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Le transhumanisme, stade ultime de la déshumanisation ?

Didier Sicard Publié par Didier Sicard
8 janvier 2020
dans Santé
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Le transhumanisme, stade ultime de la déshumanisation ?
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Quand l’ivresse des découvertes , des innovations techniques fascine les humains, leur premier réflexe est de leur déléguer une part des conduites humaines puis de se donner le frisson de la tentation de demander à la technique de nous proposer des rêves, au premier rang desquels celui de créer un homme nouveau.

Or l’homme du 21e siècle est déjà un transhumain pour un paysan médiéval et même du XIXe siècle sur le plan technique par l’usage démultiplié ou multiplié par 1000 des possibilités de son corps, vitesse , force, économie d’énergie vitale, étendue sans fin des connaissances du monde, à l’aide de prothèses diverses et de la robotisation du monde.

Il s’agit d’une véritable disruption.

Mais est-il plus intelligent ? Au sens de l’interrogation existentielle qu’il porte sur le monde, ses capacités créatrices artistiques, musicales, plastiques, littéraires ? C’est non seulement peu vraisemblable, mais la question peut même se poser d’une régression.

Est-ce cette inquiétude qui suscite l’appel croissant à l’intelligence artificielle (I.A) ? Certes transhumanisme et intelligence artificielle sont loin d’être apparentés .Mais la fascination pour cette dernière en fait un modèle de finalité pour la première .Car il s’agit toujours d’augmenter les performances. Mettant hors champ le corps qui jusqu’ici a été le support de cette intelligence suscitée par le lien étroit cerveau-reste du corps. On sait par exemple que c’est la main qui fait le cerveau, même si apparemment le cerveau commande la main. Mais l’absence d’une main réduit, comme on l’a constaté, la surface de la zone cérébrale concernée. Plus de main, plus de neurones !

Est-ce cette inquiétude au contraire qui suscite le besoin d’aller au delà des limites physiologiques en conférant au cerveau les mêmes possibilités qu’offrent au corps ses prothèses internes et externes ?

Médecine et transhumanisme

D’autant que le corps est le lieu d’une autotranscendance. La médecine est devenue le nouveau salut de l’être, après la disparition de la transcendance spirituelle qui avait au moins le mérite de ne pas privilégier le corps ! La médecine devient ainsi l’alibi du transhumanisme en proposant à l’humanité de dépasser ses limites et en lui offrant des possibilités inouïes sans contreparties. « Donnez-moi votre cerveau, je vais multiplier par 1000 vos capacités » ! Quelles potentialités ? Mnésiques ? Mais la mémoire est faite d’oublis et d’expériences sensorielles, issues du corps. La naïveté serait de la penser comme celle d’un ordinateur désincarné. Créatrices ? Certes l’intelligence artificielle peut battre le meilleur joueur de Go, mais il ne s’agit alors que de choisir des solutions mathématiques, algorithmiques parmi des milliers et non de créer une nouvelle stratégie inattendue. L’I.A garde en mémoire toutes les parties du monde, permettant à chaque coup de convoquer l’histoire du jeu mais non d’inventer .Un transhumaniste pourra certes voir augmenter ses capacités de calcul mais pas celles d’une création originale littéraire, scientifique ou artistique .Plus performantes ? Réparer le corps donne des idées à l’augmentation des performances. Le sport de haut niveau est une conquête de la médecine. L’augmentation des capacités intellectuelles et sensorielles doit donc relever de la science. Il est alors tentant de hisser les capacités cérébrales à un haut niveau, voire à des niveaux inconnus, en pensant qu’il faut dépasser les bornes, ne pas se préoccuper des limites.

La consommation de drogues hallucinogènes ouvre la voie ; simplement le prix à payer est la descente douloureuse  à l’arrêt de la prise et le drame de l’addiction.

Quels que soient les procédés techniques, liaison cerveau-machine, les études de prolongation de la vie grâce aux expériences chez le rat « taupe-nu » qui promettent une vie humaine de 600 ans, l’optimisation des gênes par un bricolage de plus en plus aisé, les mêmes questions insolubles se poseront toujours.

Le manque

– Améliorer n’est pas toujours un progrès car c’est le manque qui suscite l’augmentation. Ainsi un sourd de naissance compense ce déficit par une meilleure vision, un aveugle dessine l’espace au bruit de la pluie. La correction prothétique supprime ces compensations ! Améliorer la vision diminue l’audition chez un sourd de naissance, pas, bien sûr chez une personne atteinte de surdité liée à l’âge. Les sens se complètent plus qu’ils ne s’ajoutent. Une augmentation sans manque, sans paiement, sans royalties, est un leurre. La perte est inscrite dans l’augmentation. Les capacités mnésiques sont fortement diminuées chez les étudiants rompus à l’usage des banques de données. Déléguer la mémoire à des prothèses suscite une aliénation, car la mémoire est, comme on l’a vu, tout sauf une banque de données.

-Autant le retour à la marche d’un paralysé grâce à une stimulation électrique peut-elle réjouir le blessé, car la finalité est claire, autant augmenter les capacités neuronales suppose une finalité plus ambiguë, indéterminée, ne sachant pas à l’avance ce qui serait utile ou non, ou au contraire trop certaine de son but par une sorte de vision tunnellaire. Il serait possible ainsi d’imaginer des possibilités de calcul impressionnantes, des activités peu sensibles à la fatigue, mais envisager une augmentation générale de la pensée, une compréhension des sources du génie me semble naïf. Il n’y a pas de zone dédiée spécifiquement au génie, car le cerveau tout entier participe, même le corps, à la pensée.

– En supposant que le cerveau, grâce à ses prothèses, acquiert des capacités augmentées, la perception que le « moi » a d’un « je » prothétique pose question. Comme on le voit avec les malades atteints de Parkinson, améliorés par stimulations cérébrales et qui souffrent de cette délégation, en redoutant le risque permanent de retour à l’état initial par l’arrêt de cette stimulation. Le sentiment d’identité ne change pas mais celui d’hétéronomie devient prégnant.

– Ce qui serait augmenté le serait au détriment de la recherche de sa vie intérieure. Ce qui nous fait humain, c’est la quête inlassable de Gauguin : « Qui sommes nous, où allons nous, d’où venons nous ? » Avec ce sentiment du temps qui passe, du tressage permanent entre le passé et le présent, qui puise dans l’expérience du passé une orientation pour le futur.

– Le transhumanisme est une transformation de l’être qui abandonne aux calculs algorithmiques des prothèses le soin de son destin.

À supposer que ces prothèses soient efficaces, elles feront toujours fi de la relation de l’inné à l’environnement. Darwin se retournerait dans sa tombe en apprenant que l’humain maîtriserait désormais son évolution indépendamment du milieu qui l’entoure. C’est le comble de l’individualisme, du succès contemporain de l’autoengendrement, de l’autonomie. D’autant plus que nous avons appris que le cerveau a une plasticité sensible à au moins deux facteurs : le désir et la relation à l’autre. Un désir qui se confronte à un réel inaccessible et non à un réel qui éteint le désir. Un désir qui doit se nourrir de la frustration. La relation à l’autre par essence indéterminée met en jeu des capacités inconnues du sujet .

Quant à l’obsession de l’augmentation de la longévité elle me semble tellement dénuée de sens. Seule la mort donne sens à la vie. L’acceptation de la finitude est essentielle au fonctionnement neuronal. Il demeure étrange de consacrer autant de milliards de dollars à un projet aussi insensé.

Le transhumanisme par sa soumission à une science ivre de son hubris est peut être le stade ultime de la déshumanisation.

Didier Sicard*

*Médecin, ancien Président du comité consultatif national d’éthique

Tags: IAmédecinetranshumanisme
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