Par Didier Maurin, Président de Katleya Advisor S.A. à Genève
Les sociétés occidentales vivent depuis trop longtemps au-dessus de leurs moyens. En faisant le choix d’un endettement structurellement impossible à rembourser, c’est un cataclysme économique, social et politique qui se prépare. Un cataclysme qui affectera notre niveau de vie, mais également nos libertés individuelles.
Les Etats démunis face à la puissance des multinationales
Les grandes multinationales sont d’ores et déjà très puissantes, mais paradoxalement, c’est sur elles qu’il faut continuer à miser car elles vont contrôler le secteur de l’intelligence artificielle (IA) de demain qui va révolutionner l’économie mondiale.
Et les États ne pourront pas les suivre, eux qui ne peuvent pas payer les rares professionnels de l’intelligence artificielle qui réclament des millions de dollars chaque année.
Car c’est là l’un des paradoxes de la mondialisation, où des États criblés de dettes font face à des multinationales riches à milliards qu’ils ne peuvent concurrencer.
Les meilleurs professionnels de l’IA se dirigeant vers les grands groupes privés, « l’État » lui- même et sa puissance vont perdre en efficacité.
La crise de la dette est une crise des banques centrales
Mais ce ne sont pas les seuls problèmes auxquels ils vont être confrontés. En effet, les banques centrales, comme on peut l’observer lorsqu’on étudie leur histoire, ont souvent fini par détruire leur propre système lorsqu’elles rencontrent des problèmes trop importants, comme ce fut le cas en France en 1793 avec la perte des deux tiers de la valeur des obligations d’État, ou en Russie et en Allemagne un siècle plus tard où leurs marchés obligataires ont complètement disparu.
Car tel est le paradoxe de la puissance, pour les États comme pour nous-mêmes, où à chaque fois que nous avons trop de pouvoir, nous en abusons et finissons par nous détruire nous-mêmes.
Or, il a été beaucoup trop facile jusqu’à présent aux Banques Centrales de créer de la dette et d’imprimer de la monnaie et ce, par milliers de milliards.
Aujourd’hui, les bourses mondiales sont entrées dans un système de bulle avec des valorisations beaucoup trop importantes. Mais malgré cela, les marchés obligataires des pays industrialisés représentent entre 1,5 et 2 fois la taille des marchés actions, pourtant surévalués.
La dette n’est plus remboursable, il faut se préparer à un déclassement généralisé
Les dettes sont si gigantesques qu’il est maintenant hors de question qu’elles soient un jour remboursées, ce que même le grand public sait fort bien.
Dès lors, l’Occident est maintenant condamné à subir une baisse profonde de son niveau de vie et de ses libertés, la démocratie profitant généralement aux riches, les dictatures étant souvent l’apanage des pays qui s’appauvrissent.
Et ce déclin a déjà commencé. En effet, si vous étudiez la valeur réelle en termes de pouvoir d’achat des obligations européennes et américaines, vous vous rendrez compte qu’elles ont perdu 25 % de leur valeur en deux ans du fait de l’inflation et de la dépréciation de l’euro et du dollar.
Et ce déclin ne s’arrêtera pas là, nombre d’économistes estimant maintenant, à juste titre, que les États-Unis et l’Europe sont maintenant incapables de rembourser leurs dettes.
D’où le succès du bitcoin, cette monnaie privée qui représente une sécurité pour nombre d’investisseurs parce qu’elle n’est pas contrôlée par l’État !
Un autre facteur aggravant, et la France en représente l’exemple même, est maintenant représenté par l’incapacité qu’ont certains États à augmenter leurs impôts parce qu’ils sont déjà trop taxés et détruisent leurs économies.
Dès lors, tôt ou tard, la valeur des obligations européennes s’effondrera, ne serait-ce que parce qu’un seul État ne pourra plus payer les intérêts eux-mêmes.
La France, avec un budget de 900 milliards, a beaucoup de mal à réaliser 10 milliards d’économie et sa dette augmente beaucoup plus vite que sa richesse créée.
La France se retrouvera alors dans la situation qu’elle a connu en 1793 et cessera de payer sa dette, précipitant une crise, l’euro ayant permis à ce pays de vivre au-dessus de ses moyens pendant trop longtemps.
Si le franc français était resté en place, cette monnaie aurait été dévaluée plusieurs fois.
La démocratie menacée par la paupérisation des sociétés occidentales
Dès lors, un jour ou l’autre, nos libertés individuelles seront restreintes car il nous sera interdit de sortir nos capitaux de notre pays, un État surendetté ayant besoin de son épargne nationale pour contrer une crise lorsqu’il s’apercevra que le reste du monde ne veut plus lui acheter sa dette émise sous forme d’obligations.
Avec un effet domino, une nouvelle crise des « subprimes » se mettra en place, certains pays étant maintenant en faillite et générant un krach boursier mondial mais précipitant l’or vers de nouveaux sommets.
Par ailleurs, certaines populations vont subir une nouvelle baisse de leur niveau de vie, ce qui va générer de graves crises sociales et un extrémisme politique encore plus virulent.
L’Occident va payer cher sa politique d’endettement à outrance et de « planche à billets ».
Mais ce que beaucoup de personnes ne savent pas, c’est que nous nous dirigeons vers la suppression de certaines de nos libertés individuelles, la démocratie étant un luxe qui ne convient qu’à la prospérité.
*Tribune partenaire