La réalisation du projet d’interconnexion électrique entre la France et la Grande-Bretagne vient d’être confirmée par la société Aquind, à l’origine du projet. Un projet positif pour la transition énergétique des deux côtés de la Manche et pour la « relance verte » post-confinement.
Dans une période marquée par une certaine incertitude économique, la société Aquind confirme qu’elle réalisera bien son projet d’interconnexion électrique entre le Royaume-Uni et la France. En reliant les systèmes électriques des deux côtés de la Manche par le biais de deux câbles enterrés d’une longueur de 245 kilomètres, Aquid entend ainsi porter la capacité d’interconnexion entre ces deux pays à 6 GW d’ici fin 2023, soit un gain de 2 GW. Et par la même mieux répondre aux variations de productions et de besoins entre les deux pays. De quoi permettre d’augmenter les exportations françaises d’électricité et localement de créer près de 340 emplois directs. L’objectif est aussi de réduire de 47 kt les émissions de CO2 à l’horizon 2025. Financé uniquement à l’aide de fonds privés, le projet exclut tout risque pour les collectivités territoriales.
Le projet répond à l’objectif de doublement des capacités d’interconnexions – développé dans le plan décennal de la RTE (Réseau de transport d’électricité) – après que la France a été épinglée par l’OCDE en ce qui concerne un retard dans ses capacités d’interconnexions. De nouvelles capacités qui permettront d’y intégrer la hausse de production d’énergie renouvelable.
Un fort potentiel économique
Le projet Aquind répond à une logique de sécurisation du marché européen via le développement des sources d’approvisionnement qui permet, en outre, d’optimiser le coût de l’énergie pour les consommateurs. À bien des égards, ce projet d’interconnexion présente un potentiel économique certain.
Le cabinet de conseil Asterès, qui s’est penché sur le projet, souligne ainsi l’ouverture de nouveaux débouchés, de nouvelles perspectives d’exportations, à même d’améliorer la balance commerciale française. Une création de richesse dopée par un effet prix de l’énergie. En effet, l’augmentation sensible des exportations est conditionnée à des prix de l’électricité plus élevés chez l’importateur et à un mix énergétique compatible. C’est le cas du Royaume-Uni dont les besoins nets d’importations devraient augmenter jusqu’en 2025 pour ensuite se stabiliser avant de repartir à la hausse à l’horizon 2033. En parallèle, la France possède un excédent de production d’électricité de l’ordre de 200 TWh en raison d’une production évaluée à 630 TWh en 2028 et d’une consommation intérieure estimée à 426 TWH. Un écart qui représente un levier non négligeable de création de valeur et d’économies alors que l’augmentation des prix de gros de l’électricité, relative à la hausse des exportations, permettra de réduire les moyens alloués par l’État aux producteurs d’énergies renouvelables.
Un investissement à effet multiplicateur dans un contexte de crise sanitaire
Le projet Aquind est d’autant bien plus bienvenu que celui-ci intervient dans une période où de nombreux projets internationaux sont remis en cause suite à la pandémie. Et ce alors que les investissements à fournir en matière de transition énergétique sont colossaux. Preuve en est, les 51 milliards d’euros à investir chaque année jusqu’en 2023 dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
Asterès souligne dans son rapport l’effet multiplicateur élevé des investissements relatifs au projet sur les retombées économiques. Tous secteurs confondus, le coefficient multiplicateur de l’investissement est aujourd’hui supérieur à 2,3. Un niveau qui est à mettre au crédit de la situation actuelle – fort écart entre croissance potentielle et effective, faiblesse des taux d’intérêts, inefficacité de la politique monétaire pour juguler la crise économique, généralisation de celle-ci au niveau mondial.
Les retombées économiques d’un tel projet seront aussi particulièrement concentrées à l’échelle locale. Dans le secteur de la construction, 250 emplois directs seront créés sur le territoire normand, et ce, sur une durée de 2 ans et demi. Ce qui devrait déboucher sur 90 emplois indirects. Pour les collectivités locales, les revenus fiscaux pourront avoisiner les 4 millions d’euros par an. En outre, l’intégralité des risques consécutifs au projet seront supportés par les seuls investissements privés via le statut d’exemption demandé par Aquind.
De fait, le projet Aquind favorisera l’adaptation du réseau à la transition énergétique tout comme il permettra de rendre plus efficace et plus sécurisé les marchés énergétiques français et britanniques.
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