Afin d’aider son économie, la Chine va émettre dès cette semaine des obligations d’Etat à long terme. Un fait rare pour la deuxième économie planétaire, qui fait face à quelques difficultés à cause de la dérive de son volet immobilier, d’une demande en baisse et d’un taux de chômage important.
Tous les moyens sont bons pour soutenir son économie. Le ministère chinois des Finances vient d’annoncer que Pékin allait vendre un premier lot d’obligations d’Etat à long terme cette semaine. Dans le détail, le gouvernement commencera, vendredi, à émettre des obligations à 30 ans dans le cadre d’une vente prévue de plus de 138 milliards de dollars de dette.
D’autres obligations d’une durée de 20 et 50 ans seront mises en vente le 24 mai et le 14 juin prochain. Le ministère chinois des Finances n’a toutefois pas précisé le nombre d’obligations qui seront émises.
La Chine veut financer des projets importants et stratégiques
En mars, le premier ministre Li Qiang a affirmé que les ventes d’obligations seront utilisées pour financer des projets majeurs d’importance stratégique. D’autant que les dépenses publiques chinoises doivent augmenter avec un budget 2024 tablé à 28 500 milliards de yuans (3 649 milliards d’euros), soit 1 100 milliards de yuans (141 milliards d’euros) de plus qu’en 2023.
La deuxième puissance économique mondiale n’a vendu des obligations de ce type qu’à de très rares occasions, pour surmonter des problématiques économiques majeures, comme début 2020 afin de financer les efforts de lutte contre le coronavirus.
Une économie fragile
Mais l’économie chinoise inquiète une nouvelle fois. L’instabilité du marché immobilier et le taux de chômage élevé, surtout chez les jeunes, préoccupent le gouvernement. Pékin a plusieurs fois annoncé des mesures pour sauver son volet immobilier, mais sans effet réel pour le moment. « La demande intérieure est encore assez faible », a affirmé en mars Zhiwei Zhang, économiste au cabinet Pinpoint Asset Management.
« La tâche de stabiliser le marché immobilier est encore très difficile », a de son côté déclaré en janvier le ministre chinois du Logement Ni Hong. Ce dernier estime nécessaires les faillites et restructurations des promoteurs « gravement insolvables ». Pour rappel, l’immobilier national, qui avait connu 20 ans de croissance fulgurante avec l’augmentation du niveau de vie des Chinois, a longtemps représenté plus du quart du PIB du pays.
Aussi, les prix à la consommation ont monté en avril pour le troisième mois de suite, confirmant la sortie de la déflation de l’économie, mais la demande reste faible en Chine. Le gouvernement multiplie donc les politiques incitant à consommer, en vain.
Croissance : un cap modeste
Les problématiques économiques ont poussé Pékin à tabler sur une croissance de son PIB autour de 5% cette année. Un objectif humble comparé à la décennie 1990-2000 où la Chine à enregistré une croissance à deux chiffres. Le pays a réussi à maintenir une croissance située entre 7 et 9% depuis 2014.
Dans son discours prononcé en mars à l’ouverture de la session annuelle du Parlement Chinois, Li Qiang a estimé que l’objectif de croissance en 2024 ne sera « pas facile » à atteindre. « Nous devons donc maintenir le cap de notre politique, travailler plus dur et mobiliser les efforts concertés de toutes les parties », a ajouté le Premier ministre.