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COP21 : le climat éclipse la démographie

Revue Passages Publié par Revue Passages
24 juin 2018
dans Non classé
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COP21 : le climat éclipse la démographie
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La lutte contre le réchauffement climatique, au cœur de la COP21, ne sacrifierait-elle pas à la dictature de la science puisqu’elle oublie ce qui la féconde, le doute ? Aussi fondamental que le cogito cartésien, le doute n’a plus droit de cité, les climato-sceptiques sont stigmatisés sans autre forme de procès. Le totalitarisme de la bien-pensance, ce politiquement correct dont on nous rebat les oreilles, tétanise la pensée. Ses diktats masquent une dimension essentielle du problème en laissant croire que l’enjeu décisif pour l’avenir de l’humanité est suspendu à quelques degrés Celsius, deux degrés, ou trois ou quatre, ou plus, allez savoir. Ne rien faire contre les émissions de gaz à effet de serre et l’empoisonnement de l’air et de l’eau n’est certes pas acceptable, non pas parce que les générations futures ne nous le pardonneraient pas, car personne ne se soucie en vérité de leur vindicte supposée, mais parce que nous sommes témoins d’une dégradation de notre environnement quotidien menacé par la répétition de catastrophes qualifiés de « naturelles », alors même que les facteurs anthropiques ont une part croissante de responsabilité, comme l’ont récemment montré les effets dramatiques d’un aléa pluviométrique sur la Côte d’Azur.

La focalisation de la COP21 sur la question du réchauffement, de l’adaptation et de l’atténuation, esquive une sourde inquiétude, rejetée dans le non-dit. Comme souvent dans l’histoire, le présent aveugle. L’évidence échappe aux observateurs pris dans le maelström des flux incessants d’informations. On glose sur tout en oubliant l’essentiel, un essentiel qui se dérobe, tabou enfoui dans l’inconscient. On biaise en cherchant des voies de traverse évitant un grand pan du réel. Les yeux rivés sur le thermomètre empêchent de voir que l’histoire du monde est celle de sa démographie plus que de sa température.

Les craintes suscitées par le réchauffement climatique, orchestrées par le tumulte médiatique, ajoutent au désarroi d’une humanité en perte de repère à force d’être mondialisée ou qui se précipite dans l’illusion mortifère d’un fanatisme religieux prétendant réformer l’homme en transformant des enfants en bombe humaine. Dans un contexte d’incertitude des lendemains, l’Afrique se projette vers le futur avec la force de la reproduction biologique. Mais qui se préoccupe de l’ombre portée par le continent noir sur le destin du monde ?

Le nombre, ne pas oublier la puissance du nombre, ni que le grand bouleversement mondial de la démographie se joue en Afrique. Rappeler qu’elle ne contribue que pour 3 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre est finalement anecdotique, quand sa population augmente de 3 % par an dans de nombreux pays. Il est impératif de s’interroger sur la démographie africaine, plus précisément celle de l’Afrique noire, car l’Afrique blanche – le Maghreb – a effectué sa transition démographique, de manière radicale en Tunisie, plus lente mais en voie d’achèvement dans les pays voisins. Plus précisément encore de la démographie de l’Afrique noire tropicale, car l’Afrique australe est elle aussi sur la voie de la transition. En clair, à l’échelle mondiale, il ne subsiste qu’un vaste bastion de fécondité élevée : la partie tropicale de l’Afrique noire dite « subsaharienne » pour sacrifier à un politiquement correct qui disqualifie tout ce qui pourrait être interprété comme référence à une « race ».

Quelques chiffres : les populations vivant au sud du Sahara, fortes en 2015 de près d’un milliard d’habitants, devraient atteindre les deux milliards en 2050. Vus sous l’angle de la démographie historique, on peut considérer qu’il s’agit d’un « rattrapage » après les siècles de stagnation ou de recul consécutifs à la traite esclavagiste et au choc colonial. La part de l’Afrique dans la population mondiale, après avoir atteint son étiage en 1950 avec seulement 7 %, approchera les 20 % en 2050. C’est une véritable révolution planétaire dont on a du mal à mesurer les conséquences, tant écologiques que politiques, mais il serait d’une incroyable cécité de ne pas en tenir compte dans les prévisions concernant ces « générations futures » dont on finit par oublier de quoi elles seront faites.

La démographie serait-elle une boîte noire ? Ce n’est ni la faute à Voltaire, ni la faute à Rousseau, c’est la faute à Malthus. Le malthusianisme est devenu un gros mot depuis que le suivisme idéologique s’est substitué à la pensée critique, le psittacisme journalistique à l’impertinence de l’enquête. Avancer l’idée que la croissance démographique de l’Afrique noire est insoutenable relève presque du blasphème. Les projections créditant en 2050 le Nigeria de 400 millions d’habitants et le Niger de 70 millions semblent ne pas émouvoir ceux qui s’inquiètent du réchauffement climatique et annoncent que ses conséquences seront particulièrement sévères en Afrique, sans se soucier de la responsabilité d’un doublement de la population d’ici le milieu du siècle sur la dégradation de l’environnement. Ces conséquences seront en réalité moins le fait d’un dérèglement du climat dont le GIEC lui-même a du mal à cerner l’intensité, variable selon les lieux, que le fait de la vulnérabilité du continent qui demeure, nonobstant ses bonnes performances en termes de croissance économique depuis le tournant du millénaire, celui du sous-développement. Il suffit de lire le classement du PNUD selon l’Indicateur de développement humain (IDH) pour tempérer les excès de l’afro-optimisme à la mode : l’Afrique subsaharienne occupe toujours les derniers rangs. Le rythme de sa croissance démographique ne lui permettra pas d’améliorer sa position.

Le lien entre faible niveau de développement et vulnérabilité aux aléas climatiques ne mérite pas d’amples commentaires tant il est évident et admis par tous. En revanche, le lien entre croissance démographique et vulnérabilité, tout aussi évident, est systématiquement occulté comme s’il s’agissait d’une proposition honteuse qui stigmatiserait les Africains alors qu’elle les renvoie simplement à leur propre responsabilité. Il est tellement plus confortable de culpabiliser l’Europe, mère de toutes les afflictions africaines – en omettant de mentionner que l’explosion démographique est due aux progrès de la médecine introduits par la colonisation. Mais ceci est une autre histoire.

Le peu d’inquiétude démographique manifestée à l’égard de l’Afrique s’explique pour partie par la représentation, encore largement partagée, d’un continent peu peuplé, disposant d’un formidable potentiel de ressources naturelles et foncières. C’est oublier que les densités moyennes n’ont guère de sens, pas uniquement dans les étendues désertiques qui ne peuvent supporter que de très faibles densités de population. Les dernières décennies ont vu se multiplier les conflits d’accès à la terre. Les conflits d’usage opposant sédentaires et nomades sont certes vieux comme la Bible, mais ils s’effacent désormais devant des affrontements dont l’enjeu est la lutte pour l’espace vital. Les effroyables tueries de 1994 au Rwanda, qualifiées de génocide, ne prennent sens que dans la compétition pour une terre devenue trop rare dans un pays où le nombre d’enfants par femme, alors estimé à huit, battait tous les records. Les lieux sont de plus en plus nombreux où les conflits fonciers opposent « autochtones » et « allochtones ».

La démographie remet en cause les traditions africaines de mobilité et d’accueil et engendre des replis identitaires. La crise ivoirienne des années 2000 marquée par la crispation autour de l’« ivoirité » s’enracinait dans les déséquilibres démographiques entre « autochtones », « allochtones » et « étrangers ». La guerre qui n’en finit pas au Kivu se déroule dans l’espace de très forte densité des hautes terres de l’Afrique des Grands Lacs. La dimension démographique de ce conflit, nourri par l’opposition structurelle entre autochtones et immigrants dans un contexte de compétition exacerbée pour l’accès à la terre, ne fait aucun doute. Au Burkina Faso, selon les paysans Mossi, « la terre est finie ». Un grand nombre d’entre eux ont migré vers le « front pionnier » de l’Ouest devenu lieu de tension avec les autochtones dès lors que le seuil de tolérance de l’autre a été atteint. Les pogroms dont les Zimbabwéens ont été victimes en Afrique du Sud relèvent de la même logique, la figure bienfaisante et pacificatrice de Nelson Mandela s’étant éloignée de l’horizon politique. Parler de seuil n’a pas bonne presse. C’est, il est vrai, une notion aussi difficile à saisir que l’optimum démographique. Est-ce une raison pour la bannir de l’analyse quand on observe que les manifestations de rejet de l’autre se multiplient, dès lors que des communautés se sentent menacées par le nombre de ces nouveaux venus, autrefois accueillis à bras ouverts, désormais rejetés comme concurrents pour l’accès aux ressources ?

A l’échelle du continent, ces conflits sont encore circonscrits. Ils vont se multiplier, même s’il est vrai qu’il existe d’abondantes réserves foncières, ce dont témoigne l’attractivité de l’Afrique pour les investisseurs de l’agrobusiness et l’ampleur de l’accaparement de terres au cours de ces dernières années. Il n’empêche, il faut s’attendre à une multiplication des espaces à fortes tensions démographiques. Toutefois, cela n’est rien en comparaison des grandes inquiétudes quant à l’avenir d’une population comptant 40 % à 50 % de moins de quinze ans. C’est dans ces données démographiques, plus probables encore que les prévisions climatiques, qu’il faut tenter de lire l’avenir de l’Afrique avec ses répercussions planétaires.

Certains économistes ne jurent que par le « dividende démographique ». Ce serait une chance pour l’Afrique qui disposera d’une classe d’âge active considérable, sans avoir à supporter la charge des personnes âgées, au moment où l’Europe vieillit et vacille sous l’effet de son déficit reproductif et où l’économie chinoise commence à donner des signes d’essoufflement. Mais ce scénario supposerait un énorme et radical bouleversement d’une économie encore tributaire de l’exportation rentière de matières premières, et surtout un effort colossal de formation des jeunes, hors de portée de la plupart des économies africaines. Peut-on miser sur la classe moyenne, objet de toutes les projections futuristes ? Outre qu’il est difficile d’en définir le périmètre (combien de dollars de revenu par jour ?), sa montée en puissance ne doit pas occulter le fait que le nombre de pauvres et de personnes souffrant de malnutrition va inexorablement augmenter comme l’indiquent les prévisions de la Banque mondiale et de la FAO, alors même qu’il devrait diminuer en pourcentage.

Quel futur pour ces dizaines de millions de jeunes qui ne pourront prendre le train de la croissance ? Une réponse a déjà été donnée dans maints conflits récents, préfigurant l’avenir : devenir acteurs de la guerre, pour les uns malgré eux sous les oripeaux d’enfants-soldats, pour les autres dans des milices leur offrant un succédané de reconnaissance sociale et un accès par la violence aux ressources matérielles. Depuis vingt ans la même histoire se répète, aujourd’hui sous le drapé du jihad qui embrase un arc d’insécurité tendu de la Mauritanie à la Somalie dans ces confins saharo-sahéliens particulièrement exposés aux péjorations climatiques. Tout se rejoint, climat et politique, sur fond d’explosion démographique rendant inenvisageable une résolution pacifique des conflits. L’alternative est plus que jamais entre le préservatif et la Kalachnikov.

Le trop-plein démographique de l’Afrique noire se déverse désormais dans une émigration hors du continent dont les drames ne cessent de défrayer la chronique. L’Europe, comme une citadelle assiégée, ne parle que de cela, désemparée devant les flux de migrants. Si l’on fait abstraction de la Syrie, c’est d’Afrique que vient la pression migratoire, chaque année plus forte. Certains commentateurs s’évertuent à la minimiser en la comparant notamment aux migrations intra-africaines, de loin beaucoup plus importantes. Mais pour l’Europe cela importe peu car elle est focalisée sur la Méditerranée et ne peut que constater l’inefficacité de Frontex. Les flots de migrants vers Lampedusa ou la Sicile et le nombre croissant de morts en mer sont le signe avant-coureur de la vague déferlante annoncée dans le livre visionnaire de Jean Raspail, Le camp des saints.

La montée de l’extrême droite en Europe, du Front national en France, répercute directement la démographie africaine. Le temps n’est plus où les industriels français avaient besoin d’une main-d’œuvre importée bon marché. Aujourd’hui, ce sont les Africains qui mettent leur vie en jeu pour franchir les barbelés de Melilla ou s’embarquer sur des rafiots de fortune pour gagner une terre promise, largement fantasmée. Rien ne semble pouvoir arrêter la vague migratoire africaine que la manipulation des chiffres tente de minimiser. Paradoxalement, l’Europe, avec son passé colonial rituellement dénoncé, est l’objet, avec l’Amérique du Nord, de tous les désirs d’une jeunesse africaine qui se voit sans avenir en Afrique et consacre toute son énergie à émigrer. Combien parmi le milliard d’individus supplémentaires que comptera le continent noir dans une génération tenteront le voyage ? On peut parier sans risque qu’ils seront beaucoup plus que les 12 millions d’esclaves que totalisa la traite atlantique en trois siècles.

Le bouleversement démographique mondial à attendre sera considérable, tout comme le seront les conséquences locales sur l’environnement. La croissance démographique exponentielle entraînera inéluctablement ici la déforestation, là le stress hydrique. Le mythe dans les gains de productivité à l’image de ce qui s’est produit en Europe à l’aune d’un développement séculaire ne résistera pas à la brutalité de l’accroissement de la demande en biens nécessaires non seulement à la survie mais aussi à l’intégration dans l‘économie-monde.

L’urgence aujourd’hui est de s’interroger sur l’impact environnemental, économique, social et politique d’une croissance démographique sans équivalent dans l’histoire de l’humanité, aussi alarmante, sinon plus, que le réchauffement climatique. L’Afrique sera naturellement frappée de plein fouet, mais aussi, par ricochet, une grande partie de la planète. Si classer les priorités a un sens, alors oui, la priorité doit revenir aux politiques de population, sans lesquelles les actions menées en réaction au changement climatique ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau.

Le laisser-faire démographique – aux antipodes des politiques drastiques mises en œuvre en Chine dans l’exacte synchronisation de son extraordinaire croissance économique – conduit l’Afrique noire à la catastrophe. Aucune politique climatique n’aura la moindre chance de succès si elle ne se donne comme impératif premier un engagement énergique en faveur d’une baisse de la croissance démographique, tributaire d’une diminution rapide du nombre d’enfants par femme qui se situe encore entre 5 et 6. Sans doute observe-t-on des signes avant-coureurs encourageants dans la baisse tendancielle de la fécondité dans des pays comme le Kenya ou le Sénégal, principalement en milieu urbain. Le fait que l’Afrique s’urbanise à grand pas devrait se traduire par des changements de comportement démographique et une baisse significative de l’Indice synthétique de fécondité. Face aux menaces que fait peser le réchauffement climatique, l’urgence pour l’Afrique est moins dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, que dans celle de sa fécondité.

 

Roland Pourtier

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