Que peut-on retenir de la pandémie pour mieux combattre le bouleversement climatique actuel, le défi majeur du 21ème siècle ? Découvrons les pistes d’un climatologue, nommé Jean Jouzel par rapport à cette question.
Un parallèle entre le combat contre le Covid-19 et celui contre le bouleversement climatique ?
Avant d’effectuer une comparaison entre ces crises et d’en tirer un lien, il est nécessaire de trouver les points communs au niveau de leurs causes. Il n’y a pas de relations claires entre le réchauffement climatique et l’éclatement de l’épidémie (à part l’aspect des variations saisonnières). En tout, il y a deux points semblables dans ces crises. Il s’agit de la déforestation ainsi que de la mondialisation.
Pour le premier point nommé, il contribue au bouleversement du climat à cause de l’émission de gaz à effet de serre et en diminuant le stockage naturel du carbone. Autre conséquence de la déforestation : l’optimisation de la transmission des zoonoses d’êtres humains à espèces sauvages. Il s’agit de maladies infectieuses touchant les animaux, et pouvant être transmises à l’homme.
Concernant la mondialisation des échanges, elle joue évidemment un rôle dans l’accélération de la transmission du Coronavirus à travers le monde. Par exemple, le transport aérien de masse est une des causes majeures de l’expansion internationale du virus. Sans cela, le virus se serait-il répandu aussi vite sur le globe ? Certainement pas. La mondialisation a une part conséquente dans le réchauffement actuel puisqu’elle se base sur les règles de l’OMC (il s’agit de l’organisation mondiale du commerce) qui ont pour but d’optimiser les échanges sans prendre en compte le bouleversement du climat.
Un an après le premier confinement, qu’est-ce que la crise nous a appris sur le combat face au réchauffement ?
La diminution de l’activité économique a engendré une baisse des émissions de gaz à effet de serre d’environ 6 à 7 % mondialement et d’à peu près 10 à 12 % en France. Afin d’arriver à prendre une telle trajectoire ayant pour but la restriction du réchauffement du climat à 1,5 degré, il est nécessaire de baisser de 7 % chaque année les émissions internationales de gaz à effet de serre.
Il n’est pas suffisant de diminuer l’activité économique afin de parvenir à prendre ce chemin. Le fonctionnement des sociétés et leur système de développement doivent être revus et adaptés aux besoins écologiques et sanitaires du monde actuel. Ainsi, il est nécessaire de revoir et de repenser les modes de production mais pas seulement. En effet, il faut également changer notre manière de produire et de consommer l’énergie, sans oublier de faire les choses avec plus de sobriété et de transparence. Voici certainement une des leçons majeures à tirer de cette terrible pandémie.
La crise a mis en avant la complexité de la prise en compte des indicateurs afin de décider. Idem pour le climat ?
Pour répondre à cette question, il suffit de se pencher sur la plan de relance. Ce dernier est décrit comme « vert » pour trente milliards d’euros alors que les 70 autres milliards participent à des hausses des émissions de gaz à effet de serre malgré que le gouvernement ne l’ait pas affirmé. D’ailleurs, c’est même le contraire qui a été dit mais le Haut Conseil pour le Climat a désavoué l’État sur ce point.
La finalité de ce plan est de proposer des solutions à des milieux que sont l’aérien ou l’automobile. Or, pour cela, il est nécessaire de revoir notre mode de fonctionnement en l’adaptant au monde de demain. Malheureusement, cela n’a jamais été fait, malgré le fait qu’on sache depuis trente années que ces secteurs engendrent des interrogations au niveau du gaz à effet de serre. Au final, les actions vont contre les recommandations des experts qui veulent plus de sobriété et une optimisation de l’efficacité énergétique. Même si ce plan a pour objectif la sauvegarde de l’industrie, il présente le danger de favoriser une hausse de nos émissions de gaz à effet de serre.