La troisième édition du baromètre des adolescents, publiée ce lundi, souligne un mal-être persistant chez les 11-15 ans. Une santé mentale fragilisée qui à inévitablement des conséquences en classe.
Il y a deux ans, 53% des adolescents âgés de 11 à 15 ans souffraient de symptômes d’anxiété ou de dépression. Et ils ne vont malheureusement pas vraiment mieux aujourd’hui. 49% des ado se sont dis touchés par des troubles de l’anxiété en 2023, d’après une étude Ipsos pour l’entreprise Notre avenir à tous, en partenariat avec Karine Lamiraud, professeure à l’ESSEC, publiée lundi 29 janvier.
Si l’amélioration est légère, les chiffres restent trop élevés. « Nous sommes bien au-delà de 2021, année où le Covid avait déjà tout explosé, avec 43% des sondés anxieux ou déprimés », déplore la directrice de Notre avenir à tous Hélène Roques.
D’après cette spécialiste des questions de jeunesse, le mal-être ressenti par ces collégiens ne peut pas être imputé à « la seule particularité de l’âge adolescent ». Hélène Roques met en avant une tendance de fond depuis des dizaines d’années, renforcée par les conséquences de la pandémie. « La société répète que ce n’est pas si grave, que les adolescents vont mal de manière générale. Mais on parle là de 13% d’entre eux qui ont des idées suicidaires », alerte-t-elle.
L’étude précise que les filles sont autant touchées que les garçons par ces troubles, qui diminuent un peu à l’arrivée du lycée. Les enfants issus des classes sociales modestes ou intermédiaires sont plus concernés.
Parmi les adolescents touchés par des symptômes de dépression ou d’anxiété, un sur trois considère que son mal-être fragilise sa scolarité, dans une école ou 39% des élèves disent s’ennuyer, soit 3% de plus qu’en 2022.
L’étude explique notamment qu’un peu moins d’un jeune sur deux a abordé en classe des sujets qui l’intéressent sur les 15 derniers jours et un sur trois a ressenti de l’admiration pour ses professeurs. Deux statistiques qui ont chuté en un an.
Ce phénomène est-il lié à l’enseignement. La réponse est non pour Hélène Roques, qui établit plutôt un rapprochement avec les défauts de concentration des collégiens. « Il faut regarder dans quel état les enfants arrivent à l’école ! ». 51% des jeunes se disent en effet « gênés » par la qualité de leur sommeil.
Un repos nocturne perturbé par le téléphone portable. De nombreuses études ont montré que les écrans jouent un rôle central dans la baisse de l’hygiène du sommeil. Près d’un ado sur deux présenterait aujourd’hui un déficit équivalent à une nuit manquée par semaine.
Cela étant dit, la pression scolaire reste, selon le baromètre Ipsos, la première source des problèmes de sommeil (47%). « Il faut dédramatiser le bulletin de notes, peut-être en y valorisant davantage le travail collectif », propose Hélène Roques. La situation familiale et l’isolement arrivent juste après.
Pour 20% des collégiens, la situation du monde est aussi à l’origine des difficultés de sommeil, tout comme le réchauffement climatique. « Une majorité des adolescents découvrent souvent les informations via leur smartphone (52 %), et le plus souvent seuls, sans personne pour échanger sur ces informations », poursuit Hélène Roques.
De plus en plus d’ados expriment de l’incompréhension (49%) et de la colère (29%) face à l’actualité. D’après la fondatrice de Notre avenir à tous, cela s’explique par les mauvaises nouvelles toujours plus nombreuses. Aussi, « les jeunes ont l’impression que la génération de leurs parents leur transmet un monde inintelligible et non sécurisant ».
Afin d’améliorer la santé mentale des 11-15 ans, Hélène Roques prône une politique dédiée à l’adolescence qui entremêle la santé, l’école et la famille. « Arrêtons de fonctionner en silos. On a tous une responsabilité partagée pour aider les enfants à grandir, et on a un peu tendance à l’oublier. La société a changé, on aurait peut-être intérêt à s’adapter ».