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Redécouvrir une culture perdue à travers Nan Goldin

Sonya Ciesnik Publié par Sonya Ciesnik
20 juin 2018
dans Culture, Portraits, Entretiens
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Les anthropologues aiment dire qu’observer une culture pousse, dans une certaine mesure, à la changer. Cela est également est vrai pour la photographie de Nan Goldin. La collection la plus connue de photographies de Goldin, « La ballade de la dépendance sexuelle », pioche en profondeur dans la vie américaine des années 1980 de la même façon que la collection « Les Américains » de Robert Frank avait ​​traité les années 1950 aux États-Unis. Bien avant que les gens aient commencé à capturer les différents aspects de leur vie par les médias sociaux, Goldin a mis l’objectif sur elle-même et sa foule bohémienne d’amis. Les images montrant la fête, des gens prenant des drogues, et allant à la plage, témoignent d’une génération qui s’est révoltée contre les conventions rigides de la société. Son travail est fondateur en raison de son examen attentif des relations humaines et montre comment l’écart entre les fantasmes et la réalité peut conduire à l’aliénation ou la violence sociale. Dans son effort d’observation de l’histoire, Goldin crée une histoire: celle de l’agitation bohème des années 1980 dans les villes américaines comme Boston, Chicago et New York.
Les photos de Goldin, bien qu’il y ait des moments occasionnels de joie, révèlent une vision du monde essentiellement pessimiste. Cette vision, comme on le voit dans les plans rapprochés d’une amie qui pleure ou la photo graphique de la blessure avec des points de suture intitulé «grossesse ectopique», peut trouver ses racines dans une expérience traumatisante de la vie de Goldin. « J’avais onze ans quand ma sœur s’est suicidée », écrit Goldin dans la remarquable introduction à « La ballade de la dépendance sexuelle ». Elle poursuit:

C’était en 1965, quand le suicide chez les adolescents était un sujet tabou. J’étais très proche de ma sœur et au courant de certaines des forces qui l’ont amenée à choisir le suicide. J’ai observé le rôle que sa sexualité et sa répression ont joué dans sa destruction. En raison de l’époque, le début des années soixante, les femmes qui étaient dans le désir sexuel et en colère étaient effrayantes, en dehors de tout comportement acceptable, tout à fait hors de contrôle. À l’âge de dix-huit ans, elle a vu que sa seule façon de sortir de sa situation était de s’allonger sur les rails d’un train de banlieue à l’extérieur de Washington, D.C. C’était un acte d’immense volonté.

À l’âge de quatorze ans, Nan Goldin s’est enfuie de chez elle, poussée par la peur qu’elle finisse comme sa sœur et disparaisse à l’âge de dix-huit ans. Après avoir déménagé à New York à la fin des années 1970, elle commence à prendre des photos. Obsédée par l’idée d’enregistrer sa propre vie quotidienne, ses clichés se distinguent de la photographie artisanale traditionnelle. Ils sont souvent mal éclairés et flous, avec des roses et des rouges vifs, des noirs et des bleus profonds. Au final, les images véhiculent une réalité hallucinatoire et pleine de sueur. C’était une époque particulière, lorsque les boîtes de nuit remplies de drogue dans l’East Village offraient de nombreuses tentations, avant l’avènement du sida et la décimation d’une partie importante de la population.

« La Ballade », une série d’images consacrée aux amis de Goldin, montre la vie telle qu’elle se passait. Au début des années 80, le projet a commencé à prendre forme à travers une série de diapositives réalistes de 35 millimètres projetées une à une. Goldin y a ajouté une bande sonore avec des musiques d’artistes comme The Velvet Underground et Maria Callas. La musique est comme un tissu conjonctif qui enrichit les photos et transporte le spectateur. Classé par thèmes, l’ensemble photographique a une articulation narrative : tomber amoureux, être enceinte, avoir des enfants, vieillir et mourir. La diapositive finale montre une image de graffiti avec deux squelettes faisant l’amour, peints en blanc sur une porte noire.

Manhattan / Brooklyn, décembre 2016. J’ai découvert le travail de Goldin lors d’un voyage à New York à l’occasion d’une visite au Musée d’Art Moderne (MOMA). Quand les lumières clignotent après la projection du diaporama, on a l’étrange impression d’avoir voyagé dans le temps. Les personnages de Goldin font partie de la classe bohème blanche. Quelle que soit la manière dont les jeunes hommes et les femmes photographiés semblent « planés », ils font toujours partie de la classe privilégiée et des «bonnes familles». Ils peuvent se permettre de se laisser aller, il y aura toujours des moyens matériels et psychologiques pour les secourir. Toutefois, leur vulnérabilité, leur quête d’amour et d’affection, demeurent universelle.

À Brooklyn, la ville où Goldin réside actuellement, en partage avec Berlin, les églises évangéliques et les restaurants fast-food apparaissent à chaque coin de rue. Après cinq ans de vie en Europe, je me rends compte que ces lieux ont une double fonction. D’abord, ils servent à prier et à consommer, deuxièmement ce sont  des centres sociaux à l’instar de ce que représente la sécurité sociale en Europe. Une vue typique : le personnage solitaire assis dans un coin de ces « fast-foods », enveloppé de plusieurs vêtements et « blotti » sur sa tasse de café pendant des heures. Il y a une complicité entre les sans-abri et les travailleurs de la restauration rapide, qui leur permettent de rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent. C’est le côté soft du capitalisme new-yorkais…

Cette image de compassion trotte dans ma tête, elle semble faire partie de la vision du monde propre à Goldin, où l’humanité brille toujours par les fissures des situations les plus inhumaines. Dans un auto-portrait effrayant intitulé « Nan battue », la photographe regarde dans la caméra à partir d’un œil meurtri et ensanglanté. Il est douloureux de regarder ce cliché, sauvé toutefois  par un coup de génie: le rouge vif appliqué sur les lèvres. La violence de la photographie est tempérée par un brin de féminité et de soin personnel. Une autre photo, intitulée «Bleu de la forme d’un cœur », parle d’elle-même.

Cependant, ce sont les relations humaines qui fascinent Goldin plus que tout:
«Je crains souvent que les hommes et les femmes soient irrévocablement étrangers l’un à l’autre, irréconciliablement inadaptés, presque comme s’ils venaient de différentes planètes, mais il y a un besoin intense de s’accoupler malgré tout. C’est une réaction biochimique qui stimule la partie de votre cerveau qui n’est satisfaite que par l’amour, l’héroïne ou le chocolat, l’amour peut être une dépendance, j’ai un fort désir d’être indépendant, mais en même temps un besoin d’intensité qui vient de l’interdépendance. La tension ainsi créée semble être un problème universel : la lutte entre l’autonomie et la dépendance … J’essaie de comprendre ce qui rend le couple si difficile, la mythologie de la romance contredit la réalité du couple et crée des situations d’attente dangereuses. »

Les temps ont changé: le SIDA ne représente plus la menace qu’il fut. Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche comme Président des Etats-Unis, porté par une vague de populisme et de nationalisme. La nécessité d’un « journal » comme une forme critique de documentaire est moindre de nos jours du fait de l’omniprésence des médias sociaux. Les années 1980 peuvent sembler une culture disparue, et pourtant l’exposition formidablement humaine de Goldin nous parait aujourd’hui extrêmement familière et rassurante. L’empathie, l’action, la rage et la réflexion…tout ce qui constitue l’humeur contemporaine ne semble pas étranger à l’œuvre de Goldin. L’histoire est circulaire, et peut-être que nous sommes en train de revenir au temps de la rébellion et d’intense recherche de liberté.

Sonya Ciesnik

Tags: photographie
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