Communication faite au colloque « Allemagne, France, Royaume-Uni : Regards croisés sur l’énergie », organisé par Passages/ADAPes le 26 octobre 2015 au palais du Luxembourg, Paris.
Je m’attacherai à montrer, d’une part, ce que nous faisons à EDF et pourrons faire demain dans le contexte actuel et, d’autre part, la perspective suivant laquelle le groupe se transforme et définit ses orientations stratégiques. A l’horizon 2030, il faudra faire le lien entre ce qu’on peut considérer aujourd’hui comme un projet dimensionnant, à la fois en France et au Royaume-Uni, et la préparation du renouvellement du parc nucléaire avec des réacteurs sûrs, propres et compétitifs.
Le groupe EDF est présent en Europe (France, Grande-Bretagne, Italie, Belgique, Pologne) et dans le monde (Etats-Unis, Chine, Asie du Sud-Est). En 2014, il a produit 87 % de son électricité sans CO2, meilleure performance au kWh produit (102 g de CO2 au kWh) parmi les dix premiers énergéticiens mondiaux. EDF contribue à la maîtrise des émissions de CO2 de la France grâce à un parc de production majoritairement bas-carbone, qui ne produit que 17 g de CO2 par kWh, près de 20 fois moins que la moyenne européenne. Par habitant, c’est moins que la moitié de ce qu’émet l’Allemagne.
Cet excellent résultat est dû au fait que notre mix associe majoritairement l’énergie nucléaire et l’énergie hydraulique (où nous avons les premières capacités européennes), en ajoutant des nouvelles énergies renouvelables (éolien et solaire). Ce mix repose certes sur la puissance et la constance apportées par le nucléaire, mais aussi sur la variabilité que nous avons introduite sur nos réacteurs ; un réacteur de 1 000 MW peut descendre jusqu’à 200 MW à la vitesse de 50 MW par minute. C’est très important pour adapter la production à la consommation et faire fonctionner un mix Nucléaire-ENR. Et nous avons une excellente sécurité d’approvisionnement ; c’est – il ne faut pas l’oublier – un élément clé en matière d’indépendance énergétique nationale, aspect dont on oublie trop l’importance. Le mix d’EDF, qui associe donc majoritairement le nucléaire et les énergies renouvelables, repose ainsi sur la complémentarité : la puissance et la constance apportées par le nucléaire, le volontarisme des énergies renouvelables, malgré tout intermittentes, et pour autant la sécurité d’approvisionnement que permettent ces 2 types d’énergie. Simultanément, au plan mondial, le secteur est en pleine mutation, compte tenu surtout de la prise de conscience du risque de changement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre.
Les projections nous montrent que la demande d’énergie va croître dans les vingt années qui viennent, alors que s’impose la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Concilier ces deux tendances représente un défi technologique considérable. Nous devons mobiliser au maximum les énergies décarbonées et réduire l’impact des autres sources en matière de CO2. EDF est un acteur de référence qui possède de nombreux atouts. Notre mix de production est très compétitif, grâce à l’exploitation de 73 réacteurs nucléaires en Europe (soit 16 % des 450 réacteurs nucléaires qui constituent le parc mondial). Ce mix est également très compétitif car le prix correspondant est de 15 à 20 % inférieur à la moyenne européenne et ne représente que la moitié du prix allemand. De plus, notre mix est peu exposé à la fluctuation des prix des matières premières car l’uranium ne représente que quelques % du coût de production du kWh, alors que, dans sa filière, le gaz représente 60 % de ce coût.
Nous avons, en début d’année, redéfini notre vision stratégique à l’horizon 2030. Pourquoi 2030 ? Parce que 80 % de nos réacteurs ont été réalisés entre 1980 et 1990. Nous avons eu, certaines années, six réacteurs en cours de construction. Même en prolongeant leurs durées de fonctionnement, éventuellement jusqu’à 60 ans comme le font les Etats-Unis, il est impossible, d’un point de vue industriel, d’arrêter tous les réacteurs au même âge car l’effort de renouvellement serait trop important. Un lissage est nécessaire : on peut amener les réacteurs les plus anciens aux environs de 50 ans et les plus récents à 60 ans. Cela permet de préciser l’objectif pour 2030 ; puis un cap crucial devra être franchi pour lancer le renouvellement du parc. Les décisions correspondantes devront être prises vers la fin des années 2020.
Nous inscrivons évidemment ce projet stratégique dans le respect de la loi de transition énergétique. Celle-ci fixe le plafond de capacité au niveau du parc actuellement en exploitation ; le plafond de capacité totale autorisée est de 63,2 GW, soit la capacité du parc en exploitation ; la part du nucléaire dans la production d’électricité devra être de 50 % à l’horizon 2025 et les émissions de CO2 sont à réduire d’au moins 40 % entre 1990 et 2030. Nous mettons en place un processus permettant d’aller progressivement vers ces objectifs en tenant compte du niveau de production, de l’évolution de la consommation et de tout ce qui peut se passer au fur et à mesure des années. Il serait absurde de se figer dans une planification rigide qui définirait de manière détaillée, réacteur par réacteur, la date à laquelle il faut commencer le renouvellement. L’histoire montre en effet qu’on a connu, dans les années précédentes, des changements de paradigme assez importants. Si, en 1971, on avait demandé à mes prédécesseurs quel type d’électricité ils voyaient à l’horizon 2000, ils auraient sans doute répondu : « Il faut faire des centrales au fuel (parce que le fuel n’est pas cher) et arrêter le nucléaire (car à l’époque le nucléaire coûtait cher). » N’oublions pas l’engouement récent pour le gaz, avec la construction de nombreuses centrales dont certaines ont été arrêtées depuis. Il faut donc être prudent et garder toutes les cartes en main, en se gardant de tirer des conclusions péremptoires. Dans ces conditions, il apparaît pertinent de travailler par prévisions pluriannuelles, plus précisément quinquennales, avec différentes hypothèses (minimale, maximale…), et de ne pas rentrer prématurément dans les détails, ce que prévoit la loi à travers les Plans Pluriannuels de l’Energie.
Pour nous qui, au plan européen, sommes très compétitifs, l’ambition est assez simple :
– être le leader reconnu des grandes installations de production d’électricité bas carbone ;
– avoir un mix nucléaire-renouvelable sûr, propre et compétitif ;
– assurer un développement équilibré, à partir d’une situation très favorable, en utilisant trois leviers : le nucléaire, les EnR et l’efficacité énergétique.
A cette fin, nous devons prolonger en toute sûreté la vie de notre parc et préparer son renouvellement en partie par du nucléaire, en partie par des EnR, et peut-être par autre chose car il faut laisser les différentes possibilités ouvertes.
L’énergie nucléaire produit 30 % de l’électricité de l’Union européenne, à partir de l’exploitation de 131 réacteurs. EDF exploite un parc de 73 réacteurs nucléaires, 58 en France répartis sur 19 sites, et 15 au Royaume-Uni via EDF Energy. Nous préparons une exploitation du parc nucléaire dans la durée. C’est une solution compétitive imbattable.
Plusieurs Etats européens ont décidé de réaliser des investissements pour prolonger en toute sûreté la vie des centrales nucléaires. C’est l’objet du grand carénage en France et c’est aussi tout l’enjeu de ce que font les Britanniques qui visent à prolonger de huit à dix ans la durée de fonctionnement de leur parc. Mais, quant à faire des investissements importants, pourquoi ne pas construire du neuf ? Parce que l’Europe connaît une stagnation économique, une stagnation de la consommation et de la production. Tous les calculs économiques montrent qu’il est beaucoup plus rentable de prolonger les centrales existantes et d’opérer ainsi un certain lissage.
Je souhaite approfondir le programme Grand Carénage ; c’est un programme d’une ampleur exceptionnelle, qui s’étalera de 2014 à 2025 et dont le coût est estimé à 55 Md€, soit environ 4,5 Md€ par an. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’un parc normalement exploité demande environ 50 M€ d’investissement par réacteur et par an pour garder un bon niveau d’exploitation et de sûreté. Donc, en situation de croisière, le parc d’EDF représente un niveau d’investissement d’environ 3 Md€ par an. 4,5 Md€, c’est évidemment 50 % de plus mais c’est parfaitement réalisable avec suffisamment d’anticipation et de préparation.. Comme nous avons démarré notre programme nucléaire entre 1984 et 1990, nous avons des centrales qui atteignent la trentaine d’années et c’est à cet âge-là qu’un certain nombre de composants doivent être rénovés. En même temps, nous apporterons des améliorations significatives de sûreté pour tenir compte du retour d’expérience de Fukushima et surtout pour atteindre le même niveau que les réacteurs de troisième génération qui apparaîtront alors dans le paysage énergétique. Ce programme est lié à des enjeux importants pour la France, notamment en matière de compétitivité. L’objectif requis, en termes de coût complet économique incluant l’amortissement de l’investissement initial, est de 55 € par kWh (source rapport de la Cour des comptes de mai 2014). Si on considère le coût cash, on reste de toute manière inférieur aux coûts de production européens. La rentabilité économique du grand carénage ne fait aucun doute.
Nous avons aussi en France des enjeux d’indépendance énergétique et d’emploi qui sont très importants. Le grand carénage n’est pas un but en soi. C’est plutôt l’ouverture d’un scénario, qui permettra, à la fin des années 2020, d’amorcer le renouvellement de notre parc nucléaire de manière maîtrisée, sûre et compétitive. Les difficultés rencontrées sur Flamanville 3 sont liées au fait que, lorsqu’on arrête de construire des réacteurs pendant une dizaine d’années, le tissu industriel connaît une certaine évaporation ; si ensuite on reprend l’activité, surtout avec des exigences accrues, notamment en matière de sûreté, on rencontre évidemment un certain nombre de difficultés. A cet égard, la comparaison avec Taishan, l’EPR chinois, est très illustrative : le réacteur de Taishan est un réacteur français, mais il est construit en sol chinois, avec des équipes qui n’ont pas cessé de construire des réacteurs nucléaires. Quoi qu’il en soit, il sera connecté au réseau en 2017 ; ce pourrait donc être le premier réacteur nucléaire de troisième génération couplé à un réseau électrique.
Nous terminons actuellement Flamanville 3 avec une bonne dynamique, nous allons achever Taishan et mettre sur les rails Hinkley Point. Mais, au-delà, l’objectif majeur, c’est de concevoir le remplacement de nos réacteurs nucléaires en bénéficiant du retour d’expérience acquis sur ces opérations et sur l’ensemble du parc existant. Il s’agit d’aboutir à un EPR optimisé, sûr et capable de produire en version de série un MWh très compétitif au plan européen. Tel est l’objectif des prochaines années ; tout ira très vite, surtout si nous voulons être prêts dans les années 2030 à connecter un EPR « nouveau modèle » au réseau. L’engagement du grand carénage, c’est une suite d’opérations qui sont à lancer progressivement à partir de maintenant. Ce n’est pas un processus qui enferme ; c’est au contraire une démarche ouverte qui sera périodiquement revisitée. Cet engagement progressif du programme est en parfaite cohérence avec l’approche PPE/PSE retenue dans le projet de loi TE qui prévoit, tous les 5 ans, de réexaminer la situation du mix énergétique au vu des enjeux climatiques, de la sécurité d’approvisionnement et des coûts pour le client.
Simultanément, EDF entend devenir un acteur majeur du développement des énergies renouvelables dans le monde et notamment en Europe.
Je conclurai en vous rappelant notre ambition, qui est de faire d’EDF « un électricien performant et responsable, champion de la croissance bas carbone ». Nous devons nous préparer au renouvellement du parc à l’horizon 2030-2050. Vous l’aurez compris, le Grand Carénage est la pièce maîtresse, en ce sens qu’il est une succession d’engagements, qui s’inscrivent dans la durée ; un véritable programme industriel visant à assurer la capacité des tranches nucléaires à produire durablement en toute sûreté et sécurité. Il s’accompagne d’un développement volontariste des ENR, en doublant nos capacités au niveau mondial (dont 20 % en France), tout en cherchant à développer l’efficacité, à maîtriser l’intermittence et l’imprévisibilité. EDF vise ainsi un développement équilibré nucléaire et ENR. Des énergies qui se combinent très bien pour faire un mix bas-carbone et compétitif dans le merit order européen, un mix sûr, propre et compétitif. L’ensemble de ces projets sera développé en cohérence et en application des textes législatifs.
Dominique Minière
Questions et réponses faisant suite à l’intervention de M. Minière
Il est prévu qu’en France la proportion d’électricité d’origine nucléaire passe de 75 % à 50 % d’ici à 2030. Par ailleurs, l’accent est mis sur l’efficience énergétique. Il y aura donc moins de consommation d’énergie primaire. Comment envisagez-vous de combler ce manque d’activité ? Est-ce qu’EDF va chercher à se développer à l’extérieur, comme c’est déjà le cas en Grande-Bretagne et en Chine ou est-ce qu’EdF va investir massivement dans les énergies renouvelables pour retrouver son plein d’activité et demeurer le premier énergéticien mondial ?
Nous avons un parc essentiellement nucléaire, puisque cette origine fournit 75 % de l’électricité fabriquée en France. En même temps, l’électricité représente 22 % de l’énergie consommée dans notre pays. Le nucléaire représente donc 17 % de l’énergie française. Ceci nous renvoie à la question fondamentale : quelle électrification vise-t-on demain ? Si on veut réduire l’empreinte CO2, si c’est vraiment le défi majeur des vingt prochaines années, il faudra aller de plus en plus vers l’électrification des usages, au détriment des autres énergies. Parce que c’est cela qui rendra la terre plus vivable et permettra de maîtriser le changement climatique. Certes, la réduction des émissions de gaz à effet de serre remet en cause la manière dont on produit l’électricité mais elle implique encore beaucoup plus les autres énergies. Nos amis chinois savent à quel point la situation devient difficile à vivre quand on consomme de l’énergie majoritairement à base de combustibles fossiles. Les études prospectives montrent que les villes de demain seront largement des villes électriques et donc il y aura un besoin accru d’électrification pour que les villes soient vivables. Il faudra produire plus d’électricité, mais le faire sans émission de CO2. Sur ce point, EDF possède de réels atouts.
Les intermittences développées, notamment avec l’arrivée de l’éolien et du solaire, risquent d’augmenter les émissions de CO2 dans la production d’électricité. Les études scientifiques le confirment et certaines d’entre elles évoquent la possibilité d’un doublement, voire plus. La flexibilité du nucléaire, que vous avez évoquée, pourra-t-elle endiguer ce phénomène ?
Concernant l’intermittence, vous avez raison de dire que si on développe beaucoup les EnR et qu’on les complète (au moment où elles ne fonctionnent pas) par des moyens qui émettent des gaz à effet de serre (charbon ou même gaz), les émissions de CO2 sont augmentées. Avec le gaz, on émet moins qu’avec du charbon, mais ce n’est pas négligeable. Le charbon, c’est 800 à 900 g de CO2 par kWh ; le gaz, c’est 300 à 350 g. Le gaz est moins vertueux que le laisseraient supposer certaines présentations. Ce que nous nous préconisons, c’est plutôt un mix EnR + nucléaire, avec un nucléaire plus flexible (mais réalisable). Jusqu’à l’horizon 2030, avec un développement régulier des interconnexions européennes, on peut réaliser un tel mix permettant aux EnR de peser 30 à 40 % de la consommation électrique française, ce qui n’est pas négligeable…
Pouvez-vous nous parler de l’extension de la durée de vie des réacteurs ?
Concernant l’extension des réacteurs, je me référerai d’abord aux réacteurs américains. Les trois quarts d’entre eux sont programmés jusqu’à 60 ans. Les autorités examinent la possibilité d’aller jusqu’à 80 ans. Il faut être extrêmement prudent et vigilant, en prenant particulièrement en compte les impératifs de sûreté. Mais ce qu’on observe actuellement aux Etats-Unis, c’est la fermeture d’un certain nombre de réacteurs, non pas pour des raisons de sûreté, mais pour des raisons de rentabilité économique. En effet, le gaz de schiste progresse considérablement dans un contexte d’ouverture à la concurrence. Sur les sites où il y a un seul réacteur de petite puissance, 600 MW par exemple, celui-ci commence à connaître des difficultés pour se maintenir sur le marché. L’aspect économique prend de l’importance dans l’exploitation des réacteurs, plus ou moins fortement selon l’Etat considéré. Mais, quand on cherche à réduire les dépenses, toutes les voies ne sont pas à conseiller et il faut être extrêmement vigilant.
Quand on parle du coût de l’électricité nucléaire, prend-on en compte le démantèlement des anciens réacteurs ?
Dans les coûts du nucléaire que j’ai précédemment affichés, il y a des provisions qui correspondent aux actifs dédiés. Dans la législation française, les provisions doivent non seulement être prises en compte mais séparées en actifs dédiés. La loi nous impose un certain taux de rentabilité et nous sommes aujourd’hui bien au-dessus. Par ailleurs, je peux vous renvoyer à une étude de la Cour des comptes qui montre que même un doublement des coûts de déconstruction n’entraînerait une augmentation que de quelques % par kWh.
L’expérience américaine de renouvellement des licences à 60 ans, qui est déjà importante (environ les deux tiers des 104 réacteurs), nous montre qu’on peut en profiter pour augmenter la capacité de 15 %. Quelle sera l’augmentation de capacité en France ? Est-ce que cette augmentation est prise en compte dans les calculs de rentabilité économique ? Ne plaide-t-elle pas en faveur d’un renouvellement rapide ?
Il est vrai qu’aux Etats-Unis certains profitent du renouvellement de licence pour augmenter la puissance. On pourrait évidemment faire de même sur nos réacteurs de 1 300 MW, mais nous avons écarté cette voie ; une telle évolution demanderait en effet beaucoup d’investissements et d’études dans une période où nous prévoyons d’être très chargés. Et à l’heure où il est demandé de ramener à 50 % l’électricité d’origine nucléaire, quel sens un tel investissement aurait-il ?
Y aura-t-il sur le grand carénage une phase d’essuyage des plâtres comme sur l’EPR, ou s’agit-il de techniques que vous maîtrisez aujourd’hui parfaitement ?
Nous pouvons dire que nous avons déjà essuyé les plâtres avec des expériences difficiles : des arrêts un peu lourds, des dépassements de délais dans la livraison de tel ou tel élément… Notre expérience sur les composants à changer et sur les modifications à faire est déjà importante. Avec le grand carénage, il nous faut maintenant faire un véritable programme en anticipant les difficultés sur trois ou quatre ans et en nous rendant capables de nous engager sur des délais et de les tenir rigoureusement.
Concernant l’EPR, la France se nourrira-t-elle de l’expérience finlandaise ou est-ce au contraire le réacteur finlandais qui se nourrira de l’expérience de Flamanville ?
Les deux réacteurs seront à peu près concomitants et il faudra optimiser le retour d’expérience des difficultés rencontrées sur l’un et sur l’autre, de la même manière qu’on a utilisé les leçons de Flamanville pour réaliser Taishan : on a réussi à faire le coulage des dalles beaucoup plus rapidement. Nous sommes typiquement dans l’apprentissage industriel, qu’il faut veiller à capitaliser et à inscrire dans la durée. La compétitivité d’un EPR, ce n’est pas seulement sa sûreté ; c’est aussi son prix initial (qui ne doit pas être trop élevé) et sa durée de construction (qui doit être fiabilisée).
*Directeur Exécutif Groupe en charge du Parc Nucléaire
et Thermique d’EDF
Dominique Minière*