Une fois de plus, nous avons eu l’honneur et le très grand plaisir d’entendre et de questionner un invité prestigieux : ami des lettres et des arts, ancien élève de l’Institut des sciences politiques de Paris, et fin analyste. Son Excellence Georges Károlyi, Ambassadeur de Hongrie en France, dans un français excellent, précis, et souvent teinté d’humour, a bien voulu répondre à trois questions d’Emile H. Malet.
« D’abord : dans une actualité bousculée, comment la Hongrie se situe-t-elle entre l’Europe de l’Ouest et la Russie, son appartenance à l’Europe ne serait-elle pas fragilisée? Ensuite : n’y connaît-on pas une dérive nationaliste, comment règle-t-elle la mosaïque identitaire qui voit vivre d’autres communautés sur son sol et des Hongrois hors ses frontières ? Enfin, question plus vaste : pour quand voit-elle son appartenance à la zone euro, comment réagit-elle aux problèmes de l’islam, à l’arrivée de migrants ? »
L’Ambassadeur répond : « J’ai moi-même travaillé à l’intégration européenne de la Hongrie, où il y a eu deux référendums comme je l’ai dit depuis 1990. L’un a porté sur l’entrée dans l’OTAN, l’autre sur l’entrée au sein de l’Union européenne. Pour celui-ci, une première proposition a été approuvée : le principe de l’attachement, et une autre question a été soumise qui demandait le niveau de satisfaction quant au fonctionnement de l’Union ; il y eut réponse favorable à 41 %, ce qui est la moyenne pour l’ensemble de l’Europe… L’ouverture vers la Russie ne relève pas d’un attachement irrésistible (malgré une dépendance énergétique connue) et n’est pas une négation de celui avec l’Europe (avec qui se font 80 % des échanges commerciaux – quant aux centrales hongroises vieillissantes, elles seront entretenues ou remplacées selon les lois habituelles d’un marché ouvert…
Dérive nationaliste ? Tout est dans les mots ! Et « nationalisme » est un mot qui passe par d’étranges avatars ! S’il veut dire exclusion de l’autre et volonté de nuire pour certains orateurs, c’est une connotation très négative ! Patriotisme, par contre, affirme la fierté de son histoire, de son pays. Je ne souscris pas à l’effacement de la nature propre de chacun au nom d’un grand amour universel, d’un idéal irréaliste. Ainsi dans l’Union, y a-t-il d’abord des consensus mais aussi des divergences. Il serait bon d’éviter de fustiger, de blesser les sensibilités. Le savoir-vivre européen est actuellement malmené…
La Hongrie a pour objectif d’entrer dans l’euro. Elle ne peut fixer la date où elle satisfera à tous les critères de Maastricht. Son objectif est l’élévation du PIB par habitant jusqu’à atteindre 80 % de la moyenne européenne…
Propos recueillis par Jeanne Perrin