Dans une interview au quotidien L’Humanité, Emmanuel Macron a considéré que le Rassemblement national (RN) devrait s’abstenir d’assister à la cérémonie d’entrée au Panthéon du résistant communiste étranger Missak Manouchian, organisée mercredi prochain.
« Les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat de Manouchian », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une interview accordée hier soir au quotidien L’Humanité. Selon le chef de l’Etat, le Rassemblement national (RN) n’est pas la bienvenu à la cérémonie de panthéonisation qui se déroulera mercredi 21 février.
« Comme pour l’hommage à Robert Badinter dont les élus du RN étaient absents », à la demande de la famille de l’ex garde des Sceaux, « l’esprit de décence, le rapport à l’histoire devrait les conduire à faire un choix », a indiqué Emmanuel Macron.
« Mais je ne vais pas, moi, par un geste arbitraire, en décider », a-t-il précisé, affirmant que son « devoir est d’inviter tous les représentants élus par le peuple français ». Le président se refuse à « faire le tri » entre eux.
A l’occasion de l’entretien avec L’Humanité, Emmanuel Macron s’est arrêté sur le débat qui anime la majorité présidentielle autour de l’intégration – ou non – du RN dans « l’arc républicain ». Il y a deux semaines, Gabriel Attal y avait inclus ce parti politique et plus globalement toutes les forces représentées à l’Assemblée nationale. « Certains disent qu’il ne faut travailler qu’avec l’arc républicain. Moi je considère que l’arc républicain c’est l’Hémicycle. Il y a derrière chaque parti le vote de millions de Français », a précisé le Premier ministre dans un entretien accordé au Monde.
« Même si je ne pose pas d’équivalence entre les deux extrêmes. Je n’ai jamais considéré que le RN ou Reconquête s’inscrivaient dans l’arc républicain », a répondu Emmanuel Macron. Ce dernier estime également « que les textes importants de l’Assemblée ne doivent pas passer grâce aux voix des députés RN. Ce distinguo suffit à dire où j’habite ».
« L’Assemblée nationale accueille toutes les forces élues par le peuple. Est-ce que toutes adhèrent à la République et ses valeurs ? Non. C’est aussi vrai pour des groupes d’extrême gauche », a poursuivi le chef de l’Etat, ciblant « certaines personnalités de la France insoumise (LFI) », qui, « à travers leurs positions », « combattent les valeurs de la République ».
L’Humanité a profité de son échange avec Emmanuel Macron pour l’interroger sur les chances de Marine Le Pen d’accéder à l’Elysée en 2027. « Le sentiment de perte de contrôle alimente le RN. Beaucoup de ses électeurs considèrent l’Europe comme un monde trop ouvert, trop compliqué. Donc la formule magique serait le retour au nationalisme », analyse-t-il.