certes bourreaux et victimes se neutralisent, ils se tiennent par la barbichette, et la guerre nucléaire détruit aussi celui qui attaque. Mais ce qui inquiète malgré tout, c’est que comme les missiles Polaris, le danger, individuel il est vrai, surgit d’où on ne l’attend pas : autrefois agents de nos convivialités, l’alcool, le tabac, l’embonpoint, le beurre, l’huile de palme, le foie gras, salé sucré, bougez plus, les frites et les sodas, les barres chocolatées, les os à moelle, le feu de cheminée, le barbecue, le bronzage, le sac plastique, les thermomètres à mercure, les jouets d’enfant, les piles, les sprays, les colorants, et même les galipettes… sont devenus nos pires cauchemars. Alors pareil pour les risques globaux. Pour le réchauffement climatique, la girouette n’indique pas clairement d’où vient l’attaque, les fumées de Shangaï, ou le soleil qui se rapproche, ou un nouveau cycle de déglaciation. Après tout, sans évoquer les temps diluviens, le niveau des mers au Moyen Âge était, on n’y était pas mais on nous l’affirme, plus élevé qu’aujourd’hui. En plus ces risques qui nappent le globe sont impalpables, on ne les touche pas, on ne les voit pas, et même si, le nez dessus on les sent, chacun ignore ce que l’eau, l’air, le pain, la viande contiennent vraiment de particules radioactives ou de produits toxiques. On ne l’appréhende qu’à travers de formules mathématiques, des calculs de seuils, des statistiques de probabilité, des mesures d’astrophysique. Autrement dit, de l’abstrait, du théorique, du conceptuel, du méningé, de l’abscons, de l’ésotérique, du vent quoi. Pour sûr, la banquise et les ours polaires, il y a la télé, on les voit… Mais nous, Français, ne sommes responsables que de un peu plus de un pour cent de la pollution de l’atmosphère. Alors quoi, que peut-on faire ? On veut nous faire peur, nous culpabiliser ? De quoi et pour qui ? Pour les « anti-tout » qui ont peur de leur ombre parce qu’elle fait de la croissance dès que le soleil quitte le zénith ? Ou pour le big-business qui pense encore que seul le surcroît de richesse assure le progrès social et espère vendre très cher l’antidote aux problèmes qu’il a lui-même créés, transmuter le plomb de l’angoisse en or industriel, le creuset de la peur en pots catalytiques ? Ou encore nous berner par des solutions cosmétiques, vendre, à fort prix, des voitures censément propres dont l’électricité ne provient pas de pédaliers mais de la fission atomique. Aux cris des « anti-tout »,  attention aux scarabées, répond l’écho du big-business,  attention à l’emploi. Guerre de religion civilisationnelle ? Ayatollahs du vert contre apôtres du CAC quarante ? PIB contre bien-être ? Bien trop simple. On ne peut pas faire de l’industrie le bourreau et de la nature la victime, ou l’inverse, de la technique le progrès et de l’écologie l’éteignoir, ou l’inverse, en abstraction des conséquences sociales, politiques et culturelles des risques encourus de part et d’autre. (Culture and Health, The Lancet Commission Lancet 2014 ; 384 : 1067-39).

Définition des risques et perception des responsabilités

L’ampleur, l’urgence et l’existence des risques varient en fonction des critères, pas tous scientifiques, choisis pour les définir donc pour les retenir, des intérêts, par essence conflictuels, à les confesser, surtout quand il s’agit de déterminer des causes, donc des responsabilités. Or le mode de production industrielle est si complexe qu’il est souvent impossible de cibler une seule cause. Est-ce l’agriculteur qui pollue les sols avec ses nitrates, la flore et la faune avec ses pesticides, ou le négociant qui lui colle ses produits, la réglementation européenne qui lui impose ses normes, les subventions qui lui servent de souteneur, ou les experts qui lui fixent des seuils ? Quelle est la limite acceptable d’une intoxication ? Si tout le monde est responsable, personne n’est coupable, alors gai, gai, polluons tout… Et toujours plane la menace écologique. Car, si l’eau reste potable, il adviendra forcément un jour où les sous-sols défaillant de leur fonction de filtre, saturés de nitrates, dégorgeront en vrac leurs poisons dans la nappe phréatique. Mais tant que le risque n’est ni démontré ni admis, ni a fortiori réalisé, il est, dans le doute productiviste, volontiers nié. Pourtant le risque est bien réel, phréatique, climatique, il n’est encore que perçu, pressenti pour demain, fictif, construit, encore inexistant. La conscience perçue du risque ne se situe pas alors dans le présent, elle se projette dans l’avenir. Elle donne longtemps le sentiment donquichottesque de se battre contre des moulins à vents, ou comme Cassandre de hurler dans l’oreille des sourds. Jusqu’au jour où la pointe du boomerang frappe l’aile du destin ou le tympan du réfractaire, et où le pollueur prend conscience que les « risques induits latents », à cause des conséquences sociales, judiciaires et politiques, de la stigmatisation et des boycotts, des condamnations pénales, des malus, des pénalisations et des dédommagements, des honoraires d’avocats, le frappent au porte-monnaie et minent son industrie. Alors il vit son chemin de Damas et au soleil de l’altermondialisme, il emboîte, avec l’énergie des catéchumènes, la danse sacrificielle des protecteurs de la nature. Feu Christophe de Margerie en fut le prosélyte. Après le naufrage de l’Erika, Total s’est offert un lifting, une cure de chirurgie esthétique baba-cool. On en voit trop les cicatrices, mais on a trop besoin du pétrole pour le brûler en place de Grève. A Pékin, le Parti avait interdit le smog pour la semaine, la Chine et les Etats-Unis se sont serré la main au-dessus d’une cheminée d’usine désormais révisionniste. Ruse politique, bûcher des vanités, course de dupe où le premier qui démarre a perdu, ou bien sincère « crise de Cuba » écologique à développement durable ?

Média et perception du risque

Parce que, au fond, qu’en savent-ils du risque M. Barack Obama et M. Xi Jinping ? Ce que croit en connaître la science, ce qu’ont bien voulu leur en dévoiler leurs experts, ce que leur dictent leurs opinions publiques. Or, entre la constatation d’un risque, admis par la science, approprié par la politique, et la prise de conscience de ce risque par une foule scientifiquement inculte, le fossé se creuse. Experts et profanes ne partagent pas les mêmes préoccupations. L’opinion, la foule, puise son information de deux sources dont elle se méfie également : les médias et la « science ». Les films d’Al Gore et de Yann Arthus Bertrand ont sensibilisé aux risques climatiques mieux que tous les rapports d’experts, mais ça, c’est du cinéma, du travail d’artiste. Les médias n’ont pas plus accès à la connaissance scientifique, ni n’exercent à son endroit plus de capacité de critique, que la ménagère de cinquante ans qu’ils sont censés convaincre. Les journalistes bavent les papiers qu’on leur dicte, et répètent par psittacisme ou écholalie les dépêches des agences officielles. On ignore qui choisit l’information, et qui met sur les risques l’accent ou la pédale douce. Comme par hasard le sentiment d’insécurité augmente avant les élections, la fièvre monte. On entend plus parler des voitures brûlées à la Saint-Sylvestre, on se rassure. Les drones survolent les centrales nucléaires, ça craint. Ce sont des jouets d’enfant, ils ne bombardent qu’en Irak, on dort mieux. On buzze sur la mort d’un petit opéré de l’appendicite, la médecine tue. On monte en épingle une thérapie miraculeuse contre la myopathie… chez le chien, elle nous sauve. Le cœur du réacteur nucléaire nous crame, le cœur de Carmat nous réchauffe. Le clonage, le Belzébuth des noyaux, chevauche le cinquième cavalier de l’Apocalypse, le bébé-éprouvette et la greffe d’utérus font pleurer Margot dans les lucarnes. Jamais on ne commente le fond, le revers des médailles télégéniques. L’info surfe sur l’écume des risques, la pédagogie n’est pas miscible dans l’audimat. Pourtant, la perception des risques reste totalement média dépendante.

Les experts, la science et le risque

Alors si les m’as-tu-vu et les bonimenteurs nous bernent, entendons les savants. Eh bien, pas mieux. D’abord on n’y comprend rien, ensuite ils nous jouent pareil du pipeau. Et du péremptoire, encore. Leurs vérités révélées, « on va tous partir en vrille », ou au contraire « ne craignez rien on s’en occupe », ne reflètent que les tables de leurs lois. Ils les assènent sans vergogne, qui oserait les contredire ? Justement les vrillés, les sans science, les aveugles de l’équation les contestent : les taupes se rebiffent. Elles veulent maintenant savoir, à tout prix s’approprier la connaissance, du moins la part qu’elles en pourront saisir, et se mêler elles-mêmes de démêler les écheveaux du risque. Les observatoires en tous genres prolifèrent, et ils ne se privent pas d’invectiver. D’abord, des savants, pas deux ne sont d’accord, quand l’un dit blanc l’autre écrit noir. On se réchauffe, c’est scientifiquement prouvé, et même vu à la télé, il faut couper les gaz, disent les uns, même pas vrai répondent les autres, c’est un cycle, ça passera, inutile de pédaler. Le gouvernement du Canada décide de se retirer du protocole de Kyoto, la Pétition de l’Ontario no 329 du 20 décembre 2011 le conteste : les experts rejouent règlement de comptes à OK Corral. En 2009 déjà, la ministre pharmacienne prenait le virus H1N1 en grippe, bof, juste une grippette, persiflait le député chirurgien. Du coup, bien embarrassés, on est restés avec des millions de vaccins sur les bras, qui nous en sont tombés. A ma gauche : nos centrales nucléaires qui se rident ; à ma droite : l’assurance qu’elles seront centenaires. Les malthusiens annoncent la fin du monde par surpopulation, alors même que par la baisse de la fertilité l’inversion de la pyramide des âges assurerait la transition démographique et un niveau étal de 9 milliards d’humains en 2050. Alors on ne sait plus vraiment qui croire, ni vraiment ce qu’on risque. Non seulement les savants se contredisent mais en plus ils se plantent, et ils nous trompent, ils nous enfument. Le rapport Rasmussen au milieu du siècle dernier donnait pour négligeable le risque nucléaire, moindre que celui de recevoir un météorite sur la tête. Curieusement le ton a changé après l’accident de Three Miles Island en 1979, et surtout après Tchernobyl. En 1974, René Dumont, lors de sa campagne présidentielle, la première d’un écolo, nous avait prédit, un verre à la main, qu’à la fin de son siècle nous n’aurions plus d’eau. Sous le pont Mirabeau coule toujours la Seine. Et nos amours, faut-il qu’il nous en souvienne : le risque du sida relevait du phantasme, les sommités médicales y avaient mis leur crédibilité sur les plateaux du trébuchet de l’opinion, inutile de chauffer les produits sanguins pour hémophiles. Patatras. Alors le poison s’est instillé aussi dans la tête des traqueurs de risques. Les experts nous mentent, on ne les croit plus. Plus que de leur crédibilité il faudrait d’ailleurs s’interroger sur leur crédit. Leur crédit bancaire forcément. Car combien ont nié des risques par conflit d’intérêt ? Pour les irradiés nucléaires, pour les risques chimiques, pour l’amiante, pour la vache folle, pour les prothèses mammaires, le sang contaminé, le Mediator, les pilules de troisième génération, les intérêts économiques étaient tels qu’ils interdisaient la divulgation de la vérité jusqu’aux limites du crime, jusqu’au scandale de trop, bien souvent homicide. Voilà pourquoi les définitions scientifiques du risque ne sont plus audibles. Elles ne peuvent plus, dans un contexte sociologique où règne la défiance, voire le dénigrement, s’imposer comme un dogme au nom d’une rationalité désormais insuffisante. Finie l’Inquisition de la vérité rationnelle. « En vérité je te le dis, ta vérité je la mets cul par-dessus tête en un clin d’œil », ainsi parlait, déjà Zarathoustra. Et d’ailleurs quelle vérité, quelle rationalité ? La recherche épistémologique a changé de camp, le citoyen lambda enquête lui-même sur la fiabilité des sciences. Tenez, les rapports du GIEC, l’alpha et l’oméga de la future grillade : pour chaque poste étudié, le calcul est exprimé non pas par un chiffre, mais par une fourchette de risques soumises à des « si », en gros de 1° à 4°-6° d’ici à la fin du siècle. Quand c’est flou, y a un loup, quand il y a fourchette, il y a cachette. Les astrophysiciens avec leur plan sur la comète d’une éblouissante précision n’ont-ils pas, après un trip de dix ans et de cinq cents millions de kilomètres, déposé Phylae, de Rosetta, sur un bac à sable, sans fourchette ? Eux, ils ne savent pas les climatologues, ils supputent, ils supposent, ils conjecturent, ils approximent, ils probabilisent, ils tâtonnent, ils devinent, ils testent, ils hésitent. Le risque est une incertitude quantifiée dont les statistiques mesurent la probabilité d’occurrence. Et le pékin rit, il a compris que la statistique climatique n’est qu’une courbe de « gausse », une nébuleuse de points, un hasard sous cloche, un chapeau qu’il ne veut pas porter. D’ailleurs, si à l’extérieur les savants semblent si sûrs d’eux, c’est qu’à l’intérieur de leur communauté, ils ne veulent pas y paraître, mais ils doutent. Le doute scientifique, disent-ils, comme fondement de la vérité. Il n’est plus permis d’en douter : il n’y a pas de vérité en science, mais des vérités successives, toutes biodégradables, toutes aussi éphémères. Elles se chassent l’une l’autre, parce que chacune d’elle n’est qu’hypothèse que l’hypothèse suivante détruit, et c’est ainsi qu’avance la vérité. La vérité scientifique est conjecturelle, un questionnement permanent. Ses triomphants points d’exclamation ne sont que de longs points de suspension jalonnés de points d’interrogation. La physique de Newton n’est plus ce qu’elle était, révisé Einstein est relativisé, la théorie de Planck n’est plus quantique, le boson de Higgs ringardise Fermi… Conjecturelle, la vérité scientifique est aussi conjoncturelle. Elle dépend du moment, des modes, des influences, de la terre et du climat aurait dit Montesquieu comme pour l’Esprit des Lois, elle se plie aux exigences et aux croyances de l’époque. On a brûlé Giordano Bruno pour son apologie de la doctrine hérétique de Copernic. Teilhard de Chardin, paléontologue, anthropologue, jésuite, a été mis à l’index parce que trop tôt et avant tout le monde il avait cru au Big Bang et à l’évolution des espèces. De même que l’on écrit plus pareil après Céline, que l’on ne peint plus pareil après Picasso, on ne croit plus avant comme après Ptolémée, avant comme après Galilée, avant comme après Darwin, avant comme après Pasteur, avant comme après Freud, alors on ne croira plus après comme pendant le GIEC. En vérité, vous savez, on ne nous dit pas tout.

Le prisme des politiques

Il reste heureusement une boussole vers laquelle le regard se tourne, les politiques. Sûrement ils réfléchissent et diffractent en notre direction une perception du risque certifié, ils savent sûrement ce qu’ils font, le sort du monde est entre leurs mains, on l’a vu à Pékin. En fait, pauvres naïfs, les plus cocus dans l’affaire, c’est eux. Les voilà responsables de risques qu’ils n’ont pas voulus, qu’ils n’ont pas créés, qu’ils n’ont pas décrétés, et contre lesquels on exige maintenant qu’ils nous protègent, sans leur en donner les moyens, sauf la nomination de Michel Rocard au ministère des pingouins bien sûr. Ils sont groggy dans les cordes, les politiques. Dès qu’ils sourient aux écolos, les lobbies industriels qui les marquent à la culotte leur balancent un direct du droit. Dès qu’ils font des mamours aux entreprises, les écolos leur décrochent un crochet du gauche. Leur tête ballotte, comme leurs convictions. Alors la Constitution monte sur le ring et les mets K.-O. debout avec un uppercut – le principe de précaution : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorité publiques veillent par application du principe de précaution à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées, afin de parer à la réalisation du dommage. » On n’est pas près d’assister à la disparition des Abeille. En posant les conditions d’acceptabilité sociale du risque, le parapluie de la frilosité, faute d’investissement, coupe les bourses à l’audace. Il rouvre la plaie du besoin. Fini le nucléaire, on repasse au tout charbon, on pourra bien cailler et cracher ses poumons en attendant que la marée monte, que le soleil se lève et que le vent souffle dans les éoliennes. Finis les OGM, tant pis pour les morts de faim au tiers-monde, finis les gaz de schiste, tant pis pour les chômeurs, finies les échelles pour la cueillette des prunes, tant pis pour les journaliers, finie l’innovation, tant pis pour la croissance, fini le clonage, tant pis pour la thérapie cellulaire et on ne saura jamais pourquoi l’homme est le seul être vivant que l’on ait jamais réussi à cloner. Mon Dieu, tant pis.

Alors, finis aussi les politiques, tant pis pour les élus. On les conteste, on les conspue. Autorité régalienne de l’Etat, le peuple aura ta peau. Les questions prioritaires de constitutionnalité ne lui suffisent plus. Il exige une démocratie participative, des référendums d’initiative populaire, des votations, qui lui permettront de se mettre au Vert quand il voit rouge. On crée des class actions, des collectifs, contre les maires qui ont délivré les permis de construire en zones inondables, on se retourne éventuellement contre Météo France qui n’aurait pas affiché la bonne couleur avant les inondations du Gard. A cause de sa perception singulière autant que visionnaire des risques naturels et industriels, l’écologie s’est installée comme mouvement politique. Sans doute pour économiser le carburant, elle n’a jamais décollé. Mais les Verts en colère, ça chauffe la moustache. On démonte les McDo, on fauche les OGM expérimentaux, on brise les portiques écotaxe. On fait barrage contre les retenues d’eau et on exige l’annulation de votes démocratiques qui dérangeraient les grenouilles. Et puis les lanceurs d’alerte se mettent à lancer aussi des cocktails Molotov et des bouteilles d’acide contre les gendarmes pour sauver tout à la fois une zone humide et la planète, comme Rambo. Quand une poignée d’inspirés impose par la force ses utopies à la majorité, la perception des risques ressemblerait plus au fascisme qu’à la démocratie. Surtout quand elle fait un martyr.

L’avenir de l’homme

Si la perception des risques divise parfois avec violence, elle sait aussi prendre de la hauteur. Depuis le « Toit du Monde » Teilhard, le revoilà, méditait sur L’avenir de l’Homme  (Editions du Seuil, Paris, 1959). Il assurait que sous nos pieds, toutes menaces confondues, y compris l’évolution de la température, la terre porterait l’humanité pendant encore deux ou trois millions d’années. Il croyait au Christ mais pas aux miracles, aux prévisions mais pas aux prophéties. Dès le début des années vingt du siècle dernier, il prédisait qu’entre la géosphère, la lithosphère, la biosphère et, tout en haut, l’atmosphère, se déplisserait une sphère de conscience, la noosphère. Une sorte de tissu, de film, de plasma, de nappe sur laquelle se transmettrait, se transmettra, de façon instantanée, l’information. Ce sera la conscience, de plus en plus réflexive, que l’humanité aura d’elle-même. Sans rien pouvoir en connaître ni même en deviner, il décrivait une toile : le web. Aujourd’hui, c’est fait : Internet, satellites de communication, paraboles, grandes oreilles, réseaux sociaux, Skype, téléphones mobiles, ordinateurs surpuissants réagissant en une fraction de seconde aux mouvements des marchés, la noosphère nous couvre de son dôme. Bonne nouvelle sur Twitter : tous les humains sont désormais indissolublement liés, l’humanité est une et elle en a conscience. Et quand une charolaise pète du méthane dans son pré, la terre entière est au courant. Et elle proteste, enfin. Allô, coucou, c’était sympa de se causer, mais là y’a urgence, on l’a perçu, la vache, elle menace grave la couche d’ozone, et par la même la respiration de mon bébé ouzbek ou de ma grand-mère esquimaude. C’est de ça qu’ont causé Obama et Xi Jinping, pas du cours du dollar. Du sort de l’humanité tout entière, réconciliée pour le meilleur contre le pire. Elle se serre les coudes, ils se serrent la main. La menace climatique n’est plus perçue seulement comme un risque. Vrai ou fausse, si elle unit les hommes, elle est devenue une chance.

 

Professeur Jacques Milliez

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