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La révolution par l’amour au risque de la haine

Marielle David Publié par Marielle David
20 avril 2018
dans Chroniques
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La révolution par l’amour au risque de la haine
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La France vient de connaître un séisme politique : La division de sa classe politique en deux grands partis de gauche et de droite, qui n’avaient connu que Pétain pour la dissoudre, a explosé en vol sous l’impulsion d’un jeune politicien, Emmanuel Macron. Comment s’y est-il pris pour réussir ce tour de force ?

Je n’ai pas pu suivre de près sa campagne mais comme beaucoup de Français, j’en ai reçu les échos, à la fois par les médias et par les amis, frappés par telle ou telle expression. « Je vous aime farouchement » a sans doute été la plus commentée. Oui, si tous ces jeunes sont entrés avec enthousiasme dans le soutien de cette aventure, c’est je pense parce qu’ils ont été soulevés par une force qui les a appelés : l’amour. Notre pays est de tradition catholique, elle est la fille aînée de l’Église. Le discours sur l’amour fait partie de notre patrimoine culturel, le catéchisme fut pendant de longs siècles avec la messe du dimanche une part importante de la vie de la majorité des Français. Cette influence, apparemment diminuée, n’a demandé qu’un homme pour la raviver. Emmanuel Macron a su avec brio relever ce défi et par là entraîner le pays tout entier dans l’abolition d’une division qui signait une opposition de principe entre les citoyens d’un même pays. Le levier de l’amour a entraîné les jeunes pour qui ce discours fut nouveau pour une autre raison : la perte de la lettre d’amour. Cette génération n’a connu que les SMS, cette façon de communiquer très pulsionnelle, très amusante mais qui fait perdre à chacun jusqu’à son prénom car l’échange devient un flot continu qui n’a plus besoin d’être adressé à l’autre. En apportant un discours qui visait chacun, avec ses coupures et le rythme qu’il a imposé, Emmanuel Macron est aujourd’hui Président de la République.

Souvent il insiste sur une part de sa biographie qu’il juge importante : son lien avec le philosophe Paul Ricœur. « Je l’ai connu enfant et il me fit une forte impression dont je me souviens encore aujourd’hui. Tous les dimanches, nous allions à la campagne ou dans les Vosges faire une promenade. Parfois avec les Ricœur. Après un pique-nique arrosé de ciboulette, il avait l’habitude, quand le temps le permettait, de se rouler dans l’herbe. Il mettait les bras bien le long du corps pour ce faire. Je ne me souviens pas s’il enlevait ou non ses lunettes qui à l’époque étaient rondes et cerclées d’écaille. La première chose qui vient à l’esprit est que cet homme sérieux ne se prenait pas au sérieux. Cet usage, cet acte que pouvons nous en dire, sachant que lui même s’intéressait passionnément à l’interprétation des textes écrits ? « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » avait inscrit Platon au fronton de son Académie. Géomètre, géologie, géopolitique, sans doute exprimait-il ainsi une part de son « être de philosophe », attaché à la terre et pas seulement à « la stratosphère ». Plus tard mes parents me rapportèrent qu’il avait souffert de la parution d’Écrits de Lacan car il pensait, non sans raison, qu’il lui signifiait son désaccord avec son ouvrage sur De l’interprétation, essai sur Freud. C’était en 66. En 69, une autre épreuve l’attendait. Connu pour son ouverture d’esprit, il fut nommé doyen à Nanterre. Les étudiants, ne trouvèrent rien de mieux que de lui mettre une poubelle sur la tête. Certains voient dans cet acte l’expression du structuralisme ambiant. Il ne s’agit de fait que de goujaterie violente devant la modestie d’un grand penseur. »

C’est le mérite d’Emmanuel Macron d’avoir compris la grandeur d’un homme qui ne cherchait pas à éblouir autrui par son image mais l’entraînait vers sa vérité.

Comme beaucoup des grands intellectuels français refusés par le système, il dut partir aux États-Unis d’où leur influence nous revient en boucle aujourd’hui. Derrida, qui admira tant la cathédrale de Chartres, fut un maître pour Frank Gehry qui a construit, au bois de Boulogne, cette cathédrale moderne qu’est la Fondation Vuitton réservée à l’actuelle grande religion des Français, l’art et ses musées dont la fréquentation dépasse largement désormais celle des Églises.

La pensée de Paul Ricœur est revenue sur plusieurs fronts. Du côté de celui que je connais, la psychanalyse, son concept d’identité narrative est passé par la pensée de Daniel Stern, un pédopsychiatre américain, relayé en septembre 2012 à Cerisy, par mes amis Bernard Golse et Alain Vanier[1]. Forte utile pour décrire les premiers stades de la psyché du bébé. Et puis bien sûr dans le domaine du politique, aujourd’hui, par Emmanuel Macron.

Venons en tout de suite à l’émotion qu’il a suscité dans une part de la jeunesse par son discours sur l’amour dont nous disons qu’il est transférentiel. Le président de la République a dit que, d’après lui, les Français, ayant coupé la tête de Louis XVI, ont gardé la nostalgie de la royauté. Est-ce exact ? Certes le retour de l’Empire puis la monarchie expriment une culpabilité, un regret mais aujourd’hui, qu’en est-il ? Française parmi beaucoup d’autres, je vais toutefois donner mon point de vue, éclairé il est vrai par le travail historique de mon propre père Marcel David[2]. Depuis le Moyen Âge, la vie religieuse et politique s’est organisée en France par la séparation entre l’auctoritas, réservée au pape et à L’Église, et à la postestas, pouvoir des princes. Avec le protestantisme qui refuse l’autorité du pape, à la suite des guerres de religion et de la fronde, Louis XIV prend tous les pouvoirs dans sa main. Les Lumières viennent, refusant cette toute-puissance avec ses conséquences guerrières et la tragique révocation de l’édit de Nantes. Peu à peu une nouvelle pensée politique se fait jour et alliée à la misère du peuple entraîne la révolution française et une nouvelle constitution. Le meurtre de Louis XVI a bien sûr provoqué une culpabilité et une alternance au xixe siècle entre Empire, révolutions, retour de la royauté avec finalement l’installation de la démocratie avec son résultat : La République une et indivisible, et un régime parlementaire sur lequel s’appuient les dirigeants de la France.

La Ve République a rétabli sous l’impulsion du général de Gaulle la traditionnelle division entre auctoritas et potestas. Le président a des prérogatives régaliennes, mais il laisse le Premier ministre diriger le gouvernement. Chirac réduisit à cinq ans la mandature, approuvé par un référendum en 2000 et Lionel Jospin fit en 2001 que les élections législatives soient consécutives à l’élection du président et amplifient le choix du président de la République.

En termes psychanalytiques issus de la pensée de Jacques Lacan, grande figure intellectuelle française, l’autorité du chef de l’État est là pour faire tenir droit le S1, le « signifiant maître » qui fait exception et en prive les autres sujets – pendant 5 ans. Le Premier ministre lui, garantit qu’il y a un autre signifiant, nommé S2, le « savoir ». Cette dualité, cette différence étant indispensable à la psyché humaine, ici représentée dans le politique.

 

Retour donc d’une conception catholique du pouvoir que de Gaulle et Mitterrand ont particulièrement bien incarnée. François Hollande n’a pas été un président normal, c’est-à-dire qui assume la charge d’exception à laquelle les Français l’attendaient. Il a été un homme normal, sans fard, avec ses difficultés. Certains journalistes ont peu à peu occupé la place vacante de l’auctoritas, n’hésitant pas à chercher à humilier le chef de l’État et le Premier ministre. Les Français demandent à Emmanuel Macron de reprendre une position d’Autorité. Est-ce pour autant qu’ils lui demandent d’être un roi ? À mon sens certainement pas. Le président de la République a d’ailleurs suivi les conseils de Barnave à la reine Marie-Antoinette tels que Mona Ozouf les rapporte : « Tenez compte de l’opinion publique[3] ». Ce qu’elle refusa et on en connaît les conséquences.

 

S’il advenait que les Français pensent qu’Emmanuel Macron se prend réellement pour un roi, l’amour qu’a suscité sa campagne exemplaire se retournerait en haine qu’ils n’hésiteraient pas à exprimer, dans la rue et par la voix des urnes.

La grande majorité des Français souhaitent qu’Emmanuel Macron réussisse son entreprise courageuse et désirent qu’il soit pleinement et simplement tel que la Constitution de la V° République le définit, président de la République française. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs fort bien compris, divisant clairement avec Édouard Philippe, le Premier ministre, le champ de la parole. Au pays de Saint-Exupéry, où chacune et chacun sait que malgré l’invasion de l’image, « L’essentiel est invisible pour les yeux. »

 

Marielle David

 

[1] Quelle ne fut pas ma surprise quand je m’aperçus que le concept de « tissu de l’amour » que je défends depuis si longtemps et qui se voit conforté par Lacan dans l’affirmation de son dernier séminaire « Le tissu c’est le Réel » croise la notion de Daniel Stern « L’enveloppe prénarrative » qui est « une construction mentale à partir du monde réel ». Des théories apparemment opposées peuvent de fait se recouper. Dans

Daniel Stern « L’enveloppe prénarrative », dans Récit, attachement et psychanalyse sous la direction de Bernard Golse et Sylvain Missonnier, Érès, collection La vie de l’enfant, 2011, p. 32

[2] Marcel David La Souveraineté et les limites du pouvoir monarchique – Librairie Dalloz

[3] Mona Ozouf L’Homme régénéré, Gallimard

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