Dans une étude publiée le mardi 29 octobre 2019, deux chercheurs de l’ONG Climate Central mettent en lumière les conséquences de la crise climatique sur les régions côtières en 2050. Et on apprend qu’à niveau marin égal, les populations susceptibles d’être touchées par la montée des eaux sont bien plus nombreuses qu’on le pensait.
Dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), portant sur les océans et la cryosphère et publié le mois dernier, les scientifiques des Nations Unies décrivaient les risques de la montée des eaux et les conséquences sur les populations côtières. Mais selon cette nouvelle étude, la situation pourrait en réalité être bien pire que prévu.
Scott Kulp, spécialiste en informatique scientifique et Benjamin Strauss, président et responsable de l’ONG Climate Central, ont basé leurs travaux sur de nouvelles méthodes de modélisation des zones côtières et sur différents scénarios de réchauffement climatique. Ils détaillent dans cette nouvelle étude, publiée dans la revue « Nature Communications », les conséquences probables de la montée des eaux. Et selon leurs estimations, les littoraux mondiaux seraient trois fois plus vulnérables à la montée du niveau des océans et aux inondations côtières que le prévoyaient les modèles présentés précédemment.
En 2050, la montée du niveau des mers pourrait repousser les limites des inondations annuelles sur des terres aujourd’hui occupées par plus de 300 millions de personnes. D’autre part, la ligne qui marque la limite entre terre et mer à marée haute pourrait remonter pour atteindre des zones occupées par 150 millions de personnes. Si ces estimations peuvent paraitre alarmistes, elles reposent pourtant sur le scénario du Giec le plus modéré, mais aussi le plus improibable, prévoyant une hausse de températures de 2 °C, comme le prévoit l’Accord de Paris. Selon les estimations des scientifiques du Giec, au rythme actuel, l’augmentation de la température globale pourrait dépasser non plus les 2 °C, mais les 7 °C en 2100.
En 2100, selon les scientifiques : « l’élévation du niveau de la mer pourrait affecter les zones où vivent actuellement jusqu’à 640 millions de personnes », dont 340 millions seraient les pieds dans l’eau à marée haute, assure Climate Central. Pour appuyer et rendre plus visuel son propos, l’ONG a publié une carte qui recense les différentes régions du monde touchées par la montée des eaux.
Et à en croire leurs travaux, ce sont les pays asiatiques qui seront les plus impactés, notamment la Chine, l’Inde, le Bengladesh, la Thaîlande et le Vietnam. Rien qu’en Chine, plus de 30 millions de personnes seront directement concernées selon les scientifiques. En France, les zones les plus touchées sont situées dans la région de Calais, et du côté de Niort-La Rochelle. « En France métropolitaine, un million de personnes seraient confrontées à des inondations annuelles d’ici 2050 et 1,2 million d’ici 2100 si les émissions poursuivent leur hausse », prévient l’ONG. Des émissions pourtant « à peu près conformes aux objectifs de l’accord de Paris » et qui représentent donc un scénario qui est loin d’être le pire. Pour limiter les dégâts, il faudra mettre en place de solides défenses côtières.