Disons-le haut et fort, le désir masculin est un cliché, au même titre que les maux de tête que l’on impute aux femmes. Et, contrairement à ce qui a été avancé par l’une des intervenantes, la femme ne prend pas forcément l’homme dans la globalité. Cela dépend de l’homme en question, si la femme est éprise et qu’elle n’est pas simplement prise, à quelques « détails » près qui font parfois toute la différence. Certaines d’entre nous peuvent être sensibles à une belle cage thoracique, à une bouche pulpeuse, à des mains qui dénotent une vraie personnalité, à un fessier bien galbé. What else ? Pour sûr, moins l’on se montre superficiels, plus l’on est attachés à l’autre et plus l’on en vient à apprécier la personne dans sa globalité, ce qui reste valable pour les deux sexes. A l’inverse, plus la relation est impromptue, voire de courte durée, quand bien même les dés ne sont pas jetés d’emblée, et moins certains aspects prêtent à conséquence. Par-delà ce qui, au premier coup d’œil, peut séduire une femme, sans tenir compte des projections qu’elle se fait, il y a ce que l’homme dégage, son style et sa façon d’occuper l’espace, son timbre de voix, le vocabulaire utilisé et ce qu’il dit, la concordance aussi entre ses actes et ce qu’il avance. Son aisance ou sa maladresse pourra, c’est selon, nous incommoder ou nous séduire. Les hommes n’ont qu’à bien se tenir, même si je suis d’avis que cela est avant tout hormonal et que l’attirance pour l’autre se joue indépendamment de nous. De la même manière, certains hommes se montrent exigeants. Comptent le physique, l’habillement, la féminité mais aussi l’assertivité, qui peut d’ailleurs en effrayer plus d’un, alors que d’autres y décèleront certaines promesses. Quant au désir de l’homme qui changerait l’image que la femme a d’elle-même, cela reste valable pour l’homme. En fonction de la femme avec qui il est, ce dernier gagne en assurance ou, au contraire, voit sa confiance en soi empiétée.
Je ne suis pas tellement d’accord non plus sur le fait que la monogamie présente un certain confort. Une femme qui s’étiole est-elle seulement belle à voir ? Et pourquoi la monogamie irait-elle précisément de soi chez la femme ? Se pose la question du sens qu’une relation revêt. Les gens poursuivent-ils seulement ensemble pour les bonnes raisons ce qui est loin d’être une aventure de tout repos ? Si les meilleurs choix restent ceux qu’on assume, force est de constater que la déception et l’insatisfaction sont dans bon nombre de cas au rendez-vous de relations le plus souvent sans queue ni tête, par conséquent permutables, surtout quand introspection et remise en question sont loin d’être de mise et que l’amour-propre mal placé prime sur les sentiments.
Je ne reviendrai pas plus qu’il n’en faut sur l’idée là encore reçue que l’homme est davantage enclin au passage à l’acte. A moins d’être très fleur bleue ou de n’avoir qu’une vague notion du plaisir, je ne vois pas ce qui pourrait amener à penser qu’une femme ne soit pas empressée de se retrouver dans les bras de l’homme qui l’attire. Et c’est là qu’il convient de souligner l’importance du rapport de séduction, intimement lié au désir. Plus la personne va savoir s’y prendre, mieux elle va préparer le terrain et continuer, une fois ce pas franchi, à assurer ses arrières. Evidemment, l’idée est de « ne pas tromper sur la marchandise », car tôt ou tard la personne sera démasquée, ni de se tromper de cible ou d’aller dans une mauvaise direction, d’où l’importance de mesurer ce que j’appelle « l’indice de réceptivité ».
Quant aux besoins des femmes d’être protégées, désirées et d’admirer l’homme auquel elles se sont attachées, parfois pieds et poings liés, je dirais que cela dépend de là où elles veulent en venir, si tant est qu’elles le sachent, à moins que, sujettes à l’ennui et/ou dans leur élan, elles ne se laissent porter et advienne que pourra. S’il est question d’une simple aventure, l’on privilégiera le fait d’y trouver sexuellement son compte. Evidemment, dès lors qu’on est séduits par l’autre, plus on a de la considération pour son partenaire, ce qui reste valable pour un homme vis-à-vis d’une femme, et plus l’on est rassurés et confortés dans notre choix. Enfin, si la personne force notre admiration par rapport au métier qu’elle exerce ou à ce qui la meut, mais que le comportement ne suit pas, ça n’ira pas non plus. L’intelligence relationnelle est essentielle, que les sentiments soient ou non de la partie. Il est bon nombre de choses que l’on passe quand on aime, que l’on ne saurait tolérer si l’autre ne nous fait ni chaud ni froid. Il va sans dire que cela dépend de notre personnalité, de l’expérience de chacun et des leçons qu’on en aura tirées. Pour de ce qui est du besoin de protection, même si cela dépend d’un certain nombre de paramètres, je ne suis pas certaine que des femmes exercées à se prendre en charge attendent précisément d’être protégées. A l’inverse, cela pourrait en faire fuir plus d’une qui auraient le sentiment d’être surprotégées et craindraient de voir ainsi contrée et délimitée leur liberté.
Pour en revenir à la monogamie aujourd’hui, qu’est-ce que cela veut dire ? Lorsque les femmes étaient sous le joug masculin, tributaires du regard des autres et victimes du qu’en-dira-t-on, cela pouvait aller jusqu’à leur coûter la vie (inculpations, crimes passionnels), l’assujettissement aux rejetons et à l’homme apparaissaient incontournables. Ah… cette femme qui n’est plus ! – se désole la gent masculine –, celle qu’on ne tient pas (encore moins si l’on n’y tient pas ou si peu et si mal), qui n’entend n’en faire qu’à sa tête, celle qui peut à tout moment prendre le large et vous échapper, jusqu’à avoir le dernier mot. La plupart des hommes la voudraient soumise, y compris sexuellement, jeu auquel elle se prête volontiers (en fonction de son tempérament ou par bêtise) dès lors qu’elle y consent, ce qui ne signifie pas qu’elle ne tienne pas les rênes, si tant est qu’elles ne lui échappent pas. Ce serait se méprendre que de se fier à celles qui plient un temps l’échine avant de se redresser pour ne plus jamais obtempérer. La monogamie est plus rarement attribuée à l’homme, comme si la question en soi était une ineptie, sauf dans le cas où l’homme manque d’atouts ou de temps, parfois même des deux, à moins qu’il ne soit pas précisément porté sur le sexe pour y ou x raison, qui leur appartient ou qui leur échappe. Il arrive que la femme soit davantage pour lui une dame de compagnie, venue contrer sa solitude existentielle, qu’une vraie compagne et qu’un objet de désir, désir pour la gent masculine qui peut aussi – dans plus de cas qu’il n’y paraît – être refoulé.
Pour ce qui est de l’homme fantasmé, je ne saurais parler à la place des autres femmes, tant je ne partage pas la plupart des considérations émises. A mes yeux, un homme digne de ce nom, soit fantasmé, est celui qui, à tous les niveaux, répond présent. La femme fantasmée, quant à elle, devrait remplir toutes les cases : être tendre à souhait, plus que se montrer disponible être à disposition – alors que la nuance est de taille –, n’avoir aucun tabou, être sexy et intelligente, en bref, celle dont on rêve d’être accompagné, avec qui l’on aime à se montrer dès lors, Messieurs, qu’elle ne vous fait pas trop d’ombre.
Je ne sais plus qui a souligné que les hommes préféraient les relations virtuelles et, contrairement à l’idée qu’on s’en fait, je pencherais moi aussi pour cette conclusion. C’est qu’il n’est pas facile d’être confrontés à la réalité et, ce faisant, d’être à la hauteur et ce sur la durée, surtout lorsqu’on n’y met pas du sien, que l’on tend à se reposer sur ses lauriers, soit à se leurrer, à plus forte raison si l’on manque intrinsèquement de générosité. C’est ainsi que les hommes tombent bien vite de leur piédestal, seuls avec leur amour-propre qu’ils estiment bafoué. Souvent mal élevés par une mère qui leur a passé beaucoup trop de choses ou qui les a mal aimés, les voilà souvent à s’apitoyer sur leur sort. Imaginez ce qu’il en est lorsqu’ils ne sont plus en état de plaire et ne trompent plus personne.
A n’en pas douter, le désir féminin va au-delà du désir sexuel.
Dominique Leray