C’est un véritable Larousse illustré que nous livre Jean-Jacques Moscovitz avec Réparer l’histoire, Psychanalyse, Cinéma, Politique. Il y dresse et commente la part psychanalytique dans plus d’une cinquantaine d’œuvres cinématographiques partant d’Un chien Andalou (Luis Buñuel, 1929) pour aller jusqu’à Babel (Alejandro González Iñárritu, 2006) en passant par Salò ou les 120 journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1976) ou encore La sentinelle (Arnaud Desplechin, 1992). Une riche bobine déployée au fil des pages. Après tout, ne serait-ce pas par le biais du 7e art que la psychanalyse pourrait trouver sa part de modernité aux yeux du grand public ?
Traumatismes individuels, inhibitions, angoisses, complexes… sont là tout autant de symptômes – selon l’auteur – que nous pouvons retrouver chez le spectateur/patient, à la croisée des chemins entre cinéma et psychanalyse. Et si le strapontin de velours rouge équivalait le divan du cabinet ? Que cherchons-nous à atteindre via les images cinématographiques, ces parenthèses ouvertes sur le fracas du monde faisant systématiquement écho à la sphère personnelle. Asservissement ou émancipation au poids de la société humaine ? Jean-Jacques Moscovitz nous offre matière à travailler sans nous donner de réponse : le cinéma constitue un témoin de la grande comme de la petite histoire. Mais sommes-nous prêts à assister au récit de l’irréparable ? En parlant de Shoah (Claude Lanzmann, 1985), l’auteur psychanalyste questionne pour mieux comprendre : le cinéma trace aussi ce qui a voulu être effacé. Même la psychanalyse fait ici l’objet d’une mise en abyme avec A dangerous method (David Cronenberg, 2011) où la dualité entre Freud et Jung cherche à répondre par l’image aux multiples questions analytiques et cliniques : orientations sexuelles et angoisses existentielles. Finalement, cet ouvrage pose la question sous-jacente de l’apport du cinéma entre société et sujet. Oui… mais demain ? A images inédites, réalités nouvelles.
Aurélie Caillard
Jean-Jacques Moscovitz
Edition Eres, 2015