Si on investit très fortement dans les énergies renouvelables, on aura des périodes où l’on aura très peu d’énergies renouvelables et des périodes où l’on aura beaucoup d’énergies renouvelables. Trop pour la région où se trouve la génération.
Les politiciens européens ont déjà vu cela, il y a six ans, quand ils ont fait le troisième paquet de lois pour la libéralisation des secteurs d’électricité et de gaz, et on a créé des règles basiques sur les marchés européens de l’électricité, avec des institutions qui réalisent certains types de planification ensemble sur tout le continent. Mon Association ENTSO-E assure la planification des réseaux de transport tous les deux ans sur tout le continent, avec un horizon de planification pour 2030. Comme cela, nos données sont très similaires au scénario décrit par Jean-Christophe. On fait aussi des règles pour l’opération, des règles pour la connexion, de plus en plus de générations renouvelables et des règles aussi sur la façon dont fonctionnera le marché dans toute l’Europe dans les années futures. La démarche est d’avoir suffisamment d’anticipation sur le système de l’électricité.
Oui, c’est vrai, on a connu beaucoup d’années où nous avons eu nombre de changements dans la capacité à installer du photovoltaïque, par exemple en Allemagne et en Italie. Et maintenant, le croisement est plus stable. Si nous regardons le scénario prévu pour 2030, c’est un changement très important qui aura lieu demain. Mais cela fait quinze ans et il faut anticiper, il faut bien désigner le software, les plates-formes pour les échanges de données pour gérer tout cela. Nous croyons très fortement que la meilleure base pour gérer tout cela, tout ce changement, est le marché européen où les décisions des générations sont prises chaque heure, chaque quart d’heure, avec des contraintes de congestion régionale à grande échelle et aussi bientôt locale au réseau de distribution. C’est à la fin, une fois que les prix de marché sortent, qu’ils gèrent cela.
Quels types de générations, et quels types de réponses aux demandes que l’on a sur le marché ? N’oublions pas totalement qu’il y a deux types de marché aujourd’hui et aussi du futur. Il y a le marché normal, chaque heure, chaque quart d’heure, avec différents prix, dans les différentes régions. Mais aussi, le marché des services à très court terme où les gestionnaires des réseaux de transport achètent de la capacité très flexible avec des temps de réaction en seconde et en minute, comme le stockage de l’hydraulique, etc., pour gérer les changements de la demande, et aussi de l’éolien et du solaire, avec des temps plus courts que la période du marché. Et ces deux marchés sont très intéressants et doivent bien fonctionner pour les « smart grids » du futur. Cela m’amène à la question de la plate-forme des données, qui est le thème de notre session et sur laquelle les autres ont déjà répondu. Nous croyons que ce concept est déterminant.
La question est réellement une question d’architecture de l’IT (Information Technology). Parce qu’à la fin, nous croyons que les distributeurs auront dans quelques années le même problème pour gérer la congestion que les gestionnaires des réseaux de transport connaissent déjà. Et une des méthodes à laquelle nous croyons et qui semble être la plus efficace pour gérer cela est de gérer économiquement. Si on a la congestion dans les réseaux de transport, on a chaque heure des prix différents d’une zone de réglage à l’autre et d’un pays à l’autre. S’il y a des congestions entre la Hollande et l’Allemagne, on peut avoir des prix plus bas en Allemagne qu’en Hollande si le flux va vers la Hollande. Même chose que par le passé, si on n’a pas suffisamment de réseaux de distribution d’un village à l’autre, entre une ferme avec beaucoup de solaire et le village même, les choses sont comme ainsi.
Evidemment, nous sommes assez loin de cette efficacité de notre information technology, mais cela vient, avec l’aide de Siemens, avec l’aide de Google, avec l’aide de beaucoup de compagnies. Et n’oublions pas que nous sommes sur un système d’échanges qui est plus rapide que celui que l’on a connu par le passé, mais que l’on projette à un horizon de vingt ou trente ans. Nous voyons personnellement comment change la technologie des ordinateurs. Une question et une critique. Si nous parlons à Bruxelles entre ENTSO-E, les gestionnaires de réseaux de transport, et les quatre Associations européennes de distribution, la question qui se pose est la suivante : comment créer cette architecture de la technologie d’information pour échanger les données des clients, des réseaux de distribution, de la congestion, des prix du marché qui varient chaque quart d’heure, dans chaque région, et peut-être dans chaque village ?
Nous croyons très fortement que l’échelle d’une seule compagnie de distribution ne suffit pas. Nous croyons que l’échelle doit être plus grande. Mais nous avons une raison technique assez forte pour croire ça, c’est la deuxième partie du marché, le service de réserve de très court terme, celui des secondes et des minutes. Parce que ces réserves sont achetées par les gestionnaires de réseaux dans une unité de géographie qui s’appelle la zone de réglage. Ces réserves à court terme sont utilisées pour avoir un équilibre entre l’offre et la demande dans la zone de réglage et nous avons de très bonnes règles internationales à l’ENTSO-E pour régler tout le continent. Mais l’unité géographique critique, c’est la zone de réglage. La France, l’Espagne, le Portugal et en Allemagne, ça peut être plus grand ou moins grand, mais normalement, ça inclut assez les gestionnaires de distribution. En France, 130. En Allemagne, 900. En Hollande, 8 ou quelque chose comme ça.
La raison technique est que si le gestionnaire de transport a acheté avec concurrence les réserves les moins chères de très court terme (seconde, minute) des renouvelables, des turbines à gaz et s’il y a des congestions de distribution dans un lieu, par exemple Strasbourg, c’est là le moins cher. Si le gestionnaire de réseau veut la réserve, il a besoin de quelques secondes. Le distributeur dit : ce n’est pas possible, j’ai la congestion. Va de l’autre côté. La deuxième moins chère n’est peut-être pas à Strasbourg, mais à Nantes. Pour vérifier et gérer tout cela très vite, nous croyons qu’il faut cette architecture de la technologie d’information désignée sur la base du contrôle de la zone de réglage, peut-être même plus grande. Cela ne veut pas dire que le gestionnaire de réseau de transport veut le contrôle sur ces technologies d’information, parce que le distributeur a beaucoup plus besoin de ces données.
Les données appartiennent au client, mais comment désigner cette architecture d’information ? C’est une tâche à faire dans une zone de réglage ou dans une zone plus grande. Il faut désigner maintenant les règles que la Commission européenne a publiées, il y a quelques semaines, concernant le rôle des distributeurs, le rôle des transporteurs, le rôle des agrégateurs. Elles sont assez bonnes. C’est une architecture des rôles qui va bien avec l’architecture des marchés européens et nous croyons que c’est une bonne base pour développer dans les années qui viennent ce complexe d’architecture. Et nous travaillons beaucoup plus avec les associations de distributeurs qu’il y a quelques années. Nous sommes optimistes : nous pourrons trouver la solution. Comment les marchés peuvent-ils gérer cette diversité, cette fluctuation et même donner au futur une autre fois les bons signaux pour l’investissement ?
Konstantin Staschus
Secrétaire général ENTSO