Des chercheurs ont constaté que la modification de l’expression d’un gène dans les cellules intestinales permettait de ralentir le processus de vieillissement de cet organe et d’augmenter l’espérance de vie du poisson-zèbre. Cette découverte ouvre des perspectives prometteuses pour lutter contre le vieillissement chez les humains.
Dans une entrevue, la question de savoir si la génétique pourrait inverser le processus de vieillissement a été abordée. Ralentir voire inverser le vieillissement pourrait être rendu possible grâce à la génétique dans les années à venir.
Lien entre vieillissement et intestin
Des chercheurs du CNRS se sont interrogés sur le fait de savoir si le ralentissement du vieillissement d’un seul organe serait suffisant pour préserver l’ensemble de l’organisme. Ils ont choisi d’étudier l’intestin dans leur recherche publiée dans Nature Aging. En effet, le vieillissement résulterait d’une inflammation accrue de notre « deuxième cerveau », le tube digestif. Avec le temps, l’intestin perd progressivement sa fonction de barrière, ce qui permet à certaines particules indésirables de passer à travers et d’accélérer le vieillissement de l’organisme. De plus, l’intestin est l’un des organes où les télomères, dont le raccourcissement est caractéristique du vieillissement, se dégradent le plus rapidement.
Il y a plus de cent ans, l’immunologiste russe Elie Metchnikov, lauréat du prix Nobel en 1908, a constaté que le vieillissement était causé par une inflammation accrue de l’intestin due à la présence de microbes dans la circulation sanguine. À mesure que nous vieillissons, le tube digestif remplit de moins en moins bien son rôle de barrière, ce qui permet le passage de bactéries indésirables et accélère le vieillissement de l’organisme. Les travaux récemment publiés dans Nature Aging confirment cette théorie.
Études sur le poisson-zèbre
Les chercheurs ont mené leurs travaux sur le poisson-zèbre, qui partage 70 % de ses gènes avec l’homme. Ils ont introduit dans l’animal un fragment d’ADN permettant aux cellules intestinales de produire de la télomérase, une enzyme responsable de l’allongement des télomères. Non seulement le déclin de l’intestin a été ralenti, mais le vieillissement d’organes éloignés tels que les systèmes reproductif et hématopoïétique (producteur de cellules sanguines, comme la moelle osseuse) a également été freiné. Ainsi, l’activation de l’expression spécifique de la télomérase dans l’intestin, conduisant à l’allongement des télomères, suffit à contrer le vieillissement chez le poisson-zèbre.
Reste à déterminer si ces résultats encourageants peuvent être reproduits chez l’homme. Les scientifiques souhaitent également étudier les pathologies associées au raccourcissement des télomères, telles que le cancer, les maladies neurodégénératives, immunitaires et gastro-intestinales.
Une application sur l’homme est-elle envisageable ?
Dans une certaine mesure, la capacité régénérative de l’intestin chez le poisson-zèbre pourrait-elle être appliquée à l’homme ? Selon le chercheur Mounir El Maï, l’intestin est considéré comme le premier cerveau, car il est apparu avant dans l’évolution. Il indique que démontrer que le vieillissement de tout l’organisme peut être initié par l’intestin est très intéressant et pourrait conduire à de nouvelles découvertes thérapeutiques et diagnostiques. Les télomères jouent probablement également un rôle dans le cancer et d’autres maladies immunitaires ou gastro-intestinales. La prochaine étape de la recherche consistera à comprendre comment tous ces organes communiquent entre eux pour signaler leur vieillissement.