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Les enjeux philosophiques de l’informatique

Emmanuel Brassat Publié par Emmanuel Brassat
5 avril 2018
dans Non classé, Science, Tech
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Les enjeux philosophiques de l’informatique
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Nous sommes entrés dans l’ère dite du « numérique », en anglais celle du calcul digital. Ces deux expressions signifient que la représentation des connaissances et les opérations menées sur celles-ci se font par des nombres et par le moyen des ordinateurs ou calculateurs logiques, en anglais computer. L’émergence de cette culture, marquée par le code numérique, se sera produite à travers la convergence et le développement, durant la seconde moitié du xxe siècle, de la logique, de l’électronique, de l’informatique, des techniques de communications et de la robotique. Par définition, une donnée numérique est une succession de caractères et de nombres qui configurent la représentation discrète d’un objet de manière non analogique. Dans ce cadre, les données, ou l’information, circulent sous la forme du codage informatique et sont donc exprimées, organisées, analysées et échangées, traitées par le biais des ordinateurs et de leur mise en réseau. Le fonctionnement des ordinateurs est assuré par des programmes ou ensemble d’instructions, et les opérations réalisées sur les données sont conduites par des algorithmes ou ensembles finis de règles de procédure. Pour l’historien, il se produirait comme une quatrième révolution technologique et industrielle, après celles de la machine à vapeur, de l’électricité et de la chimie, puis du nucléaire. Pour le philosophe, c’est une épistémologie nouvelle de la pensée qui s’annonce dans l’horizon de cette « machine analytique » qu’est l’ordinateur et de ses nombreuses applications. Pour le sociologue, cette ère nouvelle bouleverse de façon majeure les sociétés humaines dans leurs institutions, organisations et cultures. On parle désormais d’une nouvelle lutte de l’homme et de la machine, le premier se sentant désormais dépossédé par la seconde de ses pouvoirs et libertés avec la constitution d’une nouvelle réalité virtuelle qui vient ordonner le monde humain, son activité et sa relation au monde physique, provoquant une disruption. Plus encore, c’est la distinction philosophique fondamentale de l’esprit et de la matière qui semble atteinte, l’ordinateur apparaissant en tant que tel comme porteur de capacités intellectuelles, voire comme susceptible de se substituer à la conscience humaine et de la dépasser in situ comme « intelligence artificielle ». Si une telle transformation a été anticipée par la littérature de science-fiction des années 50-60 du xxe siècle, elle pose désormais à l’humanité des questions majeures et sans précédent quant à ses condition et destinée, mais peut-être aussi quant à une redéfinition de sa nature et de ses limites vers un dépassement de celles-ci, impliquant plus particulièrement une nouvelle articulation du vivant et des systèmes artificiels telle qu’elle a pu être anticipée par la cybernétique initiée par N. Wiener entre 1945 et 1965 aux États-Unis.

 

Éclairages historiques et formels

L’informatique se divise en théorique et pratique. L’une est purement mathématique et logique, l’autre implique la conception de systèmes fonctionnels susceptibles de donner lieu à la construction d’ordinateurs. Si l’on suit certains mathématiciens, après A. Church, on peut définir l’informatique comme étant « l’écriture des mathématiques », en cela que l’on y travaille sur les propriétés formelles de l’écriture du langage mathématique, sa syntaxe, indépendamment des interprétations sémantiques et des usages spécifiés qu’on peut en faire. L’ordinateur n’est pas une simple machine, un organe d’exécution, il est un automate logique ou une « machine analytique », c’est-à-dire capable par lui-même d’opérations sélectionnées d’inférence en appliquant des procédures réglées et finies de calcul à des données et de conserver les résultats de celles-ci en mémoire pour les réutiliser. En cela, il est aussi une machine symbolique qui opère sur des signes, désormais avec un langage codé de nature numérique dont la base binaire positionnelle est la différence de valeur du 0 et du 1. Soit sur la différence logique et informationnelle du vide et de l’unité, ou sur celle opératoire et physique de la relation ou de son interruption. On observera qu’ici connexions et rapports s’articulent du passage par la quantité nulle. De plus, l’ordinateur possède, comme les êtres vivants, une capacité en boucle de rétroaction ou feed-back. Il peut modifier son action opératoire et l’optimiser en fonction des données reçues et des résultats attendus ou obtenus, cela selon des règles écrites finalisées en nombre fini. C’est le mathématicien et logicien A. Turing qui en aura donné en 1936 la première définition abstraite, sous l’éponyme de « machine de Turing » : une bande infinie munie d’une tête de lecture-écriture, un langage, une table d’actions ou déplacements, un ensemble d’états. L’ordinateur est aussi un système physique, électrique-électronique, de communication d’information dans un canal (transistor, puces, microprocesseurs) dont la définition mathématique et le fonctionnement matériel ont été conçus par les ingénieurs C. Shannon et W. Weaver en 1948. Leurs travaux, issus de la physique et du calcul des probabilités, font appel aux notions de logarithme, de signal et d’entropie. Les prémices de l’informatique dans l’histoire sont anciennes. Celle-ci a commencé avec la théorie formelle du raisonnement initiée par Aristote dès l’Antiquité, qu’on appelle aujourd’hui « logique », a été anticipée par Neper et Leibniz au xviie siècle par leurs travaux sur les logarithmes et la binarité, s’est prolongée avec l’algébrisation par Boole de la logique classique au xixe, puis est issue de l’arithmétisation ou codification de celle-ci sous forme numérique au xxe siècle : langage, règles et données. La première machine de calcul fut construite par Pascal au xviie et le premier ordinateur expérimenté par C. Babbage au xixe, les techniques de tissage du métier Jacquard ayant inspiré la notion de programme sous forme de grilles perforées. Au xixe, la mathématicienne A. Lovelace conçut l’architecture fonctionnelle de l’ordinateur : entrées, mémoire, commandes, calculateur, sorties. En 1945, le mathématicien J. von Neumann intégrera les instructions de fonctionnement au calculateur et les posera comme un ensemble de décisions logiques. Les premiers ordinateurs construits, portés par la seconde guerre mondiale, furent en 1943 Colossus, en 1946 ENIAC, en 1950 EDVAC. L’ordinateur apparaît ainsi progressivement comme un système artificiel fonctionnel similaire à un organisme et capable d’auto-organisation. Dans son évolution, il sera passé d’un appareil de calcul mécanique à un automate analytique capable par ses programmes de rétrocontrôle et d’apprentissage.

 

Constats et problèmes

Dans le contexte actuel de la révolution informatique, des oppositions philosophiques classiques nodales comme celles de : sujet pensant/objet pensé/produit matériel, sont devenues plutôt instables pour plusieurs raisons. L’informatique permet d’installer sur des automates des opérations intellectuelles d’analyse et de calcul sur des données, des inférences et déductions, qui étaient autrefois inhérentes au seul exercice logique de pensée du sujet humain rationnel. Et, bien qu’elles aient toujours nécessité le concours de supports techniques externes et d’écritures, elles se voient désormais automatisées en externalité. Le fonctionnement électronique des ordinateurs permet de traduire dans des processus physiques ces opérations intellectuelles et donc les matérialise hors de l’esprit. Si le langage humain, qui repose sur des systèmes symboliques discrets, des signes, supporte l’activité de pensée, dans l’ordinateur, des systèmes de symboles numériques discrets sont opérés par des fonctionnements physiques électriques continus, des signaux, sur des supports matériels conducteurs ou « microprocesseurs ». Les capacités de calcul des ordinateurs, et désormais également leurs capacités d’apprentissage, leur permettent de produire des résultats et des conduites d’action en regard d’un milieu donné qui surpassent très largement les capacités humaines dans des situations identiques. Le rapport du sujet humain à lui-même en serait modifié, son activité mentale et ses perceptions se voyant très directement relayées, stimulées et organisées par des appareils logiques externes automatisés. Il y a donc comme un effet de rupture en excès sur les pratiques et connaissances assimilées, une disruption. Par ailleurs, l’informatique elle-même, dans ses usages pratiques et évolutions théoriques, induirait, dans la prise en compte du donné, le passage d’une logique temporelle successive à une logique spatiale simultanée, modifiant ici tout autant de façon globale les processus de lecture et d’écriture communs. Sur le plan logique, elle tendrait à substituer à un traitement parallèle de l’information, d’abord séquentiel, des logiques distributives de type connexionniste permettant l’émergence de capacités d’auto-organisation au sein des systèmes initiés. Or cet ensemble de phénomènes logiques, psychiques, épistémologiques et techniques nouveaux, actualise plusieurs points de crise déjà présents dans la culture actuelle. Ce sont autant de dissociations structurelles dues à la modernité scientifique qui se voient ici accentuées et accusées par un écartement entre : signes employés et sens usuel donné, subjectivité humaine et langage référent, morphologie du langage et significations, actions techniques et finalités. L’écriture numérique prétendant à les résoudre par la conjonction fonctionnelle du signe-nombre et des opérations, en substituant une heuristique informatique à une herméneutique du signe linguistique. De telles transformations font surgir une crise profonde du rapport humain à la littératie, au langage et à son interprétation dans la culture commune.

 

Conséquences

Plusieurs questions métaphysiques et épistémologiques s’avèrent dès lors mobilisées par la révolution numérique et informatique, affaiblissant l’opposition de la culture et de la nature. Celle du rapport pensée/matière pouvant donner lieu à un réductionnisme ou physicalisme quant à la pensée humaine. Le déploiement d’une pensée de l’analogie et de l’hylémorphisme, néo-aristotélicienne, qui fait converger propriétés spirituelles et nature réelle. L’attribution d’une intentionnalité aux ordinateurs, permettant de croire pouvoir transposer intégralement sur des programmes le réel psychique humain. La prédominance d’une rationalité plutôt instrumentale, s’appuyant sur un paradigme computationnel, réduisant toutes les sciences humaines aux sciences cognitives issues de l’informatique. De sorte qu’on a pu assister, au sein de ce paradigme, à une convergence presque obligatoire de sciences comme : la neurologie, la logique, la linguistique, la sociologie, la psychologie, la biologie, la médecine, l’économie. Par ailleurs, c’est une nouvelle anthropologie qui prétend s’imposer, celle d’une humanité « augmentée » par l’intelligence artificielle, la robotique et une symbiose à venir du vivant et de la machine, ou cyborg. Au-delà des transformations observables, industrielles, ergonomiques, sociales, culturelles, que l’informatique occasionne, c’est l’annonce plus ou moins mystique qui circule d’un « transhumanisme ». Ce serait, pour ses promoteurs, l’apparition d’une humanité délivrée de la mort, de la maladie et du vieillissement et dont on peut redouter, indépendamment de sa valeur utopique, qu’elle ne soit qu’idéologique ou fondée sur un déni de la réalité du corps vivant et parlant.

 

Emmanuel Brassat

Bibliographie :

Alan Ross Anderson, (sous la direction de) Pensée et machine. Seyssel, Champ Vallon, 1983.

Daniel Andler, Introduction aux sciences cognitives. Paris, Gallimard, 2004.

Mark Alizart, Informatique céleste. Paris, PUF, 2017.

Gérard Chazal, Le Miroir automate. Seyssel, Champ Vallon, 1995.

Jean-Pierre Dupuy, Aux origines des sciences cognitives. Paris, La Découverte, 1994.

Jean-Gabriel Ganascia, Le Mythe de la singularité. Paris, Seuil, 2017.

Robert Ligonnière, Préhistoire et histoire des ordinateurs. Paris, Robert Laffont, 1987.

Aline Pélissier, Alain Tête, Sciences cognitives. Textes fondateurs. Paris, PUF, 1995.

Jean-Michel Salanskis, Philosophie des mathématiques. Paris, Vrin, 2008.

Francisco J. Varela, Connaître : les sciences cognitives, tendances et perspectives. Paris, Seuil, 1989.

[*] Cet article reprend une communication inédite d’Emmanuel Brassat, philosophe. Revue Passages dans le cadre des séminaires de l’ADAPes et du Comité médecine, sciences et psychanalyse (CMSP).

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