L’Inconnue du désir, est-ce une inconnue mathématique dans une équation dont la solution échappe à qui n’est pas exceptionnellement doué et expérimenté ? Une inconnue dont ne triomphe que celui qui a la force et les instincts du prédateur ?
À nouveau, le thème du viol et de l’innocence impuissante face au monde masculin est abordé ici. L’auteure reprend parfois les phrases de Ne quitte pas les vivants pour nous montrer encore une jeune femme perdue. Celle-ci est en particulier d’une extrême faiblesse, mentale et sociale. Celle-ci n’a rien, seulement la prison d’un désir sans espoir, nourri par un couple qui a tout. D’un trait souvent appuyé se dessine cette misère sexuelle qui est celle d’un amour qui ne se réalisera jamais.
Beaucoup d’images scintillantes dans un scénario où la solitude, le désarroi s’augmentent dans cette liaison dangereuse. Le décor ici n’est pas Bagdad menacée par l’explosion d’une guerre civile, mais un Paris bourgeois, trop dur, trop élégant où un homme pervers, appuyé par sa femme, apprivoise, pour le détruire, un être trop fragile pour ne jamais sortir de son désert affectif.
On lit à chaque page le désespoir démesuré de cette « inconnue »… Jusqu’à ce qu’elle succombe à la brutalité.
Chantal Chawaf
La Grande Ourse
Jeanne Perrin