Un essai courageux sur les enjeux énergétiques
Comment ne pas se précipiter pour lire un essai qui commence, citant Saint-Exupéry, par : « L’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre. Il n’y a pas à le prévoir, mais à le permettre. » Et qui se termine par : « Malgré tout cela, l’Europe ne pourra se passer d’une politique énergétique commune », comme l’affirme Julie Montfort dans la postface !
L’énergie dépend des politiques qui dépendent à la fois des électeurs et de l’agitation du monde. Ainsi les projets de très longue haleine et aux coûts élevés ont du mal à émerger dans un climat de relative mollesse de l’économie et de conflits d’intérêts internationaux incessants, toujours secoués d’imprévus (faute de « mise en ordre du présent » sans doute ?).
Au moins sait-on pour la France les axes principaux de la recherche. A savoir : sobriété, efficacité. Etude serrée de l’énergie « grise » nécessaire à la satisfaction des consommateurs, chasse au gaspi en contrôlant des données domestiques ou industrielles (objection : tout le monde est suivi à la seconde par ces compteurs qui voient tout !). Et surtout mix énergétique : comment fournir les distributeurs ? Nucléaire : où en est le parc ? Solaire, maritime, éolien, bioénergies ? Le rôle de l’Etat en est renforcé puisqu’il doit inciter, évaluer, coordonner. Mais il y a des fournisseurs et des clients à l’extérieur des frontières : les Européens plus présents qu’on ne le croit, la Fédération de Russie qui n’a pas fini de mêler intimidation aux contrats commerciaux, les pays arabes qui n’ont plus un si grand pouvoir l’influence. Puis les Etats-Unis surprennent par les ressources nouvelles, le Japon reprend son programme nucléaire. Dans tout cela, le secteur privé ne peut rester national, tandis que les gouvernements ne peuvent tenir des engagements électoraux…
L’essai de Violaine du Castel est nécessaire et courageux puisqu’il explique à quel point le choix des décideurs se fait dans la tourmente !
Violaine Du Castel
éd. L’Harmattan
Jeanne Perrin