La culture du mil s’effectue dans le Sahel et en Afrique centrale depuis plus de cinq mille ans. Cette espèce s’est parfaitement adaptée aux spécificités météorologiques de ce territoire ! Cette céréale présente la particularité de pousser extrêmement vite. Elle sait se contenter de sols pauvres et de peu de précipitations. Par conséquent, elle grandit là où le blé, le maïs et le riz ne peuvent pas être mis en culture. Le stockage peut se faire sur cinq ans. Elle possède 11 % de protéines (autant que le blé). Le mil intègre les éléments suivants en abondance : vitamine B, acide folique, calcium, potassium, fer, zinc et magnésium. En plus, elle n’a pas de gluten !
Le mil, mal exploité ?
Vu que cette céréale a fait son temps, elle a connu peu de modernisation de sa production et de sa préparation. La culture du mil s’effectue majoritairement à la main, sans aucun mécanisme. Ce sont les paysans pauvres qui s’en occupent. Il n’y a pas d’usage d’engrains ou de semences. Même chose pour l’irrigation. Ainsi, ses rendements sont souvent extrêmement faibles. La plupart du temps, ils sont de 500 kilos par hectare (à titre de comparaison : sept à huit tonnes pour le blé en France ou le riz en Chine !).
Si on se penche réellement sur le mil, il est possible d’optimiser grandement les rendements, tout en bénéficiant de sa robustesse optimale face aux espèces nuisibles ainsi qu’aux maladies. Dans ce but, il est nécessaire de se tourner vers des solutions agro-écologiques et pas entièrement mécaniques et chimiques. Pour cela, il faut mêler le mil et les légumineuses locales telles que le niébé (un genre de haricots), ou en effectuant de l’agroforesterie (type d’exploitation des terres agricoles mélangeant des arbres et des cultures ou de l’élevage), par exemple sous les Faidherbia Albida. Il s’agit d’un arbre idéal (originaire d’Afrique et du Moyen-Orient) pour restreindre la diminution de la fertilité des sols et l’évaporation de l’eau, grâce à une couverture végétale bénéficiant d’une meilleure densité.
Expansion du mécanisation du concassage du mil
L’autre inconvénient est lié à la quantité de travail conséquente à faire pour la conception de cet aliment dans des sociétés qui ne sont pas mécanisées. Des images de femmes africaines pilant continuellement cette céréale ont fait le tour du monde. Chaque jour, elles travaillent durant des heures. Résultat : la survenue du mal au dos ! Ainsi, les hommes ont laissé ce travail éreintant à ces dames.
Il est possible de procéder à une mécanisation et à une modernisation de cette activité. Des moulins à blé éoliens et hydrauliques ont été conçus à partir de la période du Moyen-Âge dans la totalité du continent européen. L’activité s’est poursuivie à l’échelle industrielle dès le 18ème siècle. Une enquête datant de 1794 dénombrait environ 6800 moulins présents sur 72 départements dans le pays !
De quelle façon nourrir la planète (et les pays pauvres) sans la ravager ?
Pour cette céréale, le changement majeur doit concerner les États du continent africain ; c’est là qu’il est nécessaire de multiplier par trois la production agricole. Et le point fort de cette plante est tout trouvé. Elle convient parfaitement au climat actuel de l’Afrique. En plus, la culture locale conserve la mémoire de cette céréale.
Il faudrait que les superficies cultivées soient trois fois plus trois nombreux. Idem pour les rendements. Concernant le tonnage, il doit être multiplié par neuf ou dix. Une réelle mobilisation mondiale, et locale, doit se formaliser à la suite de cette « année internationale du mil ». La totalité des institutions doivent agir de concert (pour alimenter l’Afrique et les pays qui doivent optimiser leur autosuffisance) : centres de recherche, écoles d’agriculture, banques, assurances, organisations non gouvernementales, médias, et les gouvernements locaux et nationaux.