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« Les études humanistes à l’épreuve du malaise dans la culture contemporaine »

Revue Passages Publié par Revue Passages
1 juillet 2018
dans Non classé
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« Les études humanistes à l’épreuve du malaise dans la culture contemporaine »
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Ce que l’on appelle classiquement les « humanités » a-t-il quelque rôle à jouer vis-à-vis du « malaise dans la culture » contemporaine ?

Ou bien doivent-elles être rejetées comme ayant été impuissantes à parer au déferlement des passions et violences inouïes du XXe siècle, voire complices ?, ou encore comme imbues d’un ethnocentrisme dépassé ?

Cette question est à la clef de mon engagement personnel, subjectif, tant comme professeur à l’Université Paris-Ouest Nanterre-La Défense que comme directeur à l’EPhEP, l’École pratique des hautes études en psychopathologies, à Paris.

Grâce à Freud, la question mérite d’être posée autrement :

Qu’est-ce qui, des humanités dans leur rapport avec la psychanalyse, laquelle, de Freud à Lacan, s’en est emparée, est susceptible d’opérer dans la cité, aujourd’hui, pour lever tant soit peu ledit malaise ? Par quel type d’assomption la psychanalyse peut-elle faire de ces études humanistes les auxiliaires de la Deutung du sujet contemporain, citoyen et individu ?

Je poserai que les études humanistes constituent premièrement un apprentissage de l’écoute, de l’entente du jeu des signifiants et de l’équivoque dans les discours, de leurs effets et de leurs conséquences ; et là, il s’agit de la philologie, de la rhétorique, de l’interprétation littéraire critique, des savoirs sur les langues, bref, par leur moyen, de l’ouverture des lectures à la pluralité des sens contre la littéralité, ouverture au non-sens et au double sens tel que Freud le découvre dans la Traumdeutung comme trait de l’inconscient.

En second lieu, la littérature, la philosophie, l’histoire, en tant que savoir sur les passions, se prêtent à la connaissance des modes d’identification également mis au jour par Freud, en particulier dans le chapitre VII de Massenpsychologie und Ich-Analyse de 1921.

Pour illustrer brièvement ces voies, je présente de manière contrastive la lecture psychopathologique de l’autobiographie d’une jeune femme de 34 ans.

Côté « bobo »

Tombant à la gare sur le « gratuit » Stylist de novembre, j’y lis comment le fantasme de Narcisse à la fontaine se joue en une forme aiguë et sans refoulement, emblématisé par le dernier clip du « maestro » inversé : « Cet automne, Stromae a trouvé le temps de se marier. Par chance, l’heureux élu se révèle être son premier fan, et sans doute le plus dévoué. Dans une vidéo tournée pour le Time, le chanteur, grimé en femme, se retrouve face à un pasteur barbu pour célébrer l’union de « Stromae et… de la charmante Stromae » avant de s’étreindre tendrement et de lancer à la caméra : « Je me marie avec moi-même car je m’aime trop. »

Ibidem, l’autodescription au féminin, en live, de l’emportement « viral », sur la Toile : « Tu bois ton premier café en traînant sur Twitter […]. Tes yeux balaient l’avalanche de nouvelles qui échouent, pêle-mêle, dans ton salon » […]. Et c’est ainsi que tu découvres tout ce qui affole la Toile. Tu as l’impression de vivre dans un cirque […]. Tu es confortablement assise dans les gradins, espérant sans le savoir, cette émotion collective qui fait pousser des Ah ! et des Oh ! Et le système crée pour toi de nouveaux sujets du jour, des TT au mètre, jouant sur un pur mélange entre fascination et répulsion. »

TT, « Trending Topics », « tendances », là où tu dois tendre.

Paris-New York, nous ne sommes plus à l’ère d’éros ni non plus à celle de la « passion amoureuse », l’érôtikon pathéma que découvraient les poètes élégiaques des guerres civiles à Rome, celui qu’ont exalté les romantiques et surréalistes.

Nous sommes à l’ère des « romances selfie » : Exit l’autre, vive le collapsus au miroir ! Nous sommes à l’ère de l’identification de masse de super-foules sur le net, dans le pathétique provoqué par des « effets violents » :

Côté « bobo », entendez « bourgeois bohême ».

D’une icône à l’icône : Mélanie Georgiades dite DiAm’s 

Cependant, das Unbehagen, en français : « le malaise », le signifiant court : sous la plume, de Farahd Kosrokhavar dans La Radicalisation ; dans la bouche, de Julia Kristeva, Interview de 2011 à La Revue des deux Mondes, conférence du 1er octobre 2015 au Collège des Bernardins ; dans le parler journalistique, le syntagme : « malaise des banlieues ».

Justement, la jeune Mélanie, 34 ans, parle d’elle-même comme d’une « petite banlieusarde », d’une « jeune fille de banlieue ».

Et elle a fait d’abord le show en exposant, dit-elle, un malaise, et son paronyme « mal-être », qu’elle dit « générationnel » : en rapant. Si to rap veut dire « bavarder » dans l’argot des ghettos noirs US, « Je me suis mise à rapper », avec deux rr pour mieux « gratter », a, en français, à voir avec ce qui « râpe », qui « râcle », « rugueux », avec « frottements », « arrache » l’épiderme, « accroche » en surface. Mais si vous dites : « C’est rapé », en français populaire, c’est : « c’est raté » (We’ve had it), et elle le dit : « J’avais raté ma vie… je ratais même ma mort. »

Donc, elle fait le show. « J’avais choisi mon nom de scène, Diam’s ». Elle se fait voir.

Et monter sur scène écarte le patronyme.

Pourtant, dans ce Diam’s, qui est l’abréviation populaire du français « diamant » issu du grec, et plus encore lorsqu’elle l’écrit pour en signer : DiAm’s, s’entend/ se lit un écho du nom paternel, l’anagramme du suffixe qui, précisément, dit la « filiation ». De Georgiades, elle retient : « iades », « fils de… », en le renversant et le mêlant en [dia’s]. Comme dans le verlan adopté par les banlieues, mais pas tout à fait. De ce père que son patronyme fait « fils de géorgos », c’est-à-dire « fils du paysan, travailleur de la terre », gè, ergon), le lecteur saura qu’il est grec et qu’a contrario de son nom, il voyage à l’international et il est « féru de politique internationale ».

Di, en grec, dans la langue de son père, préfixe la coupure, la séparation binaire. « Deux » « âm[e]s », donc, « deux amants » ?, « deux » « am[our]s » ? clivés (on songe à Joséphine Baker, 1930 : « J’ai deux amours… mon pays et Paris », paroles de Georges Konyn, alias Géo Koger). Détachés, en asyndète (sans lien), et avec un A majuscule : Di/ Am. Et avec une aspiration, l’apostrophe, la marque de l’ellipse du e, muet : comme un rythme qui accentue : qui accentue et le Di, et le Am, et aspire, et souligne le pluriel : s.

Est-ce cela, le malaise, d’être coupée : entre deux lieux France et Chypre, entre deux langues, français et grec ? « Dès mon plus jeune âge, j’ai grandi loin de mon père, retourné vivre à Chypre après leur séparation ».

Sous cette nouvelle identité en ce nom de DiAm’s, rapper la projette au sommet, dans la lumière. Diamant brut, « Brut de femme », son disque d’or en 2003. « Star », « étoile », « en haut des charts » en « un succès fulgurant ».

Pourtant, « J’avais beau rafler tout ce qui brille […], je broyais du noir », dit-elle. « J’étais obnubilée par ma mort. » « Mélancolie » affleure.

Mélanie, Mélaïna en grec, « la noire », est née dans cette île dont son père est originaire, dont la capitale s’appelle en grec Leucosia, « la blanche » (Nicosie).

Je retiens du moment suivant de son autobiographie : une élation dont la métaphore-métonymie rappelle le « sentiment océanique » de Freud : « Alors, face à la mer, une vague immense d’amour et de bien-être a déferlé sur moi », et une identification sans cesse réénoncée.

La jeune femme raconte très naïvement cette identification « au petit autre » femme, dans une passivité émotionnelle quasi inconsciente : auprès d’une amie « J’ai tout de suite ressenti le besoin de la suivre. Je l’ai laissée me guider. J’ai imité ses gestes, me suis retrouvée… J’étais en train de… ». Alors toute femme devient potentiellement une sœur : l’amie qui dirige un orphelinat et qui appelle sa propre mère « maman », son amie « Laure », celles dont elle partage les rites, et dont elle répète l’identité parfaite : « Nous étions les mêmes, alignées sur le même rang », et réflexive : « Elles étaient comme moi, j’étais comme elles. »

Mais il s’est agi, de longue date déjà dit-elle, de « spontanément » faire : « Comme eux… ». « Ils étaient…, je l’étais aussi, voilà tout ». La jeune femme fait le choix de « marcher parmi des milliers » ; de prendre « le même chemin », « Des milliards d’hommes marchent sur les pas de… », dans « le plus grand rassemblement humain annuel au monde ».

Identification collective féminine, identification collective de masse hors sexe.

Contre la linéarité ouverte et hasardeuse de la vie qu’elle dénonce par le leitmotiv : « on court », le rap, son écriture et sa performance, imprimait tant soit peu un rythme : « […] dans le rap, il me fallait obligatoirement rimer, rester dans un cadre bien délimité, respecter un temps, un nombre de mots […] » ; « écriture ‘bordée’ », dit-elle.

Elle glisse du rythme du rap au rythme du rite : les rites impriment un tour circulaire, l’éternel retour qui reproduit le geste des fondateurs. Elle évoque ce mouvement circulaire à propos de la Omra (« le petit pèlerinage », les « sept tours de la Kaaba »), dans une répétition de ce qui a eu lieu à l’origine des temps, dans le temps de la fondation : « Des milliards d’hommes marchent sur les pas de… » ; « […] le parcours et les rites qu’avait pratiqués en son temps… ».

Les retrouvailles avec son père suggèreront une lecture du « malaise », comme un retour du refoulé.

Ne vient-il pas à lui dire, lui, l’« athée convaincu » : « […] les chrétiennes orthodoxes revêtent elles aussi de longs voiles ». Il se nomme, et lui a donné ce patronyme qu’elle reprend pour narrer sa conversion : Georgiades, « fils de Georges », saint patron, grand martyr orthodoxe. Il dit plus : « Tu m’as rappelé les représentations de la Vierge portant son enfant comme j’en ai vu souvent dans les églises ».

Le nom de « Nicosie », capitale chypriote coupée en deux : versus grec-versus turc, la dualité gréco-turque et chrétienne-musulmane de son lieu d’origine, celui de son père, jamais n’auront été mentionnés dans le récit, tandis qu’il est pourtant dit qu’il « avait fréquenté de nombreux musulmans dans le cadre de son travail, à Oman, au Liban ou encore à Dubaï ».

Mais au moment où la jeune femme fait durer le suspens sur le fiancé nouveau qu’elle s’est choisi et que le père énumère des possibilités : « Mon père avait tout envisagé : un Français, un Algérien, un Marocain, un Tunisien, un Libanais… », apparaît, avec cette inflexion qui souligne l’invraisemblance, et sans doute ce retour du refoulé : « un Turc même ».

L’autobiographie de Mélanie Georgiades écrit une histoire personnelle et une histoire collective.

L’histoire d’une jeune femme dont le « malaise » semble pouvoir se lire comme conjugaison maniaque et dépressive : hors limite sans frein d’un côté, jouissance de l’objet-déchet de l’autre.

Comme trajet représentatif d’un groupe, de celles qu’elle désigne comme « jeune fille de banlieue » – opposé en français à « de bon lieu » – de la marge, c’est l’histoire d’une adolescente, une jeune fille, une jeune femme, représentante de l’objet du désir, qui a le choix entre la virilisation, qui a fait le titre de son premier album célèbre : « Brut de femme ». Virilisation qu’elle décrit elle-même : « Plus jeune, j’étais masculine et dure à l’égard des autres et de moi-même », la dureté infrangible des diams ; « […] pour être respectée dehors, il ne fallait jamais baisser la tête, je cultivais une assurance qui me valait pas mal d’affrontements » ;

Ou sinon la mise hors le champ du désir par l’effacement de l’altérité féminine sous ces voiles qui l’assimilent à la Vierge mère, vierge noire, célébrée, à travers la lettre d’un Américain parlant de sa femme, comme « le soleil », dont le Prologue égraine les « ma », « ma », et leur anagramme « am » : « ma mère », « ma fille Maryam », « les orphelins du Mali », « Islam ».

Mère et vierge : « Mon père ne me considérait pas comme une pauvre femme [am] une rejetée ou une rebelle, mais comme une femme pure », dont il est dit que « C’est maman la plus forte ! ».

Elle n’a pas, oserons-nous le dire, cessé de choisir « La Mec ».

Mélanie Georgiades dite DiAm’s, Mélanie française et musulmane, Paris, Don Quichotte, 2015.

 

Anne Videau*

*Professeur des Universités en langue et littérature latines,

Directeur de l’EPhEP
(École pratique des hautes études en psychopathologies)

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